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Formation médicale : des députés veulent réduire les études à huit ans pour accélérer l’installation

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Formation médicale : des députés veulent réduire les études à huit ans pour accélérer l’installation

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Publié le 15 juillet 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Face à l’extension des déserts médicaux, une commission d’enquête parlementaire préconise de ramener la durée des études de médecine de dix à huit ans. Objectif affiché : mettre plus rapidement les jeunes médecins sur le terrain.

La proposition risque de faire débat dans le monde de la santé. Le rapport parlementaire rendu public le 10 juillet 2025 recommande de raccourcir le cursus médical à huit années d’études au lieu des dix actuelles. Une réforme structurelle motivée par l’urgence d’améliorer l’accès aux soins dans les territoires en tension. Porté par le groupe Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), ce travail parlementaire dresse un constat sévère sur l’organisation actuelle du système de santé et avance une série de pistes à visée opérationnelle.

« Aujourd’hui, une grande partie de notre population vit dans un désert médical », a déclaré Christophe Naegelen, rapporteur Liot de la commission d’enquête, lors de la présentation du rapport. « Nous voulons des mesures pragmatiques. »

Condenser le début des études, supprimer la quatrième année d’internat

Pour passer de dix à huit années, la commission propose de fusionner les trois premières années du cursus (théoriques) en deux, tout en suspendant la quatrième année d’internat en médecine générale, instaurée par la réforme de 2022. Cette quatrième année, dont les premiers internes sont attendus en novembre 2026, est vivement contestée par les syndicats de jeunes médecins.

« Cette réforme est réfutée par tous les professionnels, qui ne pourront pas accueillir ces jeunes médecins dans de bonnes conditions », a affirmé Christophe Naegelen.

La commission suggère aussi de rétablir la possibilité de redoubler la première année, supprimée par la réforme du numerus apertus, afin de redonner de la souplesse aux parcours.

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Selon les députés, ce raccourcissement ramènerait la France dans la moyenne de l’OCDE, où la durée des études médicales est estimée à huit ans en moyenne.

Vers la suppression des ARS

Le rapport ne s’arrête pas à la formation initiale. Il remet également en cause l’architecture territoriale de la politique de santé. Les agences régionales de santé (ARS) sont jugées inefficaces, trop puissantes et déconnectées des réalités locales. Le rapport propose de les remplacer par de nouvelles directions régionales à l’accès aux soins, placées sous l’autorité directe du préfet de région.

Chaque département serait doté d’un « sous-préfet délégué à l’accès aux soins », chargé de coordonner les acteurs locaux et les services déconcentrés de l’État. Les personnels départementaux des ARS seraient quant à eux rattachés à cette nouvelle chaîne de commandement préfectorale.

« Les ARS ont trop de compétences, elles ne sont pas perçues comme des relais efficaces. Nous devons revenir à une gouvernance plus lisible et plus réactive », a plaidé Christophe Naegelen.

Une réforme aux conséquences systémiques

La remise en cause du temps de formation et de l’organisation des ARS pose de nombreuses questions, y compris pour les pharmaciens, partenaires directs des prescripteurs et acteurs territoriaux de santé.

Quel niveau de formation garantir pour les futurs médecins ? Quel pilotage local des soins primaires sans les ARS ? Et quelle articulation avec les autres professions de santé, dont les pharmaciens ?

Autant de points qui feront l’objet de débats dans les prochaines semaines. Le rapport a été transmis au gouvernement et aux commissions compétentes de l’Assemblée nationale.

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