Une tribune alerte sur le risque de dérive tarifaire imposé par les labos

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Une tribune alerte sur le risque de dérive tarifaire imposé par les labos

Publié le 19 mai 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Des figures majeures du monde de la santé appellent la France à résister aux pressions de Sanofi et Novartis, qui plaident pour une hausse des prix des médicaments en Europe. En jeu : la régulation publique, l’accès équitable aux traitements et la souveraineté sanitaire.

L’alerte est lancée par un large front d’acteurs de la santé publique. Dans une tribune publiée le 13 mai dans L’Humanité, des médecins, chercheurs, responsables associatifs et représentants d’usagers exhortent la France à s’opposer à la stratégie défendue par Sanofi et Novartis auprès des institutions européennes. En ligne de mire : les récentes déclarations des P.-D.G. des deux laboratoires dans le Financial Times, appelant l’Union européenne à augmenter les prix des médicaments innovants au nom d’un prétendu « retard de compétitivité ».

Une rhétorique jugée trompeuse par les signataires, parmi lesquels figurent Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine, et Jean-François Corty, président de Médecins du Monde. « En 2024, Sanofi a dégagé un bénéfice net de 5,7 milliards d’euros, et Novartis 11,9 milliards de dollars. Ces niveaux de rentabilité sont comparables à ceux du secteur du luxe. Rien ne permet de parler de crise », écrivent-ils.

Alignement sur le modèle américain

Cette sortie médiatique des deux géants pharmaceutiques intervient dans un moment politique décisif : la finalisation, au Conseil de l’Union européenne, du futur paquet pharmaceutique, qui doit refondre en profondeur la législation sur le médicament. Dans ce cadre, Sanofi et Novartis plaident pour un alignement des prix européens sur les standards américains, nettement plus élevés.

Une orientation jugée lourde de conséquences. « Le système américain engendre des inégalités massives d’accès : près de 30 % des adultes ont renoncé à un traitement pour des raisons de coût en 2024, et 41 % déclaraient encore en 2022 avoir une dette médicale ou dentaire à rembourser », rappellent les auteurs. Ils dénoncent par ailleurs l’absence d’encadrement public des prix outre-Atlantique, et ses effets en cascade sur les négociations internationales : « Les États-Unis faussent la donne en imposant des prix de référence artificiellement gonflés. »

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