3/8 – Conjonctivite allergique : soulager les symptômes oculaires

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3/8 – Conjonctivite allergique : soulager les symptômes oculaires

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Publié le 29 août 2025
Par Nathalie Belin
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« C’est reparti : mon nez pique et mes yeux me démangent ! ». La conjonctivite allergique, liée aux pollens ou aux allergènes domestiques, est souvent associée à une rhinite. Quels conseils apporter pour prendre en charge ces symptômes dans l’attente d’un diagnostic médical ?

Contexte

Formes les plus répandues de l’allergie oculaire, les conjonctivites allergiques IgE-médiées regroupent deux grandes entités : les saisonnières ou les perannuelles. Liées à la libération d’histamine, elles surviennent généralement de façon bruyante et rapide. Toutes deux sont fréquemment associées à des symptômes de rhinite allergique et parfois à un terrain atopique (asthme, dermatite atopique, allergies alimentaires, etc.).

Reconnaître

Contexte d’apparition

La conjonctivite saisonnière, la plus courante, est rythmée par l’apparition des pollens incriminés. Ces pollens varient selon les régions, et leur temporalité peut différer d’une année à l’autre selon les conditions météorologiques. En cas d’allergie à plusieurs types de pollens, les symptômes peuvent néanmoins être perannuels.

La conjonctivite perannuelle se caractérise par des symptômes plus ou moins présents tout au long de l’année, avec souvent des recrudescences périodiques. En cause, les allergènes « domestiques » : le plus souvent acariens, moisissures ou phanères d’animaux. Moins fréquemment, d’autres allergènes peuvent être identifiés, par exemple professionnels comme la farine ou liés à un corps étranger comme les lentilles de contact (intolérance progressive au port de lentilles avec développement d’une conjonctivite gigantopapillaire, caractérisée par des papilles – formations en relief – de grande taille, une hyperhémie conjonctivale, une sensation de prurit ou de corps étranger).

Les produits cosmétiques appliqués sur les paupières, les collyres ou les pommades ophtalmiques (en particulier renfermant des conservateurs, dont le chlorure de benzalkonium) peuvent également être à l’origine d’une conjonctivite associée à un eczéma des paupières.

Signes cliniques

La conjonctivite allergique affecte toujours les deux yeux avec typiquement un larmoiement non purulent, un prurit, une sensation de brûlure ou de corps étranger, une rougeur de la conjonctive et, plus ou moins, un œdème des paupières. Parfois, les symptômes sont moins marqués mais dominés par la sécheresse oculaire et l’impression de corps étranger. Des signes de rhinite sont souvent associés : rhinorrhée, éternuements en salves, obstruction nasale. L’intensité des symptômes varie de la simple gêne intermittente à une altération marquée de la qualité de vie en cas d’exposition prolongée aux allergènes.

Les limites du conseil

En attendant un avis médical, la prise en charge officinale est justifiée pour ne pas laisser la réaction inflammatoire empirer, après avoir écarté des signes de gravité chez un patient qui reconnaît les symptômes de l’allergie. La gravité d’une allergie oculaire est liée à l’atteinte de la cornée, qui peut compromettre le pronostic visuel, et concerne certaines formes rares mais graves comme la kératoconjonctivite vernale (qui affecte le plus souvent le jeune garçon) et la kératoconjonctivite atopique (qui touche l’adulte jeune) : elles doivent être suspectées devant des douleurs importantes, une baisse de l’acuité visuelle, une photophobie, qui nécessitent un avis ophtalmologique en urgence. Le port de lentilles de contact doit inciter à prendre un avis ophtalmologique. Il est recommandé de les retirer le temps d’apaiser les symptômes.

Prise en charge à l’officine

Lavages oculaires

Éliminant mécaniquement les allergènes, les lavages oculaires limitent la réaction allergique, optimisent l’action des collyres et, en hydratant et rafraîchissant l’œil, procurent un soulagement immédiat. Le sérum physiologique est recommandé plusieurs fois par jour et quelques minutes avant l’instillation d’un collyre antiallergique. Les solutions antiseptiques (notamment à base d’acide salicylique ou borique) peuvent être agressives sur un œil fragilisé par l’allergie (et inutiles dans ce contexte).

Collyres

Parfois considérés par les patients comme moins efficaces que les traitements systémiques, les collyres ont un intérêt important à rappeler : ils agissent « à la source » de la réaction allergique d’où un effet rapide, avec le plus souvent moins d’effets indésirables. Les formes sans conservateurs, potentiellement allergisants et irritants, doivent être privilégiées. Tous les collyres antiallergiques disponibles en conseil peuvent être utilisés durant la grossesse et l’allaitement.

Antihistaminiques. Bloquant l’action de l’histamine, ils ont l’avantage d’un effet rapide permettant le soulagement d’une symptomatologie aiguë.

Antidégranulants. Inhibant la libération de l’histamine, ils jouent surtout un rôle préventif en relais d’un collyre antihistaminique ou dès le début de l’apparition des symptômes. Leur bonne tolérance les fait souvent recommander au long cours.

Effet « barrière ». Certaines formules d’automédication renferment de l’ectoïne, substance naturelle formant une barrière à la surface de la conjonctive, associée à de l’acide hyaluronique. Elles visent à réduire le contact avec les allergènes et à pallier la sécheresse oculaire fréquemment associée à l’allergie. À utiliser après l’instillation d’un collyre médicamenteux et à distance de celui-ci, au risque d’en compromettre l’action.

Antihistaminiques

Ils sont indiqués en cas de rhinite associée : cétirizine (Alairgix Allergie Cétirizine, Drill Allergie Cétirizine, par exemple) ou loratadine (Humex Allergie Loratadine, notamment) à partir de 6 ans, ou chez l’enfant de plus de 30 kg pour la loratadine, à raison de 10 mg par jour (en deux prises de 5 mg chez les enfants de 6 à 12 ans pour la cétirizine) ; fexofénadine (Allervi 120 mg) à partir de 12 ans à raison d’une prise journalière.

Autres

En cas de rhinoconjonctivite allergique, les corticoïdes locaux, lorsqu’ils sont nécessaires pour soulager les signes d’une rhinite associée (Humex Rhume des foins à la béclométasone), agissent également sur les signes oculaires (les voies lacrymales communiquent avec le carrefour oropharyngé). Des substituts lacrymaux peuvent être utiles en complément et à distance des collyres traitants (après leur instillation) pour pallier la sécheresse oculaire associée.

Conseils complémentaires

Évictions des allergènes

Pollens. Difficiles à mettre en place, les mesures d’éviction contribuent néanmoins à réduire la charge pollinique se déposant sur l’œil : lors des pics polliniques, aérer avant le lever du soleil et ne pas faire sécher son linge dehors ; porter des lunettes de soleil (et un masque en cas de rhinite allergique) en extérieur ; rincer ses cheveux et son visage en rentrant chez soi pour débarrasser cheveux, cils et sourcils des pollens et laisser les vêtements hors de la chambre ; fermer les vitres en voiture. L’indice pollen accessible sur le site atmo-france.org ou les newsletters des Pollinarium sentinelle (alertepollens.org) ou encore le recours à une application (Alertes Pollens, Pollen +, Live Pollen, etc.) permet de surveiller et d’anticiper le démarrage de la période allergique ou d’amener ses traitements avec soi dans une région « à risque ».

Autres allergènes. Aérer quotidiennement et nettoyer régulièrement la chambre (notamment passer l’aspirateur, enlever la poussière avec un chiffon humide, laver le linge de maison chaque semaine, utiliser une housse de matelas antiacariens, limiter les moquettes, tapis, rideaux, peluches). Si un animal est concerné, a minima lui interdire la chambre à coucher.

Autres

Lorsque les yeux grattent, recommander de ne pas les frotter au risque d’aggraver les démangeaisons, mais proposer de rincer les yeux au sérum physiologique, d’y appliquer une compresse humide et froide, de recourir à des collyres lubrifiants entre les instillations de collyres médicamenteux. Des symptômes non soulagés par l’automédication font recommander un avis médical rapide. Un bilan allergologique (avec notamment la réalisation de prick-tests) est généralement recommandé dans des formes sévères ou perannuelles chez l’adulte, ainsi que chez l’enfant. Les antihistaminiques (et éventuellement les corticoïdes intranasaux) doivent généralement être arrêtés au moins 2 ou 3 jours avant.

Avec l’aimable relecture du Dr Serge Doan, ophtalmologue à l’hôpital Bichat (Paris) et à l’hôpital Fondation Adolphe de Rothschild (Paris)

Article issu du cahier Formation du n°3558, paru le 19 avril 2025​​​​​

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