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Répartition pharmaceutique : 8 millions d’euros de pertes, encore une année dans le rouge
Malgré un chiffre d’affaires en hausse de 6 % en 2025, les grossistes-répartiteurs enregistreront une perte d’exploitation de 8 millions d’euros, selon la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP). Le secteur, en déficit chronique depuis plus de dix ans, alerte sur la nécessité de revoir son modèle de rémunération et de renforcer la reconnaissance de ses services logistiques.
Le délégué général de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP), Emmanuel Déchin, a confirmé à APMnews que la profession finirait l’année 2025 sur une perte d’exploitation de 8 millions d’euros, comme en 2024. Ce déficit survient alors même que le chiffre d’affaires atteint 22 milliards d’euros, dont 1,44 milliard liés à la marge réglementée et au « forfait froid ».
« Cela peut paraître maigre rapporté à l’activité, mais cela veut dire que vous ne gagnez pas d’argent », a résumé le représentant de la CSRP. Le secteur n’a pas connu de résultats positifs significatifs depuis plus de dix ans, avec un pic de déficit à 31 millions en 2020, ramené à 17 millions en 2021, puis à 3 millions en 2022.
Pression sur la marge et les coûts
La hausse du chiffre d’affaires est tirée par les produits les plus chers, mais la marge réglementée reste plafonnée. Fixée à 6,93 % du prix fabricant hors taxe, elle est limitée à 32,50 euros par spécialité. Résultat : la progression de la marge (+ 3,9 % en 2025) ne couvre pas l’augmentation des charges.
Le secteur emploie 11 000 collaborateurs et doit faire face à des investissements lourds, notamment liés à la transition écologique. « L’augmentation de nos ressources ne suit pas le rythme de nos charges », constate Emmanuel Déchin.
Deux pistes de réforme
Pour rétablir une visibilité économique, la CSRP propose deux axes de travail avec le ministère de la Santé :
– simplifier le système de rémunération : en supprimant la contribution annuelle sur les ventes en gros (210 M€), contre une baisse équivalente de la marge, afin de rendre les flux plus lisibles pour les pharmaciens comme pour les pouvoirs publics ;
– revaloriser les services logistiques : notamment le « forfait froid », fixé aujourd’hui à 0,63 €, et les produits soumis à des contraintes fortes (stupéfiants, 95 % distribués par les grossistes).
Ces propositions intéressent l’administration, mais les discussions sont ralenties par l’instabilité ministérielle et l’absence de « clause de revoyure » obligatoire pour la répartition, contrairement aux pharmaciens et aux laboratoires.
La vente directe en ligne de mire
Autre cheval de bataille : la lutte contre les ventes directes des laboratoires aux officinaux. Selon la CSRP, ces pratiques, concentrées sur 4 000 pharmacies disposant de capacités de stockage, aggravent les tensions d’approvisionnement pour les autres. L’hiver 2022-2023, marqué par des pénuries spectaculaires, a mis en évidence ce déséquilibre.
Depuis, l’Agence nationale de sécurité di médicament et des produits de santé (ANSM) a renforcé la détection précoce des ruptures et n’hésite plus à suspendre temporairement ces ventes directes. La CSRP participe au suivi grâce à son « observatoire de la disponibilité des médicaments », opérationnel depuis 2023.
Perspective pour les officinaux
La mission conjointe Inspection générale des affaires sociales (IIgas)/Inspection générale des finances (IGF), lancée fin septembre 2025, doit analyser les flux financiers de la distribution et mesurer l’impact des plafonds de remises sur l’économie officinale. La répartition espère y faire entendre sa voix, soulignant que 80 % des spécialités sont encore distribuées par les grossistes.
Pour les pharmaciens, cette fragilité économique du maillon répartiteur interroge : si la répartition ne trouve pas d’équilibre, c’est l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement officinale qui risque d’être fragilisé.
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