21 % des étudiants en médecine déclarent avoir des idées suicidaires

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21 % des étudiants en médecine déclarent avoir des idées suicidaires

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Publié le 7 février 2025
Par Christelle Pangrazzi
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La santé mentale des futurs médecins inquiète. Une enquête menée par les syndicats étudiants révèle des chiffres alarmants : plus d’un étudiant en médecine sur cinq affirme avoir eu des idées suicidaires au cours de l’année. Une dégradation qui souligne l'impact d'un système de formation exigeant, marqué par un manque d'encadrement et une surcharge de travail.

Selon cette « Enquête Santé mentale 2024 » réalisée auprès de 8 000 étudiants, 52 % déclarent présenter des symptômes anxieux, un taux stable par rapport à 2021. Pire, 27 % souffrent d’épisodes dépressifs caractérisés, un chiffre en hausse de deux points.

Par ailleurs, près d’un quart des sondés (24 %) sont touchés par des troubles du comportement alimentaire. Une étudiante témoigne : « J’ai eu le sentiment d’être abandonnée par l’hôpital, épuisée et dégoûtée d’un système qui se casse la figure et broie des jeunes pour tenter de sauver des meubles. »

Une légère baisse des violences mais une préoccupation persistante

Certains indicateurs connaissent une amélioration : les humiliations sont passées de 23 % en 2021 à 14 % en 2024, tandis que les cas de harcèlement sexuel ont reculé de 29 % à 22 %. Cependant, les agressions sexuelles sont en augmentation (6 % en 2024 contre 4 % en 2021), soulignant la nécessité d’une vigilance accrue.

Un encadrement insuffisant et une charge de travail excessive

Ariane Roubi, vice-présidente de l’Intersyndicale nationale des internes de médecine générale, pointe du doigt plusieurs causes majeures : « La pression des études, la hiérarchie hospitalière, le manque d’encadrement et une charge de travail trop importante sont des facteurs clés de cette dégradation. »

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Un chiffre inquiète particulièrement : 10 % des internes dépasseraient les 80 heures de travail hebdomadaire, alors que la législation fixe le plafond à 48 heures. « Il faut des mesures structurelles pour garantir le respect de la loi et protéger les internes », insiste-t-elle.

Les syndicats demandent des mesures urgentes

Face à cette situation critique, les syndicats appellent le ministère de la Santé à réagir. « Sept ans après la première étude et trois ans après la seconde, le constat est sans appel : la santé mentale des étudiants et internes reste très préoccupante », alertent-ils.

Parmi les propositions avancées :

  • l’application stricte de la réglementation sur le temps de travail et les demi-journées universitaires ;
  • l’inclusion d’une formation à la pédagogie, à la prévention des violences sexistes et sexuelles et à la santé mentale dans le cursus des maîtres de stage et praticiens hospitaliers. Le questionnaire a été diffusé sur la plateforme REDCAP entre juin et juillet 2024, rassemblant les réponses de plus de 8 000 étudiants et internes.

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