Gastro-entérite : les pharmacies en première ligne pour protéger les huîtres

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Gastro-entérite : les pharmacies en première ligne pour protéger les huîtres

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Publié le 5 août 2025 | modifié le 13 août 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Une convention d’expérimentation vient d’être signée en Loire-Atlantique et en Vendée pour surveiller les ventes de médicaments antidiarrhéiques en pharmacie. Cette initiative vise à repérer les premières vagues de gastro-entérite afin d’alerter les ostréiculteurs, en amont d’une éventuelle contamination de leurs parcs à huîtres.

La signature, la semaine dernière, d’une convention préparatoire de production de données entre le Comité national de la conchyliculture (CNC), la société GERS Data, l’État et l’agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire marque le coup d’envoi d’une initiative originale. Cette étude a pour but de déterminer l’impact sanitaire de la consommation de médicaments antidiarrhéiques sur les eaux conchylicoles et donner l’alerte aux ostréiculteurs en cas de vagues de gastro afin qu’ils mettent leurs productions à l’abri. Ce dispositif s’inscrit dans une logique de détection précoce des signaux sanitaires liés aux épidémies saisonnières.

Limiter les pertes

Les professionnels de la conchyliculture de Loire-Atlantique et de Vendée sont régulièrement confrontés à une pollution de l’eau par le norovirus, compromettant la qualité sanitaire des coquillages. Lorsque les stations d’épuration débordent après de fortes pluies, les norovirus finissent en effet dans les zones de production conchylicole contaminant des milliers de coquillages et impliquant des fermetures en cascade. Pour Philippe Le Gal, président du Comité national de conchyliculture : « L’objectif de la profession est le « zéro malade » ! Nous avons déjà mis en place plusieurs indicateurs de surveillance, mais ce nouvel indicateur permettra une détection plus précoce des signaux sanitaires et une mise en sécurité plus rapide des coquillages dans les zones de production. »

Dans toute la France

Le réseau officinal est donc ici un allié de choix dans la surveillance de la qualité des eaux et représente près de 600 pharmacies dans ces deux départements. Les chiffres de vente des antidiarrhéiques, recueillis automatiquement et traités par la société GERSData, vont permettre d’actionner dès la mi-novembre le plan de prévention et d’alerte. « Les pharmacies sont des capteurs sanitaires à grande échelle. Un pic soudain de ventes de médicaments contre la diarrhée est un signal fort. Ce n’est pas un achat plaisir, c’est une alerte, que nous allons relayer en temps réel », résume David Syr, président de la société qui collecte les données de 82 % des pharmacies françaises.

L’expérimentation doit durer six mois. Si elle est concluante, elle pourrait être étendue au reste du littoral français, voire européen, dans les années à venir. Au-delà de la problématique conchylicole, l’action mise en place illustre aussi la démarche Une Seule Santé, destinée à permettre à chacun de prendre conscience que la santé humaine, la santé animale et la santé des écosystèmes sont liées.

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