Voici le plan de guerre contre les remises à 30 %

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Voici le plan de guerre contre les remises à 30 %

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Publié le 17 juillet 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Grève des gardes renforcée, arrêt du tiers payant, fermetures hebdomadaires… Les syndicats de pharmaciens passent à l’offensive contre la réforme des remises. Objectif : maintenir l’équilibre économique des officines et éviter la casse du réseau.

Le 17 juillet, les syndicats représentatifs des pharmaciens : la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), appuyés par les collectifs de groupements, ont arrêté un plan d’action intersyndical. Objectif : faire barrage à la réforme des remises commerciales, dont le projet d’arrêté gouvernemental menace, selon les projections des experts-comptables de la profession le tiers des pharmacies françaises. Il ne s’agit pas d’un baroud d’honneur, mais une stratégie pensée pour durer et peser sur le Parlement.

« Pendant les réquisitions, on ne fera plus de tiers payant »

Première mesure immédiate : renforcement de la grève des gardes. Les pharmaciens réquisitionnés suspendront le tiers payant conventionnel. « Pendant les périodes de réquisition, on ne fera plus de tiers payant. Et si le gouvernement nous impose de recouvrer les franchises des patients, ce sera la fin du tiers payant », avertit Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

À la rentrée, les syndicats appellent à une grève de l’organisation des gardes. « On laissera les agences régionales de santé se débrouiller seules avec l’ensemble du dispositif », précise-t-il.

Le samedi noir des pharmacies

Le 18 septembre marquera une journée nationale de fermeture et de manifestation. Puis, à partir du 27 septembre, les officines resteront fermées tous les samedis, sans limite fixée. « Jusqu’à ce que nous obtenions : un arrêté acceptable sur les remises ou un changement de gouvernement », tranche Philippe Besset, qui assume la radicalité de cette action : « Ce sera notre mode gilet jaune. » Aujourd’hui, selon les deux syndicats, 6 000 officines sont menacées de fermeture à cause de cette mesure. « Les experts-comptables estiment qu’environ 30 % des pharmacies sont déjà en grande difficulté », souligne Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO.

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La menace économique n’est plus théorique

Le risque d’effondrement économique du réseau est réel, aggravé par la disparition progressive des marges sur les médicaments remboursables. « L’État est en train de mettre en musique le rapport qui préconisait de fermer plus de 5 000 pharmacies », relève Pierre-Olivier Variot, en référence au document transmis à Élisabeth Borne lors de son passage à Matignon.

Un mandat à 40 % Philippe Besset

Sur le terrain des remises, la ligne est claire. « Mon mandat, il est à 40 % », affirme Philippe Besset, qui revendique le maintien des 1,142 milliard d’euros de remises générées par les génériques et biosimilaires. « Je sais parfaitement à quel niveau se joue l’équilibre économique. Si le réseau n’est pas gagnant, il n’y aura pas d’accord. »

PDA, vaccination, dépistage : les autres actions suspendues

Les autres actions de protestation : suspension de la vaccination antigrippale, arrêt des kits de dépistage du cancer colorectal sont levées pour recentrer la mobilisation.
Seule mesure envisagée : l’arrêt de la préparation des doses administrées (PDA) pour les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), si les conditions tarifaires imposées par l’arrêté rendent cette activité économiquement intenable.

Manque de concertation

Alors que le ministère de la Santé et l’Assurance maladie avaient laissé espérer une marge de discussion, la ligne aurait été dictée par Bercy et le cabinet de Marc Ferracci, conseiller social du gouvernement.

« Il n’y a pas de concertation. Ils nous ont dit que c’était comme ça », déplore Pierre-Olivier Variot. La mobilisation vise désormais le débat parlementaire sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026. « Le but, c’est de mettre la pression au Parlement. On ira jusqu’au bout », confirme Pierre-Olivier Variot.

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