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Un rapport pour dire non à la financiarisation des officines
À l’initiative de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), un rapport interprofessionnel dénonce la progression de la financiarisation dans le réseau officinal. Porté par la plupart des institutions représentatives de la profession – à l’exception de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) – ce texte pourrait déboucher sur des mesures législatives ou réglementaires.
Dans les prochains jours, le rapport coordonné par l’USPO, et initialement élaboré avec la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP), l’Ordre national des pharmaciens, l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), devrait être officiellement présenté.
Tous les partenaires ont décidé de le signer – sauf la FSPF. « L’assemblée générale a tranché le 27 mars dernier : elle estime qu’il ne suffit pas de limiter les dispositifs de financiarisation, mais qu’il faut les abolir totalement dans le secteur pharmaceutique », explique Philippe Besset, président du syndicat. Syndicat qui revendique un positionnement clair : « Un adossement total au financement bancaire traditionnel, garant d’un maillage officinal indépendant. » Pour Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, cette critique ne tient pas. « Je ne laisserai personne dire que ce rapport est favorable à la financiarisation. Il a été pensé, écrit et validé dans le but de la combattre. »
Montages opaques, perte d’indépendance : une réalité documentée
Le rapport pointe des dérives déjà bien identifiées : captation des jeunes diplômés, contraintes contractuelles sur les outils de gestion, pactes d’associés non déclarés. « Nous aidons encore aujourd’hui des confrères pris au piège de ces structures », alerte Pierre-Olivier Variot.
Cinq groupes de travail ont été mobilisés pour construire le document :
– les étudiants ont évalué comment intégrer la financiarisation dans le cursus de formation ;
– la CAVP a proposé de nouveaux dispositifs financiers pour accompagner l’installation ;
– l’Ordre des pharmaciens a exploré les leviers juridiques à activer contre les pactes occultes ;
– les syndicats ont défini la stratégie de communication autour du rapport ;
– le rapport, piloté par Guillaume Racle (USPO), s’appuie sur les contributions de juristes spécialisés. Une version définitive a été établie, intégrant les observations de la FSPF, malgré son retrait final.
Un levier pour faire évoluer le droit
Ce rapport sera transmis à l’Inspection générale des affaires sociales (Igas, à l’Inspection générale des finances (IGF), à la Direction générale des entreprises (DGE), au ministère de la Santé, à Bercy et à la Cour des comptes. « Nous espérons qu’il débouchera sur des avancées législatives ou réglementaires pour mieux encadrer les pratiques de financiarisation dans notre secteur », souligne Pierre-Olivier Variot.
Plusieurs interlocuteurs institutionnels attendent ce travail pour orienter leurs décisions. Un pôle dédié à ces questions existe déjà au sein du ministère de la Santé.
La validation juridique en attente
La présentation officielle du rapport aura lieu dès que l’avis juridique demandé par l’Ordre sur sa conformité au droit européen aura été rendu. Étudiants, CAVP, Ordre et signataires seront présents. « C’est un acte fort d’unité. Toute personne qui affaiblit cette union porte une lourde responsabilité », avertit Pierre-Olivier Variot. Et de conclure : « La financiarisation est un poison lent. Si nous ne faisons rien aujourd’hui, c’est l’indépendance même du réseau officinal qui sera menacée. »
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