Bénéfique à tous les stades des affections veineuses chroniques, la compression médicale nécessite des connaissances précises pour accompagner le choix de l’article et une éducation à son usage afin d’optimiser l’adhésion thérapeutique et l’efficacité clinique.
Principes généraux
La compression médicale repose sur l’action mécanique de fibres élastiques exerçant une pression active, élevée et stable au repos, légèrement accrue à l’effort. Elle se distingue de la contention passive, qui utilise des fibres inélastiques (bandes rigides), agissant essentiellement lors des mouvements musculaires. Les objectifs thérapeutiques sont la réduction de l’hyperpression veineuse et de la stase, l’amélioration du retour veineux, un effet anti-œdémateux, un soulagement des symptômes tels la sensation de jambes lourdes et la prévention des lésions endothéliales liées à la pression veineuse chronique.
Dispositifs
Les orthèses de compression médicale (bas-jarrets ou chaussettes, bas-cuisses et collants) sont des dispositifs médicaux de classe 1, répertoriés selon la pression exercée à la cheville : classe 1 entre 10 et 15 mmHg, classe 2 entre 15,1 et 20 mmHg, classe 3 entre 20,1 et 36 mmHg et classe 4 supérieur à 36 mmHg. La pression est maximale au niveau de la cheville, puis décroît progressivement en remontant vers la cuisse. L’efficacité des différents articles, pour une même classe, est similaire.
Les bandes de compression, indiquées en phase active (post-sclérothérapie, œdème, ulcère, etc.), sont des bandes textiles qui peuvent être élastiques, à allongement court ou long (compression dynamique) ou inélastiques (ces dernières étant alors des bandes de contention passive). Elles peuvent être sèches ou imprégnées (par exemple d’oxyde de zinc et glycérine aux propriétés hydratantes et antiseptiques type Varolast Plus), cohésives et/ou associées entre elles dans les systèmes « multicouches ». La pression obtenue dépend de la tension à la pose et de la technique de superposition.
Sclérothérapie
La sclérothérapie est l’un des traitements spécifiques des varices au côté de la phlébectomie et des techniques endoveineuses (dites mini-invasives : laser et radiofréquence). Elle consiste en l’injection d’un produit sclérosant (Aetoxisclérol, Fibrovein) dans la veine atteinte. L’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) a alerté en 2022* sur le risque d’effets indésirables cardiovasculaires rares mais graves en lien avec ces produits (événements thromboemboliques veineux, troubles du rythme cardiaque) et a notamment rappelé leurs contre-indications (notamment antécédents thromboemboliques) et les symptômes que le patient doit surveiller après l’injection : en particulier palpitations, oppression thoracique, essoufflement, douleur du mollet associé ou non à un œdème ou une rougeur.
* « Traitement des varices : rappel des conduites à tenir pour réduire les risques cardiovasculaires liés à l’utilisation des sclérosants veineux », ANSM 2022, mis à jour en 2023.
aux stades C0 et C1, l’objectif est symptomatique, l’effet sur l’évolution de l’affection veineuse n’ayant pas été démontré ;
à partir du stade C2 (varices supérieures ou égales à 3 mm), elle constitue le traitement recommandé avec adaptation de la classe et de la durée de port en fonction de la sévérité de la pathologie.
Même en l’absence de signes cliniques de maladie veineuse chronique, la compression est également indiquée en prévention de la thrombose veineuse profonde (TVP) chez les patients à risque thrombo-embolique, notamment en contexte post-opératoire et/ou d’immobilisation prolongée. Les modèles de couleur blanche avec fenêtre d’inspection du membre ou du pansement (improprement nommés« ATE » – pour antithrombo-emboliques– car ils n’ont pas d’efficacité prouvée en prévention d’une embolie), sont utilisés en milieu hospitalier, notamment. Les autres indications fréquentes sont un long voyage en position assise, la grossesse et le post-partum.
Contre-indications
Absolues. L’artériopathie oblitérante des membres inférieures (AOMI) en est une lorsque l’indice de pression systolique(IPS, rapport entre la pression artérielle de la cheville et celle du bras, égal à 1 en cas de normalité) est inférieur à 0,6. De même pour la microangiopathie diabétique évoluée et la thrombose septique.
Relatives, à évaluer régulièrement. AOMI avec IPS entre 0,6 et 0,9, neuropathie périphérique, dermatose suintante ou eczématisée, allergie aux composants.
Délivrance
Aider au choix
La classe est généralement spécifiée par la prescription et ne doit pas être inférieure à la classe 2 dans la maladie veineuse chronique ou la prévention de la thrombose. À noter que lorsque deux classes différentes sont possibles, toujours opter pour la plus élevée supportée par le patient. En cas de prescription en nom de marque, la substitution est interdite. La compression peut relever du conseil officinal, notamment en cas de maladie veineuse débutante (C1 et C2), en particulier en été ou en cas de station debout prolongée et en prévention de la thrombose en cas de voyage long ou chez la femme enceinte : choisir une classe 2 au minimum et une classe 3 ou plus chez la femme enceinte en cas d’affection veineuse chronique existante.
Le modèle est ensuite laissé au choix du patient puisque l’efficacité est la même. Éviter toutefois les chaussettes si des varices siègent au niveau du creux poplité pouvant ainsi être « comprimées ». En cas de prescription d’une orthèse ATE, préférer les chaussettes aux bas dont la pose est plus délicate, avec un risque d’effet garrot. Des particularités peuvent guider le choix : modèle à pied ouvert en été ou pour limiter la compression en cas d’hallux valgus, jarretière antiglisse pour faciliter le port d’un bas, collant à soutien ventral ou ceinture évolutive pour la grossesse, culotte galbante pour la ligne, coutures extra-plates ou chaussettes à bord large pour plus de confort, etc.
La nature du textile est à prendre en compte. Pour l’effet thermorégulateur et les peaux sensibles, privilégier des fibres naturelles : coton, fil d’Écosse, soie ou lin ou encore fibres semi-synthétiques comme la viscose de bambou ou le lyocell réputées absorbantes et antibactériennes. La laine, isolante, chaude et plus épaisse est idéale en hiver. Les fibres artificielles (type polyamide ou viscose) sont particulièrement douces, résistantes et esthétiques.
Déterminer la taille
Les mesures. Elles sont prises de préférence sur jambes nues, debout et sans chaussures, le matin ou, idéalement, après 20 minutes de repos jambes surélevées et sur les 2 jambes (nécessité de délivrer 2 tailles différentes en cas de fortes disparités). Elles devraient être réitérées à chaque renouvellement. Selon le modèle et les instructions du fabricant, la mesure s’effectue au mètre ruban sans serrer : le tour de cheville (au plus fin, environ 3 cm au-dessus de la malléole), la circonférence du mollet au plus large, le tour de cuisse au plus large, la hauteur du sol/genou ou sol/entrejambe et parfois, pour les collants, le tour de hanches au niveau des crêtes iliaques ou le tour de fesses au plus large pour les collants maternité. Il existe des modèles cuisses ou mollets fins ou forts, des modèles de série « pied long » (pour les grandes pointures) ou pied ouvert. Sur demande, le fabricant peut adapter certaines mesures des orthèses de série (circonférence, pointure, ouverture du pied ou du talon). Sinon, recourir au sur-mesure.
L’essayage. Il est indispensable pour ajuster la taille et enseigner la technique de pose : retourner l’orthèse jusqu’à hauteur du talon, introduire en position assise le pied et positionner le talon, puis dérouler (sans tirer) sur la jambe en massant pour éviter les plis.
Le port doit être confortable sans effet garrot ni partie « lâche ».
Facturer
Ces orthèses, à partir de la classe 2, sont prises en charge selon le tarif LPP, avec un prix de vente non limité, sur prescription d’un médecin, d’une sage-femme, d’un kinésithérapeute (ou infirmier dans le cas d’un renouvellement à l’identique). La première prescription comprend généralement 2 paires pour pouvoir les alterner, le renouvellement intervient au bout de 6 mois (plus tôt en cas de modifications morphologiques importantes). Le nombre de paires prises en charge chaque année est de 4 habituellement, mais une tolérance de certaines caisses de l’Assurance maladie est possible.
Conseiller
Le port. Dès le matin au réveil et durant toute la journée ou l’activité à risque (comme l’avion), les enlever la nuit (sauf avis médical contraire). En cas de port sans chaussures en intérieur, des semelles antidérapantes existent en option (par exemple Mediven Anti-slip).
Question de patient
Porter des chaussettes de compression après le running apaise-t-il les symptômes de jambes lourdes ?
« Aucun consensus scientifique n’a permis d’émettre des recommandations dans ce sens mais des études suggèrent une amélioration du retour veineux avec diminution des sensations douloureuses de jambes lourdes, des œdèmes et une meilleure récupération musculaire après un effort intense. Les chaussettes de compression « sportive » n’offrent pas toujours une pression normalisée : proposer de choisir une classe II si elle est spécifiée. Les mesures pour choisir la taille de l’article doivent être prises après l’effort. Conseiller un port de 2 heures au moins après un effort, voire jusqu’à 48 heures (hors nuit) en cas d’effort long et intense (type marathon). »
La durée de port est adaptée à l’indication. En prévention de la thrombose, elle couvre toute la période où le risque est augmenté : par exemple toute la durée d’un long voyage, de l’alitement post-chirurgie, durant toute la grossesse et au moins 6 semaines après l’accouchement (6 mois après une césarienne).
L’enfilage. Pour limiter les risques d’accrocs, éviter les bijoux et les ongles longs. En cas de difficultés, talquer le talon et/ou recourir à des gants en caoutchouc « anti-dérapant » (tels ceux de Juzo ou de Jobst) ou à un enfile/retire-bas, soit rigide (comme Samba Mediven, Varitec Cizeta, Ezy-On G2, Venoflex de Thuasne), soit souple (par exemple Set Doff N’donner de Sigvaris, Arion Magnide de Juzo). La superposition de 2 classes, plus faciles à enfiler, peut être proposée en alternative.
Les bons gestes pour enfiler les articles de compression
Source : « Comment utiliser vos bas ou collants de compression (ou contention) ? », Assurance maladie, 26/02/2025.
L’entretien. Laver après chaque utilisation pour restaurer l’élasticité des fibres à la main ou à la machine (à 40 °C au maximum, dans un filet de lavage) avec une lessive pour linge délicat sans autres produits (détachant ou assouplissant). Ne pas tordre mais presser doucement pour essorer, puis sécher loin d’une source de chaleur. Ne pas repasser. En règle générale, des orthèses portées régulièrement gardent une efficacité durant 6 mois (période de garantie). Les bas autofixants doivent être lavés une première fois à l’eau avant le port pour « activer » l’effet collant de la bande. Si la bande colle moins, la nettoyer à l’eau et au savon puis frotter avec un peu d’alcool dilué (45°).
Les topiques. Ne pas appliquer de corps gras (type crème, huile ou lait) avant d’enfiler les bas : ils rendent difficiles l’enfilage et risquent de détériorer les fibres élastiques. Les appliquer de préférence le soir après le retrait.
Les réactions cutanées. En cas de rougeurs ou de picotements, vérifier la taille, qui peut être trop petite. Des réactions cutanées peuvent aussi survenir au niveau de la bande antiglisse, le plus souvent liées à la transpiration et aux frottements, plus rarement à une allergie au silicone : recourir à des jarretières dites « hypoallergéniques » (fils ou picots de silicone mélangés au textile qui laissent « respirer » la peau, par exemple) ou, en cas d’allergie vraie, à des bandes sans silicone, au platine (laboratoire Medi)
Le recyclage. Certains programmes permettent le recyclage des orthèses élastiques comme TerraCycle ou Écollant (principe et points de collecte sur leurs sites).
Avec l’aimable collaboration de Jacques Fecherolle, orthopédiste-orthésiste, président du Syndicat national de l’orthopédie française (SNOF).