3/6 – Phytothérapie : quelles plantes pour soutenir le retour veineux ?

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3/6 – Phytothérapie : quelles plantes pour soutenir le retour veineux ?

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Publié le 4 septembre 2025 | modifié le 8 septembre 2025
Par Kevin Burdin
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Les « veinotoniques » par voie orale, le plus souvent issus de plantes, font partie des solutions thérapeutiques proposées dans la prise en charge des jambes lourdes. Certaines de ces plantes ont également un usage traditionnel reconnu par voie locale.

L’offre

Les médicaments. Ils renferment des extraits concentrés de plantes ou parfois des molécules isolées de celles-ci ou obtenues par hémisynthèse (ou parfois par synthèse). Ce sont principalement des flavonoïdes, des saponosides et des tanins, agissant sur la tonicité des parois veineuses, la microcirculation et la régulation de la perméabilité capillaire.

  • Exemples : fraction flavonoïque purifiée micronisée (diosmine et hespéridine dans Daflon 500), extrait sec de ruscus et rutoside (Cyclo 3 Fort, Veliten, Esberiven Fort), extrait de feuilles de vigne rouge (Antistax 360), extrait purifié de pépins de raisin (Endotelon), extrait de marronnier d’Inde (Hippoveno), troxérutine (Veinamitol et génériques, dans Ginkor Fort en association avec le Ginkgo biloba et à l’heptaminol…), dobésilate de calcium (Doxium), etc.

Dans les compléments alimentaires. Des plantes ou extraits de plantes veinotoniques sont présents et souvent associés : petit houx, marronnier d’Inde, vigne rouge, cassis, hamamélis ou extrait de pépins de raisin, par exemple.

  • Exemples : Arkofluides Jambes légères Bio, Ergyveine, Superdiet Fluidilège Bio, Jouvence Circulation & Jambes lourdes, Oenobiol Aquadrainant Plus, Vit’All+ Complexe Circulation, Veinoflux, gamme Veinomix, etc.

Usage traditionnel local. Cette utilisation est reconnue, pour certaines de ces plantes, pour soulager des troubles mineurs de la circulation veineuse (tels vigne rouge, marronnier d’Inde, fragon). On les retrouve dans des topiques médicamenteux (comme Reparil Gel) et de nombreux cosmétiques, parfois en association avec des huiles essentielles, notamment le menthol.

  • Exemples : Gel Phyto Relaxant Akiléïne, Jouvence Gelée Ultra Fresh, Rap Phyto Crème Apaisante.

Place dans la stratégie

Par voie orale, les médicaments veinotoniques apportent un bénéfice démontré par des études cliniques versus placebo sur les symptômes de la maladie veineuse chronique : ils diminuent les lourdeurs, fourmillements, crampes dans les jambes et l’œdème des chevilles. Une revue Cochrane mise à jour en 2020, analysant 56 essais cliniques (soit plus de 7 600 participants), a d’ailleurs conclu qu’il existait des données probantes (avec un niveau de confiance modéré) selon lesquelles les veinotoniques entraînaient une légère réduction de l’œdème versus placebo chez des personnes souffrant d’affections veineuses chroniques, quel que soit le stade de la maladie1.

La Société européenne de chirurgie vasculaire a maintenu dans ses recommandations de 2022 leur intérêt pour soulager les symptômes des jambes lourdes2. Néanmoins, leur action est considérée comme modeste et l’absence d’effet démontré sur les complications de l’insuffisance veineuse chronique (la phlébite en particulier) a, entre autres, conduit à leur déremboursement.

Les plantes décrites ci-après ont été sélectionnées pour leurs données scientifiques disponibles, leur intérêt clinique démontré et leur bon profil de tolérance.

Jambes lourdes et grossesse

Les articles de compression, recommandés en prévention de la thrombose veineuse durant la grossesse, soulagent les symptômes. Si la prise d’un veinotonique est nécessaire, le Centre de référence sur les agents tératogènes (Crat) propose les médicaments suivants : diosmine, hespéridine, troxérutine, rutoside. Les compléments alimentaires, dont l’origine des composants est variable, sont à éviter.​​​​

Plantes veinotoniques et vasoprotectrices

Vigne rouge

La feuille de vigne rouge (Vitis vinifera var. tinctoria) est reconnue pour son usage traditionnel par voie orale dans les manifestations telles que les jambes lourdes et la symptomatologie hémorroïdaire par différents organismes : l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps, ancien nom de l’ANSM, qui la décrit dans les « Cahiers de l’Agence n°3 » établis en 1997 – document qui référence les indications médicamenteuses des plantes), l’European scientific cooperative on phytotherapy (ESCOP) et l’Agence européenne du médicament (EMA). Son usage local est reconnu par l’Afssaps et l’EMA.

La monographie de l’EMA présente un extrait spécifique de vigne rouge (médicament Antistax 360) comme ayant un usage bien établi dans le traitement de l’insuffisance veineuse chronique, caractérisée par des jambes gonflées, des varices, une sensation de lourdeur, des démangeaisons, une tension dans les mollets.

  • Principaux composés actifs. Anthocyanosides (glucosides du cyanidol et du péonidol), flavonoïdes (glucosides du quercétol et kaempférol), proanthocyanidols, tanins et acides phénols.
  • Mécanismes d’action. Les anthocyanosides et proanthocyanidols réduisent, in vitro, la dégradation du collagène et de l’élastine en inhibant les enzymes impliquées dans ce processus. Ce mécanisme contribue à renforcer la résistance des capillaires tout en réduisant leur perméabilité. Les proanthocyanidols exercent une action antioxydante, protégeant les vaisseaux contre les radicaux libres.
  • Études cliniques. Une étude randomisée en double aveugle a évalué l’efficacité de l’extrait sec aqueux de feuille de vigne rouge tel que défini dans la monographie de l’EMA, à raison de 720 mg par jour chez 248 patients atteints d’insuffisance veineuse chronique (stade CEAP 3, notamment) pendant 12 semaines. L’extrait a permis de réduire l’œdème et améliorer les sensations douloureuses.
  • Posologies. En usage bien établi, prise d’extrait sec aqueux DER 4-6:1, 360 à 720 mg/jour en une prise. En usage traditionnel par voie orale, infusion de feuilles séchées, 5 g/tasse, 2 tasses par jour. En usage traditionnel par voie locale, extrait mou aqueux (DER de 2,5-4,5:1) incorporé dans une crème neutre, 252 mg d’extrait mou pour un total de 10 g de produit fini.
  • Contre-indications. Grossesse, allaitement et moins de 18 ans (selon l’EMA). À noter : les feuilles de vigne font néanmoins partie de l’alimentation traditionnelle du bassin méditerranéen et sont consommées sans effets indésirables notifiés par les femmes enceintes.
  • Effets indésirables. Des réactions d’hypersensibilité cutanée (démangeaisons, érythème, urticaire), des troubles gastro-intestinaux (dont nausées), des maux de tête sont rapportés avec une fréquence indéterminée.

Marronnier d’Inde

Différentes autorités de santé (Afssaps, EMA, ESCOP, Commission E allemande) reconnaissent à la graine de marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum) les mêmes indications d’usage traditionnel, par voie orale ou locale, que la vigne rouge. L’ESCOP précise que son efficacité dans l’insuffisance veineuse et les varices semble similaire à celle de la compression médicale. Par ailleurs, la monographie de l’EMA reconnaît à un extrait de marronnier d’Inde un usage bien établi par voie orale. À noter : l’écorce, moins documentée que la graine, ne bénéficie que d’un usage traditionnel.

  • Principaux composés actifs. Saponosides (aescines), flavonoïdes (quercétine, kaempférol), coumarines (esculine, fraxoside).
  • Mécanismes d’action. Les aescines diminuent la perméabilité capillaire et exercent une action anti-inflammatoire, réduisant ainsi les œdèmes et améliorant le tonus veineux. Elles réduisent également in vitro la dégradation du collagène et de l’élastine, ce qui contribue à renforcer la résistance des capillaires, limitant ainsi les phénomènes d’extravasation.
  • Études cliniques. De nombreuses études cliniques versus placebo ont montré l’intérêt d’une supplémentation en graines de marronnier d’Inde avec une standardisation entre 50 et 100 mg d’aescines par jour (réduction du volume des jambes, de la circonférence des chevilles des symptômes tels douleurs, œdèmes, impatiences…).
  • Posologies. En usage bien établi, 21 mg de glycosides triterpéniques exprimés en protoaescigénine, 2 fois par jour. En usage traditionnel par voie orale, par exemple, extrait sec aqueux DER 3-6:1, 198 mg/jour. En usage traditionnel par voie locale, il existe de nombreuses préparations qui dépendent du type d’extrait utilisé. Se référer à la monographie de l’EMA.
  • Contre-indications. Grossesse, allaitement, personnes de moins de 18 ans.
  • Interactions médicamenteuses. La prise d’anticoagulants ou d’antiagrégants plaquettaires semble déconseillée en raison d’une interaction d’ordre pharmacodynamique.
  • Effets indésirables. Ils sont rares (nausées, vomissements, spasmes musculaires, rougeurs et gonflement du visage).

Petit houx ou fragon épineux

Comme les plantes précédentes, les différentes autorités de santé déjà citées reconnaissent l’usage traditionnel du petit houx (Ruscus aculeatus, partie souterraine) par voie orale (et locale pour l’Afssaps) pour soulager les symptômes de l’insuffisance veineuse.

  • Principaux composés actifs. Saponosides stéroïdiques (ruscogénine, aculéosides, néoruscogénine, néoruscoside, ruscoside).
  • Mécanisme d’action. Les saponosides exercent une action vasoconstrictrice par un effet alpha-adrénergique sur les veines et réduisent la perméabilité capillaire, contribuant à diminuer les œdèmes et la sensation de jambes lourdes. Anti-inflammatoire et vasculoprotectrice, la ruscogénine inhibe l’adhésion des leucocytes aux cellules endothéliales, limitant ainsi l’inflammation.
  • Études cliniques. Plusieurs d’entre elles mettent en évidence les bénéfices de l’association de petit houx, vitamine C et hespéridine (médicament Cyclo 3 Fort). En 2017, une revue systématique reposant sur 10 essais randomisés en double aveugle regroupant 719 personnes démontre que cette association réduit significativement la douleur, la lourdeur, les crampes, les sensations de gonflement, paresthésies et œdème liés à l’insuffisance veineuse chronique.
  • Posologies. Extrait sec titré (7 à 11 mg/jour de ruscogénine) ou 350 mg de poudre de plante, 3 fois par jour.
  • Contre-indications. Grossesse, allaitement, personnes de moins de 18 ans.
  • Effets indésirables. La littérature rapporte quelques cas d’allergie et de troubles digestifs, notamment des diarrhées et des nausées.

Focus sur le ginkgo

Le ginkgo (Ginkgo biloba L., feuille) est l’une des plantes les plus connues et les plus fréquemment conseillées dans les troubles de la circulation, qu’ils soient cérébraux ou périphériques. Toutefois, son profil de sécurité est moins favorable que d’autres veinotoniques. En effet, ses feuilles peuvent augmenter le temps de saignement (des hémorragies sont décrites) et abaisser le seuil épileptogène. Des interactions pharmacodynamiques significatives ont été rapportées. Ainsi, le ginkgo est déconseillé chez les patients sous anticoagulants, antiagrégants plaquettaires ou anti-inflammatoires non stéroïdiens.

L’heptaminol, associé au ginkgo dans le médicament Ginkor Fort, impose une vigilance accrue. La molécule est contre-indiquée en cas d’hyperthyroïdie et en association avec des inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) en raison d’un risque de poussée hypertensive. Elle nécessite une surveillance étroite de la tension artérielle en cas d’hypertension artérielle sévère.

Plante à effet anti-œdémateux et lymphotonique

Mélilot

L’usage traditionnel du mélilot (Melilotus officinalis, partie aérienne) est reconnu par voie orale (et locale pour l’Afssaps) pour soulager les symptômes liés aux « jambes lourdes ». À noter que la Commission E allemande reconnaît aussi son emploi en soutien de la thrombophlébite, des syndromes post-thrombotiques, des hémorroïdes et de la congestion lymphatique. L’ESCOP le propose dans le traitement des symptômes de l’insuffisance veineuse et des varices.

Si l’expérience clinique confirme un intérêt certain du mélilot, notamment en raison de son effet anti-œdémateux marqué, son niveau de preuve est jugé plus faible que celui des plantes décrites précédemment. Les rares études menées chez l’homme portent essentiellement sur l’administration d’un de ses composés isolés, la coumarine, plutôt que sur l’extrait complet de la plante. Or, la coumarine pose un problème d’hépatotoxicité. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a en effet fixé une dose journalière tolérable en coumarine de 0,1 mg/kg/jour. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) recommande quant à elle un apport de coumarine dans les compléments alimentaires inférieur à 4,8 mg par jour pour un adulte de 60 kg.

  • Principaux composés actifs. Coumarines (mélilotine et mélilotoside, ce dernier conduisant lors du séchage de la plante à la formation de la coumarine), flavonoïdes et saponosides triterpéniques. D’après la 11e édition de la Pharmacopée européenne, le mélilot contient au minimum 0,3 % de coumarine.
  • Mécanismes d’action. Les coumarines du mélilot stimulent les macrophages, ce qui favorise la dégradation des protéines accumulées dans les tissus, atténue l’inflammation chronique et prévient la fibrose tissulaire. Elles favorisent le drainage lymphatique.
  • Posologie. Infusion de sommités fleuries séchées (1 g par tasse, deux tasses par jour) ou 250 mg de poudre de plante 3 fois par jour.
  • Contre-indications. Grossesse, allaitement, personnes de moins de 18 ans.
  • Interactions médicamenteuses. La coumarine du mélilot n’est pas un composé fluidifiant sanguin, contrairement à d’autres coumarines. Une potentialisation de l’effet anticoagulant de certains médicaments pourrait néanmoins être possible.
  • Effets indésirables. La littérature rapporte quelques cas de troubles digestifs.

En pratique

Bénéfices et limites

La phytothérapie orale (comprimés, gélules, tisanes) permet une approche de fond pour agir sur le tonus veineux, la perméabilité capillaire et l’œdème. Elle offre un soutien intéressant et reconnu, même s’il reste modeste, en complément des conseils hygiénodiététiques et de la compression médicale ou en relais temporaire de celle-ci (si elle ne relève pas d’une indication impérative comme un antécédent de phlébite) : par exemple en période estivale lorsque la compression médicale est mal tolérée, mais aussi en hiver en réponse à certains facteurs aggravants (chauffage au sol, station immobile prolongée, par exemple).

La voie locale se positionne plutôt comme une approche complémentaire en cas de gêne aiguë, par exemple pour soulager rapidement une sensation de lourdeur et d’échauffement. Outre le bénéfice potentiel apporté par les plantes, l’effet apaisant de la voie locale provient également du massage, qui stimule le retour veineux, et de la présence de certains actifs aux propriétés rafraîchissantes immédiates (type menthol ou alcool). Cet effet est toutefois transitoire.

L’association des deux voies est tout à fait pertinente, en combinant effet immédiat et effet de fond.

Conseils de prise et d’application

Voie orale. Dans le cadre d’un usage bien établi (qui concerne les médicaments), il est mentionné qu’un délai de 2 à 4 semaines peut être nécessaire pour observer des effets positifs. Ainsi, en règle générale, des cures de 3 mois de veinotoniques par voie orale sont couramment proposées. En usage traditionnel, il est recommandé de consulter un médecin si aucune amélioration n’est constatée au bout de 2 semaines. Si cette recommandation se veut prudente, elle peut conduire à interrompre le traitement prématurément. Dans ce contexte, il paraît dans tous les cas souhaitable de maintenir la prise d’un veinotonique oral pendant au moins 1 mois avant d’en réévaluer l’intérêt en l’absence de bénéfice ou de changer de formule ou de faire un point avec le médecin.

Voie locale. Les applications se font 1 ou 2 fois par jour, à la demande ou sur plusieurs semaines, de préférence en massages circulaires légers de la cheville vers le haut des cuisses : les crèmes, plus adaptées au massage que les gels, pallient mieux également la sécheresse cutanée pouvant être associée. L’application des gels sur des bas ou collants est possible pour certains d’entre eux mais non recommandés par les fabricants d’article de compression au risque d’altérer l’efficacité des fibres.

1 « Drugs to improve blood flow for people who have poor blood circulation in the veins of their legs », Cochrane, 2020.

2 « Clinical practice guidelines on the management of chronic venous disease of the lower limbs », European Society for Vascular Surgery (ESVS), 2022.

Article issu du cahier Formation n°3574, paru le 6 septembre 2025.

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