Remises génériques : la colère des pharmaciens s’affiche en vitrine et vise l’industrie

Remises génériques : la colère des pharmaciens s’affiche en vitrine et vise l’industrie

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Publié le 2 août 2025 | modifié le 14 août 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Face à la réforme des remises commerciales sur les génériques et les biosimilaires, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO) appelle les pharmaciens à afficher en vitrine un visuel dénonçant un arbitrage favorable aux laboratoires… et désastreux pour l’économie officinale. Une campagne offensive, qui préfigure une mobilisation nationale.

Depuis le 1er août, les vitrines deviennent un terrain de lutte. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) appelle les titulaires à afficher un visuel accusateur, pointant une réforme jugée délétère pour l’économie de l’officine. Dans le viseur du syndicat : le plafonnement des remises commerciales à 30 % sur les génériques et à 15 % sur les biosimilaires, mesure confirmée pour le 1er septembre, selon les informations obtenues par l’USPO.

« Le gouvernement a tranché. Il assume un arbitrage qui va faire perdre jusqu’à 400 millions d’euros aux officines, tout en augmentant mécaniquement la marge des laboratoires », dénonce Pierre-Olivier Variot, président du syndicat. L’affiche, conçue comme un électrochoc, vise à révéler les effets économiques d’une décision présentée comme technique mais à forte portée politique. Le message est explicite : les industriels seraient les seuls gagnants de cette réforme, tandis que les officines en seraient les victimes directes.

À ce stade, Philippe Besset n’a pas encore validé l’affiche transmise par l’USPO : « Il ne me l’a pas proposée encore. Donc je vous dirai ce que j’en pense quand ce sera fait. » Une rencontre est prévue dans les jours à venir pour en discuter.

Une campagne visuelle pour élargir la mobilisation

Pensée comme un outil de rupture, l’affiche est destinée à tous les pharmaciens, au-delà des seuls adhérents de l’USPO. « J’espère qu’elle dépassera le cadre syndical », affirme Pierre-Olivier Variot. Ce visuel sera relayé par voie de presse dans un communiqué commun que l’USPO souhaite publier avec la FSPF et les autres syndicats. Objectif : enclencher une dynamique unitaire à l’approche de la journée de mobilisation prévue le 16 août, assortie d’un appel à la grève.

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Le message, quant à lui, ne laisse place à aucune ambiguïté : les pharmaciens ne doivent pas devenir les variables d’ajustement d’un système de prix contraint, orienté à l’avantage d’acteurs financiers. « Le plafonnement est une aubaine pour les laboratoires, et particulièrement pour ceux qui cherchent à se vendre à bon prix. Ce n’est pas un hasard si Biogaran est dans les tuyaux en ce moment », glisse le président de l’USPO, évoquant sans détour les opérations capitalistiques en cours dans le secteur générique.

Une décision politique assumée, un front syndical en gestation

Si l’arrêté n’est pas encore publié au Journal officiel, son entrée en vigueur au 1er septembre apparaît désormais actée. Pour le syndicat, le report vise à désamorcer toute mobilisation estivale. « L’arbitrage de Matignon est clair. C’est une décision politique. C’est donc au politique d’en assumer les conséquences sur le maillage officinal et la santé publique », assène Pierre-Olivier Variot.

Alors que plusieurs génériqueurs reçoivent des offres de reprise de fonds d’investissement, l’USPO alerte sur le changement de modèle que pourrait induire ce transfert de valeur vers l’industrie. En réponse, le syndicat mobilise l’arme la plus visible à sa disposition : la vitrine officinale. À chacun de l’habiller d’un message clair : la pharmacie n’est pas à vendre !

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