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2/8 – Conjonctivites infectieuses : limiter la transmission et le risque de surinfection
Les conjonctivites infectieuses peuvent être prises en charge à l’officine après exclusion de critères de gravité. Qu’elles soient d’origine virale ou bactérienne, le traitement repose sur des lavages oculaires fréquents pouvant être associé à un antiseptique local.
Contexte
Les conjonctivites aiguës infectieuses sont dans la grande majorité virales. Une origine bactérienne est plus rare et concerne le plus souvent les jeunes enfants. Les voies de drainage des glandes lacrymales mènent à la cavité nasale, expliquant qu’une infection des voies respiratoires puisse se propager au niveau des yeux. Contagieuses, surtout lorsqu’elles sont d’origine virale, elles se transmettent par contacts rapprochés avec une personne atteinte (via les sécrétions oculaires, respiratoires ou la salive) ou par contact mains-yeux (autocontamination ou après avoir touché le visage d’une autre personne), ou encore de manière indirecte par le biais d’objets contaminés (mouchoirs, par exemple).
Les conjonctivites virales
Étiologies
Elles sont fréquemment provoquées par des adénovirus ou des entérovirus, et surviennent souvent par épidémies.
Signes cliniques
La conjonctivite virale peut accompagner un rhume ou d’autres infections virales, telles que la rougeole. Elle se bilatéralise très rapidement. Les principaux symptômes sont une rougeur diffuse de l’œil, un larmoiement et des sécrétions claires. Une adénopathie prétragienne, zone située en avant du tragus de l’oreille (saillie aplatie, triangulaire, située en avant et en dehors de l’orifice du conduit auditif) est fréquente. Du fait de sa contagiosité, il est à noter qu’une éviction scolaire est parfois nécessaire.
Évolution
La conjonctivite virale est spontanément résolutive en 1 à 2 semaines le plus souvent.
Prise en charge
Le traitement est symptomatique et repose sur des lavages oculaires réguliers au sérum physiologique ou à l’aide de solutions ioniques (Ophtaxia, par exemple) ou boratées (comme Dacudoses ou Dacryoserum), ces dernières ayant également des propriétés antiseptiques. L’utilisation d’un collyre antiseptique peut être envisagée si la distinction avec une conjonctivite bactérienne est difficile ou si l’on craint une surinfection bactérienne. Des mesures d’hygiène rigoureuses sont nécessaires.
Cas particulier
La conjonctivite herpétique est typiquement unilatérale. Le tableau clinique est proche des autres conjonctivites virales, avec parfois de petites vésicules en bouquet sur la paupière ou autour de l’œil. Elle peut également se présenter sous la forme d’une kératite herpétique, dont la prise en charge est une urgence et repose sur des antiviraux en collyre et, parfois, par voie systémique.
Les conjonctivites bactériennes
Étiologies
Des staphylocoques ou des streptocoques sont le plus souvent en cause. Chez l’enfant, l’association d’une conjonctivite purulente à une otite moyenne aiguë suggère une infection à Haemophilus influenzae justifiant une antibiothérapie par voie générale.
Signes cliniques
Généralement à début unilatéral, les symptômes peuvent rapidement gagner l’autre œil, souvent par auto-inoculation. La rougeur conjonctivale est associée à des sécrétions mucopurulentes prédominant le matin au réveil : les cils s’agglutinent et les paupières se retrouvent collées.
Évolution
Les conjonctivites bactériennes guérissent le plus souvent spontanément, même sans antibiotique, en 1 semaine environ.
Prise en charge
Elle repose sur des lavages oculaires fréquents, associés à un antiseptique en collyre. Les collyres antibiotiques, sur prescription médicale, ne sont pas systématiquement recommandés : leur recours est réservé aux formes graves ou chez les patients à risque.

Limites du conseil
La prise en charge officinale nécessite d’éliminer des critères de gravité : douleurs oculaires, baisse de l’acuité visuelle ou photophobie (qui peuvent être les signes d’une kératite), vision brouillée qui ne se rétablit pas en clignant des paupières, larmoiement important, corps étranger dans l’œil.
Un avis ophtalmologique est par ailleurs nécessaire chez un jeune enfant ou en cas de symptômes infectieux généraux (fièvre, otite, etc.), chez une personne traitée par un corticoïde en collyre ou chez une personne diabétique ou immunodéprimée ou ayant eu une intervention récente au niveau de l’œil.
La suspicion d’une conjonctivite infectieuse chez une personne porteuse de lentilles de contact nécessite un avis médical, car l’infection peut rapidement se compliquer. Il faut, dans tous les cas, recommander d’enlever les lentilles en attendant la consultation, car elles entretiennent l’infection et peuvent favoriser une évolution défavorable.
En pratique
La prise en charge des conjonctivites virales ou bactériennes est similaire et repose essentiellement sur des mesures d’hygiène, des lavages oculaires et l’utilisation de collyres antiseptiques.
Mesures d’hygiène
Elles sont essentielles pour limiter la transmission de l’infection, particulièrement en cas d’origine virale. La contamination se faisant souvent par l’intermédiaire des mains, il est recommandé : de les laver fréquemment, d’éviter de toucher le visage ou de se frotter les yeux, ou de se laver systématiquement les mains ensuite. Éviter aussi de partager le linge de toilette ou les objets pouvant être contaminés comme le maquillage, qui doit être jeté. En cas de rhume, utiliser des mouchoirs en papier à jeter juste après utilisation dans une poubelle fermée. Ne pas embrasser son entourage avant une complète guérison.
Bon usage des lavages oculaires et collyres
Les lavages oculaires éliminent les sécrétions et améliorent le confort. Ils sont à réaliser jusqu’à 4 fois par jour, voire davantage, notamment avant l’usage d’un collyre et en recommandant d’attendre au moins 5 minutes après le lavage avant instillation du collyre.
En pratique, une unidose peut être suffisante pour traiter les deux yeux : elle ne doit pas entrer en contact avec l’œil ; l’excès de solution peut être essuyé à l’aide d’une compresse ou d’un mouchoir propre.
Attention à ne pas associer deux collyres antiseptiques (risque d’incompatibilité).
Rappeler le cas échéant qu’un collyre antibiotique n’est généralement pas nécessaire pour soigner une conjonctivite, même bactérienne.

Mettre en garde
Déconseiller l’utilisation de collyres déjà ouverts au-delà des limites de conservation ou précédemment prescrits sans un nouvel avis médical. En particulier, l’utilisation d’une corticothérapie locale peut aggraver une conjonctivite infectieuse et entraîner de graves complications.
Surveiller l’évolution
Recommander un avis médical en l’absence d’amélioration des symptômes après 3 à 4 jours.
Avec l’aimable relecture du Pr Philippe Denis, chef du service d’ophtalmologie à l’hôpital de la Croix-Rousse, Lyon (Rhône).
Article issu du cahier Formation du n°3558, paru le 19 avril 2025
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