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Conciliation médicamenteuse : Medisis atteint ses objectifs
Depuis 2018, dans le Grand-Est, l’expérimentation Medisis implique pharmaciens hospitaliers et officinaux. Ces derniers s’appuient sur la conciliation médicamenteuse pour mettre en place un accompagnement des patients de 65 ans et plus en sortie d’hospitalisation. Etat des lieux chiffré.
Son point de départ est le centre hospitalier de Lunéville en Meurthe-et-Moselle, berceau de la conciliation médicamenteuse en France. L’expérimentation Medisis s’est déployée dans cinq établissements en Lorraine (centre hospitalier de Saint-Nicolas-de-Port) et en Alsace, à Haguenau et Colmar (hôpital Albert Schweitzer et Hôpitaux civils). Conceptualisée voilà une dizaine d’années et lancée en 2018, elle est menée sur le modèle de l’article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale de 2018. Les inclusions de patients seront closes fin avril 2024.
Selon un bilan récent, plus de 4 000 parcours de soins ont été instaurés entre septembre 2021 et septembre 2023. Soit un tiers de plus que l’objectif attendu. Ce parcours du patient débute à l’hôpital et se poursuit à la pharmacie d’officine. Les patients inclus ont tous 65 ans et plus et ont été hospitalisés après un passage aux urgences. « Le nombre de médicaments n’est pas un critère d’inclusion. Il peut suffire d’une insuline pour qu’il y ait problème », souligne Edith Dufay, cheffe du service pharmacie du centre hospitalier de Lunéville et porteuse du projet. Une conciliation médicamenteuse est menée aux trois points de transition : admission, transfert et sortie du patient. Cette activité de pharmacie clinique consiste à prévenir et à corriger les erreurs médicamenteuses par une transmission entre les professionnels de santé d’informations complètes exactes sur les traitements. Entre-temps, les pharmaciens hospitaliers assurent une analyse quotidienne des prescriptions et une éventuelle revue de pertinence des thérapies. Entre septembre 2021 et septembre 2023, ce sont ainsi 21 168 problèmes qui ont été interceptés, soit 5,1 par patient.
Une prise de risque médicale
De quoi s’agit-il ? 12 740 d’entre eux étaient des erreurs médicamenteuses détectées lors de la conciliation tels une omission, un surdosage, un sous-dosage ou un moment de prise non conforme. Elles sont repérées à 95 % à l’admission du patient. Par ailleurs, près de 8 500 problèmes relèvent de la pharmacothérapie. « Ils sont liés aux choix de traitement par l’équipe médicale. Elle prend en compte le rapport bénéfice/risque d’un médicament dans un contexte d’évolution clinique du patient pendant son séjour hospitalier, explique Edith Dufay. C’est aussi notre rôle de détecter les déséquilibres qui surviennent dans la prise de risque médicale. » Lorsqu’il quitte l’hôpital, le patient reçoit un livret personnalisé. Le pharmacien hospitalier lui explique les changements de traitements et la conduite à tenir en cas de survenue d’un risque. Après le retour au domicile, trois à quatre séances d’accompagnement d’une vingtaine de minutes chacune sont assurées par le pharmacien d’officine (en Lorraine uniquement). Le patient apprend à repérer les signes qui doivent l’alerter, à réagir en conséquence et à préparer ses prochaines consultations médicales. « Les pharmaciens d’officine peuvent s’appuyer sur l’expertise hospitalière. Nous leur transmettons, par exemple, un plan de prise sous un format informatisé. » Une cinquantaine de pharmaciens d’officine ont souhaité s’impliquer et se former au cours de la période considérée. « Il en aurait fallu davantage, mais nous savons les difficultés qu’éprouvent les officinaux pour y consacrer le temps nécessaire. » Ainsi, 112 séances d’accompagnement ont été menées à leur terme. La rémunération du pharmacien est de 270 € par parcours effectué. Le bilan a aussi montré que près de sept échanges entre libéraux et hospitaliers ont lieu en moyenne par patient (jusqu’à 30 jours après hospitalisation), via la plateforme numérique commune, par messagerie sécurisée ou par téléphone. « L’objectif fixé était que le dispositif soit opérationnel, reproductible et que la prise en charge du patient soit sécurisée. Objectif atteint ! », considère Edith Dufay. Parmi les perspectives visées, la consolidation du forfait de rémunération des professionnels. Un couplage pourrait également être réalisé avec un bilan partagé de médication à l’officine.
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