5/8 – Pathologies des paupières : savoir distinguer les différentes affections

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5/8 – Pathologies des paupières : savoir distinguer les différentes affections

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Publié le 29 août 2025
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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« J’ai comme une boule sous la paupière ». Les tuméfactions d’apparition soudaine sur la ou les paupières peuvent être d’étiologie inflammatoire ou infectieuse. Il convient alors de bien les différencier pour adopter la bonne prise en charge.

Le chalazion : inflammatoire

Bénin et fréquent, le chalazion est un granulome (tumeur inflammatoire) secondaire à l’occlusion du canal excréteur d’une ou plusieurs glandes de Meibomius qui assurent la production des lipides du film lacrymal. Correspondant à l’engorgement de la glande, il se développe sur la paupière supérieure ou inférieure. Non infectieux, il n’est pas contagieux. Les récidives sont fréquentes et peuvent être la conséquence d’un dysfonctionnement chronique des glandes de Meibomius ou d’une affection sous-jacente (blépharite chronique, rosacée, troubles de la vue chez l’enfant notamment).

Signes cliniques

Le chalazion se manifeste par un œdème palpébral localisé ou diffus, généralement sensible, associé d’emblée ou rapidement à une tuméfaction arrondie dans l’épaisseur de la paupière, sans communication avec son bord libre (zone où sont implantés les cils, entre la face extérieure de la paupière et sa face intérieure au contact du globe oculaire). Celle-ci peut présenter en son centre un point blanc contenant les sécrétions sébacées stagnantes. Le chalazion évolue sur quelques jours si la glande se débouche ou plus lentement, sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Il peut s’enkyster, formant alors un nodule induré.

Prise en charge

En première intention, des massages après réchauffement des paupières visent à drainer les sécrétions accumulées. Dans les cas sévères, un corticoïde local en pommade est en plus prescrit, uniquement disponible en association à un antibiotique (tel que Maxidrol, Sterdex, Frakidex), à raison d’une à trois applications par jour pendant 7 à 10 jours, éventuellement renouvelable. Si le chalazion persiste, notamment s’il est enkysté, une incision chirurgicale sous anesthésie locale peut être nécessaire.

L’orgelet : infectieux

L’orgelet est une infection de la glande sébacée du follicule pileux annexé à un cil, le plus souvent due à Staphylococcus aureusPlus rare que le chalazion, il est souvent surdiagnostiqué car confondu avec ce dernier. Il peut se transmettre par contact direct d’un œil à l’autre ou d’une personne à l’autre ou indirectement (via les serviettes de bain, le maquillage notamment). Quand il récidive fréquemment, il faut rechercher un diabète ou une immunodépression.

Signes cliniques

L’orgelet est un furoncle généralement de petite taille, situé au niveau du bord libre de la paupière, de développement rapide, en quelques jours, il se caractérise par un œdème du bord de la paupière, accompagné d’une tuméfaction inflammatoire douloureuse, au centre de laquelle apparaît rapidement un point blanc dû à la collection de pus. Il régresse généralement spontanément en 1 à 2 semaines. Rarement, il peut se compliquer d’une cellulite (infection généralisée de la paupière).

Prise en charge

En première intention, il est recommandé d’appliquer du chaud jusqu’à résorption en quelques jours. Si c’est insuffisant, ou d’emblée en cas de récidive ou de surinfection aiguë de blépharite chronique, un traitement antibiotique antistaphylococcique local est prescrit : acide fusidique, auréomycine, tobramycine ou rifamycine en gel ou en pommade pendant 8 jours. L’association à un corticoïde peut être nécessaire dans les formes très inflammatoires.

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La blépharite

C’est une inflammation aiguë ou chronique du bord des paupières, qui peut être idiopathique ou liée à des causes variables comme le dysfonctionnement des glandes de Meibomius, une infection bactérienne, virale (notamment herpès), fongique ou parasitaire (notamment à Demodex) ou une allergie. Elle peut être aussi la manifestation d’une dermatose comme la dermatite séborrhéique, la rosacée ou la dermatite atopique. Elle est une des principales causes de sécheresse oculaire.

Signes cliniques

La blépharite se manifeste par une inflammation bilatérale des paupières, voire de la peau périoculaire, souvent accompagnée de squames blanchâtres et secs à la base des cils, d’une sensation de sécheresse oculaire, de sable ou de brûlure. Elle est un terrain propice à l’apparition d’un chalazion, voire d’un orgelet.

Prise en charge

Le traitement repose sur des soins quotidiens locaux : réchauffement des paupières et massages, nettoyage, substituts lacrymaux. Un traitement par corticoïdes locaux peut être prescrit en phase aiguë. Les soins doivent s’accompagner du traitement de la cause, si elle est identifiée. Un antibiotique local est prescrit en cas d’infection associée, identique à ceux utilisés pour l’orgelet, comme l’azithromycine. En cas de blépharite surinfectée résistante ou de rosacée associée, un traitement oral par tétracycline peut être justifié.

Conseils

Hors signes de gravité (tels qu’une baisse de l’acuité visuelle, une forte douleur, une chirurgie oculaire récente), des conseils de soins peuvent être donnés. Si l’affection ne régresse pas dans les 5 jours ou si elle récidive, une consultation est nécessaire.

Hygiène

Se laver les mains systématiquement avant et après les soins. Éviter les causes d’irritation supplémentaires comme la fumée, le maquillage, le vent, le soleil, le port de lentilles. Si une cause infectieuse est suspectée, limiter tout risque de transmission à l’autre œil ou à l’entourage : frottement des yeux, partager du linge de toilette, des instruments de maquillage notamment.

Décongestionner

Quel que soit le trouble, l’application de chaud sur les paupières soulage et ramollit les sécrétions pour favoriser leur évacuation. Plusieurs fois par jour et durant au moins 5 minutes, appliquer sur la paupière une compresse d’eau chaude ou un masque pour thermothérapie dans sa housse, pour ne pas brûler la peau (Blepha Eyebag, Meibopatch, Actipoche, Aroma Perles, Therapearl, Hydralose, par exemple).

Masser

Les massages, en favorisant le drainage des sécrétions et le débouchage des canaux excréteurs des glandes de Meibomius, sont la base du traitement en cas de chalazion ou de blépharite liée à un dysfonctionnement des glandes. En phase aiguë, renouveler les massages plusieurs fois par jour. Ne pas tenter de percer le point blanc de la tuméfaction.

Nettoyer

Pour limiter le risque de surinfections et faciliter l’évacuation des éventuelles sécrétions, nettoyer les paupières et l’œil 1 à 3 fois par jour – systématiquement après un massage – avec du sérum physiologique ou une solution à base de borax et d’acide borique à action antiseptique local et effet astringent léger. Les gels, les mousses ou les lingettes pour l’hygiène des paupières à base d’agents hydratants et apaisants (tels que la glycérine, l’acide hyaluronique ou l’huile essentielle d’arbre à thé) peuvent favoriser le nettoyage de l’entrée des canaux excréteurs des glandes de Meibomius, lubrifier et décongestionner (Blephagel, Désoclean lingettes, Dacryo Hygiène des paupières, Naviblef, Ophtaxia lingettes, Steriblef, par exemple). En complément, des soins à visée cicatrisante et assainissante peuvent être proposés durant quelques jours : Cicathénol en cas de blépharite, Désosept en cas d’orgelet ou chalazion, etc.

Prévenir

Une hygiène adaptée des paupières (massage, nettoyage à l’aide de références appropriées), 2 à 3 fois par semaine, permet de prévenir les récidives de blépharite ou chalazion.

Avec l’aimable relecture du Dr Jérémie Barbier, ophtalmologiste, oculoplasticien, membre de la Société française d’ophtalmologie (SFO)

Article issu du cahier Formation du n°3558, paru le 19 avril 2025​​​​​

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