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Campagne contre le VRS : plusieurs voies sont ouvertes
La campagne de prévention saisonnière du VRS a montré son efficacité pour protéger les nourrissons. Lancée en 2023, elle cible les enfants lors de leur première saison hivernale mais aussi, depuis l’an dernier, les femmes enceintes. Sa reconduction cette année soulève la question de l’inclusion d’autres personnes encore à prendre en compte, non prioritairement, ciblées mais toujours vulnérables. Éclairages.
L’épidémie de bronchiolite, particulièrement importante en 2022, a conduit les autorités sanitaires à mettre à disposition des outils de lutte contre le virus respiratoire syncytial (VRS), principal agent pathogène responsable de l’infection des nourrissons. Le programme de prévention se maintient cette année encore. Pour cette édition, la campagne s’étend du 1er septembre 2025 au 31 janvier 2026 en métropole, à La Réunion, en Martinique, en Guadeloupe, à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy. En Guyane, elle a débuté dès le 1er août, et à Mayotte, elle commencera le 1er octobre.
« Tout le monde est infecté par le VRS au cours de sa vie car ce virus a pour particularité de n’induire qu’une immunité post-maladie de courte durée. La plupart des infections sont sans gravité, mais, pour certaines populations, il existe un risque de complications. Ces populations vulnérables se trouvent aux deux extrémités de la vie. Il s’agit, d’une part, des enfants dans leur première année de vie et, d’autre part, des personnes âgées », détaille Daniel Floret, professeur en pédiatrie, spécialiste en vaccination et ancien vice-président de la commission technique des vaccinations. Aussi, le VRS représente une menace récurrente pour les systèmes de soins pédiatriques, mais également pour les structures de soins gériatriques.
La protection des nourrissons
À l’heure actuelle, la protection des nourrissons contre le VRS passe par une immunisation passive selon deux options : via les anticorps maternels ou via des anticorps monoclonaux. Ainsi, depuis 2024 et la mise sur le marché du vaccin Abrysvo, la vaccination maternelle contre le VRS peut-être proposée en vue de protéger le nouveau-né et le nourrisson de moins de 6 mois par transfert des anticorps maternel à l’enfant. Une dose de vaccin est recommandée, entre la 32e et la 36e semaines d’aménorrhée, selon un calendrier fixé par la Direction générale de la santé (soit de septembre à janvier), avec un intervalle de deux semaines au minimum entre l’administration d’Abrysvo et du vaccin diphtérie-tétanos-coqueluche acellulaire (dTCa). Il peut être administré en même temps qu’un vaccin contre la grippe saisonnière ou contre le Covid-19. Si l’accouchement intervient dans un délai de moins de 14 jours après la vaccination, ou en cas de naissance prématurée, l’administration d’anticorps monoclonaux au nouveau-né est préconisée. Le vaccin Abrysvo n’est pas recommandé chez les femmes enceintes immunodéprimées.
D’un autre côté, l’immunisation par les anticorps monoclonaux est recommandée à l’ensemble des enfants connaissant leur première saison d’exposition au VRS avec deux produits disponibles dont la posologie est adaptée au poids du nourrisson : Synagis (palivizumab, disponible uniquement en structure hospitalière) ou Beyfortus (nirsévimab, proposé à l’hôpital et en ville). Cette immunisation cible les enfants qui naissent durant la période de la campagne, sous réserve que la mère n’ait pas été vaccinée par Abrysvo afin d’éviter les doubles immunisations. Elle concerne également les enfants nés entre février et août 2025, à titre de rattrapage. À noter que Beyfortus, administré en dose unique intramusculaire, confère une protection passive d’au moins 5 mois.
Il appartient alors aux parents, informés par les professionnels de santé, de décider de la stratégie qui leur convient le mieux – vaccination maternelle ou immunisation du nourrisson –, afin de protéger leur enfant. Comme le souligne Daniel-Jean Rigaud, pharmacien et élu de l’union régionale des professionnels de santé (URPS) Auvergne Rhône-Alpes, en charge de la vaccination, « certaines patientes ont besoin d’un temps de réflexion sur la stratégie à adopter. Il est ainsi nécessaire, notamment lors de l’entretien destiné aux femmes enceintes, de sensibiliser à la vaccination en pharmacie. Nous avons ainsi vacciné avec Abrysvo à l’officine une quinzaine d’entre elles lors de la dernière saison. » Il est nécessaire qu’il y ait une bonne coopération interprofessionnelle pour faciliter le parcours de soins de la patiente. « Une transmission des notes vaccinales au médecin et à la sage-femme a eu lieu », précise le pharmacien.
Ne pas négliger les autres mesures
La Société française de néonatologie et le groupe de pathologie infectieuse pédiatrique souligne que l’immunisation des nourrissons ne dispense pas des autres outils de prévention. La promotion de l’allaitement maternel, la lutte contre les agressions des voies respiratoires (pollution, tabagisme passif, etc.) et la mise en place des mesures barrières restent prioritaires puisque d’autres virus que le VRS sont également impliqués dans les bronchiolites chaque hiver. Une éducation de la population générale à ces mesures est fondamentale.
Une nouvelle cible en ligne de mire
Si les nourrissons sont les principales victimes du VRS, les personnes âgées sont également susceptibles de développer un syndrome de détresse respiratoire aiguë ou des complications graves telles que l’exacerbation d’une maladie cardiopulmonaire sous-jacente ou une pneumopathie nécessitant une assistance respiratoire, lesquelles peuvent conduire au décès. À ce jour, trois vaccins disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) chez l’adulte : Abrysvo à partir de 18 ans pour l’immunisation active, Arexvy à partir de 50 ans chez les personnes à risque accru, et mResvia à partir de 60 ans. Ce dernier est un vaccin à ARN messager non disponible à l’heure actuelle sur le marché français.
En 2024, la Haute Autorité de santé (HAS) a élargi ses recommandations de vaccination contre le VRS à l’adulte à risque, à savoir les personnes âgées de 75 ans et plus, quel que soit leur état de santé, et les personnes à partir de 65 ans atteintes de bronchopneumopathie obstructive, d’insuffisance cardiaque ou d’autres pathologies chroniques respiratoires ou cardiovasculaires. Ces vaccins peuvent être administrés en une dose saisonnière, idéalement en amont de la période épidémique, et coadministrés avec les vaccins antigrippaux ou anti-Covid-19. La HAS n’a pas, à ce jour, préconisé de rappel annuel faute de données d’efficacité et de tolérance de doses itératives. L’autorité précise que ces recommandations seront effectives dès lors que ces vaccins seront pris en charge par l’Assurance maladie dans le cadre du droit commun. Or, alors que la période épidémique débute, aucun de ces vaccins n’est encore remboursé dans ces populations.
Deuxième saison : des vulnérabilités rémanentes
À l’heure de la nouvelle campagne de prévention se pose aussi la question de la protection des populations qui ont bénéficié d’un traitement préventif contre le VRS au cours de la saison précédente et qui sont encore à risque. Notamment, que proposer à une femme qui a reçu une dose de vaccin Abrysvo lors de la saison hivernale 2024-2025 et qui est à nouveau enceinte cette année ? « La durée de protection liée à une première vaccination n’est pas connue. Il n’y a pas de données concernant l’efficacité et la tolérance de doses itératives », souligne Daniel Floret. En cas de nouvelle grossesse chez une femme préalablement vaccinée contre les infections à VRS au cours d’une grossesse antérieure, il est donc conseillé de privilégier l’administration d’anticorps monoclonal chez le nouveau-né dès la naissance ou chez le nourrisson.
Sont aussi concernés les enfants jusqu’à 24 mois, qui traversent leur deuxième saison de circulation du virus, demeurent vulnérables à une infection sévère et pourraient tirer profit d’une immunisation. Cependant, Beyfortus ne fait pas encore l’objet d’un remboursement dans cette situation. La Direction générale de la santé précisait cependant, dans un DGS-Urgent paru en juin dernier, que les démarches administratives pour une prise en charge dans le cadre d’une ré-immunisation sont en cours.
Maintenir la lutte dans la durée
La campagne, instaurée en réponse à une épidémie de grande ampleur, devrait désormais s’installer dans la durée. « On ne peut espérer éliminer la maladie, explique Daniel Floret. Le virus ou les mesures de prévention entraînent une durée de protection courte. L’immunisation des nouveau-nés et des nourrissons par les anticorps monoclonaux, au moins aussi efficace que la vaccination, persiste au moins cinq mois, et ce avec une bonne tolérance. On peut espérer recueillir assez rapidement des données sur les re-vaccinations, ce qui permettrait de faire évoluer l’AMM pour une seconde vaccination. » Les recommandations vaccinales contre le VRS des femmes enceintes n’ont pas été modifiées pour la campagne 2025-2026. La principale évolution attendue est le remboursement des injections pour les personnes âgées, qui permet à l’officine de toucher une nouvelle cible.
À retenir
- La campagne de prévention de la bronchiolite repose sur la vaccination (Abrysvo) de la mère au cours de la grossesse et l’administration d’anticorps monoclonaux (Beyfortus et Synagis) chez le nourrisson.
- La protection conférée par l’immunisation est transitoire (au moins cinq mois).
- Certains enfants de moins de 2 ans à haut risque peuvent bénéficier d’une immunisation, mais sans prise en charge par l’Assurance maladie.
- En cas de nouvelle grossesse chez une femme préalablement vaccinée, l’administration d’anticorps monoclonal chez l’enfant est à privilégier.
- La vaccination des personnes âgées, bien que désormais recommandée, ne sera effective que lorsque les vaccins seront remboursés dans cette population.
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