- Accueil ›
- Thérapeutique ›
- Médicaments ›
- Recherche et innovation ›
- Maladie d’Alzheimer : Leqembi, le grand espoir qui fait flop
© Getty Images
Maladie d’Alzheimer : Leqembi, le grand espoir qui fait flop
La Haute Autorité de santé (HAS) a rendu un avis défavorable concernant l’accès précoce au Leqembi, anticorps monoclonal développé par Biogen et Eisai. Le bénéfice clinique a été jugé trop limité face à des effets indésirables graves.
Le 27 août, la commission de la transparence (CT) de la HAS a rendu sa décision concernant la spécialité Leqembi, développée dans la maladie d’Alzheimer. L’autorité refuse le remboursement anticipé du médicament dans le cadre du dispositif d’accès précoce. Celui-ci permet aux patients d’accéder rapidement à un traitement dans le cadre de situation d’impasse thérapeutique.
L’indication évaluée concernait les patients adultes présentant un trouble cognitif léger ou une démence au stade débutant dus à la maladie d’Alzheimer, non porteurs ou hétérozygotes de l’allèle ApoE ε4, et présentant une pathologie amyloïde confirmée.
Très attendu par les associations de patients et de proches, ce traitement était présenté comme l’un des rares espoirs thérapeutiques face à la maladie d’Alzheimer, mais il suscite depuis plusieurs mois des controverses.
Un espoir fragile face à la maladie d’Alzheimer
Développé par les laboratoires Biogen et Eisai, Leqembi, comme Kisunla d’Eli Lilly, appartient à une génération de traitements visant les dépôts amyloïdes dans le cerveau. Cet anticorps monoclonal se fixe à la protéine amyloïde bêta pour réduire la formation de plaques, un mécanisme supposé ralentir le déclin cognitif.
Les essais cliniques ont montré un ralentissement modeste de la maladie : après 18 mois, une réduction de 27 % du déclin cognitif chez certains patients au stade précoce. Toutefois, ce bénéfice a été jugé très insuffisant face à des effets indésirables graves, tels que des œdèmes et hémorragies cérébrales, parfois mortels. La HAS a donc conclu à un rapport bénéfice/risque défavorable, le médicament ne répondant pas à l’ensemble des critères exigés pour un accès précoce.
Une ouverture possible en droit commun
Cet avis négatif n’exclut pas un remboursement futur via la procédure classique.
Le dossier est en cours d’examen et l’évaluation devrait être rendue dans les prochains mois. La HAS rappelle que d’autres médicaments ont déjà vu leur accès précoce refusé avant d’obtenir, par la suite, un remboursement de droit commun.
Un débat qui dépasse les frontières françaises
Leqembi a déjà obtenu une autorisation aux États-Unis et au Japon en 2023, puis en 2024 en Chine, en Corée du Sud, en Israël et au Royaume-Uni. En Europe, son parcours a été plus chaotique : après un premier refus en juillet 2024 puis un avis favorable en novembre, la Commission européenne a finalement accordé l’AMM le 15 avril 2025, après avoir exigé une nouvelle évaluation. Partout, son usage reste restreint aux patients présentant un risque limité d’effets indésirables graves. Au Royaume-Uni, le traitement est autorisé mais n’a pas obtenu de remboursement.
En France, la décision divise le corps médical. Certains spécialistes mettent en avant l’importance de quelques mois supplémentaires permettant de maintenir une vie sociale et familiale, tandis que d’autres considèrent qu’il s’agit d’un faux espoir au regard des risques encourus.
À noter que les trois médicaments autrefois autorisés dans les formes légères de la maladie ; Aricept (donépézil) du laboratoire Eisai, Reminyl (galantamine) du laboratoire Janssen et Exelon (rivastigmine) du laboratoire Novartis, ne sont plus recommandés ni remboursés depuis 2018.
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis