63 % de pharmaciens salariés : le libéral recule, le salariat s’impose

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63 % de pharmaciens salariés : le libéral recule, le salariat s’impose

Publié le 29 juillet 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Démographie des professionnels de santé, millésime 2025 : les effectifs repartent à la hausse, mais les modes d’exercice évoluent. Le modèle libéral traditionnel est de plus en plus concurrencé par des formes d’exercice salarié, notamment en officine et à l’hôpital.

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié, le 28 juillet 2025, les nouvelles données de démographie des professionnels de santé. Issues du Répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS), elles montrent qu’au 1er janvier 2025, la France compte 74 600 pharmaciens en activité. Un chiffre stable sur dix ans, mais dont l’analyse révèle une transformation accélérée des modes d’exercice.

Une reprise des effectifs, portée par les cohortes formées après 2005

Entre 2012 et 2016, le nombre de pharmaciens avait progressé de 2,5 %, avant de reculer jusqu’en 2023 (- 1,5 %). Cette baisse était principalement liée aux départs à la retraite de générations nombreuses. Depuis deux ans, la courbe s’inverse : les nouveaux diplômés, issus des cohortes élargies par le relèvement du numerus clausus, entrent désormais en nombre sur le marché.

Résultat : le niveau de 2015 est retrouvé. Mais cette croissance s’accompagne de profondes évolutions sociologiques et structurelles.

Le basculement vers le salariat s’accélère

En 2025, 63 % des pharmaciens sont salariés, contre 56 % en 2012. Dans le même temps, la part de libéraux en officine passe sous les 50 %, atteignant 49 % contre 56 % treize ans plus tôt.

Cette bascule est particulièrement marquée dans les pharmacies d’officine, qui représentent toujours 67 % des lieux d’exercice, mais où le salariat est devenu majoritaire. Dans le secteur hospitalier public, la croissance est continue : 8 000 pharmaciens y sont salariés en 2025, contre 6 200 en 2012.

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La tendance n’est pas uniquement sectorielle, elle est aussi générationnelle et genrée : 70 % des femmes pharmaciens sont salariées, contre 49 % des hommes. En officine, 68 % des hommes exercent encore en mode libéral, quand 59 % des femmes sont salariées.

Ces chiffres traduisent à la fois une mutation des aspirations professionnelles – sécurité de l’emploi, équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, moindre exposition aux risques économiques – et les difficultés croissantes d’installation dans un environnement économique sous tension.

Des dynamiques similaires chez les autres professionnels de santé

La transition vers des formes d’exercice plus collectives, salariales ou mixtes ne concerne pas que les pharmaciens.

Les chirurgiens-dentistes, désormais 47 600 en activité, enregistrent une forte progression des effectifs (+ 17,7 % depuis 2012), un rajeunissement marqué (44,3 ans en moyenne) et une féminisation accélérée (50 % de femmes contre 39 % en 2012). Le libéral reste dominant (74 %), mais les moins de 35 ans adoptent de plus en plus le salariat (27 %) ou l’exercice mixte (9 %).

Les sages-femmes, au nombre de 25 800, voient leur effectif croître de + 31,8 % en treize ans, avec une féminisation toujours massive (97 %) et une moyenne d’âge de 40,9 ans. Si 54 % exercent à l’hôpital, l’exercice libéral progresse fortement (26 % en 2025 contre 15 % en 2012).

Les pédicures-podologues, désormais intégrés au RPPS, sont 14 400 à exercer, pour 97 % en libéral, dont 84 % en cabinet individuel. Une situation plus stable, mais sur une base plus restreinte.

Une recomposition du métier de pharmacien

Pour les pharmaciens, ces mutations interrogent directement le modèle économique et social de l’officine. La baisse du nombre de libéraux ne signifie pas nécessairement une perte d’attractivité du métier, mais plutôt un basculement vers des formes d’engagement moins entrepreneuriales, en réponse aux incertitudes du marché officinal et aux attentes des nouvelles générations.

L’évolution est structurelle, mais pas inexorable. Elle dépendra notamment :

– des politiques d’installation et de cession mises en œuvre localement ;

– de la soutenabilité économique des officines, notamment dans les zones rurales ;

– et de la capacité des titulaires à intégrer les attentes de carrière de la jeune génération, plus attentive à la stabilité, à la qualité de vie au travail et à la répartition des responsabilités.

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