Désobservance obscur

Une indiscrétion nous fait savoir qu’à mi-parcours de son expérimentation, la dispensation d’antibiotiques à l’unité ferait progresser l’observance de 17 %. Mais les patients sont-ils toujours sincères lorsqu’on les interroge sur le respect de leur traitement ?

Il n’est pas aisé de s’avouer non observant, tant se multiplient sur ce sujet les discours culpabilisants. Vous êtes malade, vous ne vous soignez pas, vous désobéissez et en plus vous ruinez les finances publiques. La sanction est-elle une solution ? Non, les malades chroniques sont déjà durement sanctionnés par l’épreuve de la vie, estimait Christian Saout, secrétaire général délégué du CISS le 1^er juin lors d’un colloque organisé par ce collectif d’association de patients. Intervenant à cette occasion, la ministre de la Santé Marisol Touraine refuse de contraindre le patient à être observant, reconnaissant qu’il puisse ne pas l’être au nom de sa liberté, « qui s’exprime d’autant mieux que sa décision est éclairée ».

En considérant qu’une prescription pour personne âgée sur trois est inappropriée, comme le rappelle le document diffusé mardi 9 juin sur France 5*, on pourrait presque percevoir les dangers de l’observance. Sauf qu’il ne revient pas au patient de faire lui-même ce choix, d’initier cette « déprescription » que les médecins ne pratiquent pas encore suffisamment. Parce que comme pour l’observance, il faut du temps, une démarche personnalisée, refuser la prescription automatique. Pour l’observance comme pour la déprescription, intimement liées, les questions sont les mêmes : qui est le professionnel maître d’œuvre ? Médecins et pharmaciens ont-ils des actions et des discours cohérents ?

* Enquête de santé : « Médicaments, ces ordonnances qui tuent ».