Rentrée 2025 : un étudiant en pharmacie doit débourser jusqu’à 3 791 €

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Rentrée 2025 : un étudiant en pharmacie doit débourser jusqu’à 3 791 €

Publié le 3 septembre 2025
Par Christelle Pangrazzi

Entre explosion des loyers, hausse continue des frais pédagogiques et préparation coûteuse au concours de l’internat, le coût de la rentrée 2025-2026 s’alourdit pour les étudiants en pharmacie. Selon l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), un étudiant de deuxième année devra assumer 3 190 €, tandis que le ticket grimpe à près de 3 800 € pour un candidat à l’internat. Derrière ces chiffres, la précarité s’installe et fragilise la réussite académique.

Le premier poste de dépense reste le logement. En 2025, le loyer moyen, charges comprises, atteint 625,88 € par mois, soit une hausse de + 8,68 % en un an. Un bond inédit après plusieurs années de progression plus contenue (+ 2,13 % entre 2021 et 2022, + 1,53 % en 2023, + 2,85 % en 2024). Cette flambée conduit 46,37 % des étudiants à renoncer au chauffage quand il serait nécessaire, et 13,21 % à vivre dans des logements insalubres.

Côté alimentation, les dépenses hors restaurant universitaire (RU) s’élèvent à 207,41 € par mois (+ 1,78 %). Mais 52 % des étudiants déclarent avoir sauté des repas pour des raisons financières, et 59,8 % ont modifié leurs habitudes alimentaires, souvent en réduisant les portions. Malgré les tarifs Crous (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) à 3,30 € le repas, 58,6 % jugent plus économique de cuisiner eux-mêmes.

À ces postes s’ajoutent :

– Transports : 145,64 €/mois (- 4,1 %), avec 33 % des étudiants ayant déjà fraudé faute de moyens.

– Téléphonie/Internet : 47,98 €/mois (- 20,9 %).

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– Loisirs : 49,10 €/mois (- 1,65 %).

– Protections menstruelles : 12,23 €/mois (+ 27,66 %), avec 12,7 % des étudiantes qui y renoncent parfois pour raisons financières.

– Étudiants ultramarins : un aller-retour avec leur territoire d’origine représente désormais 1 276,44 €, en hausse de + 3,13 %.

Frais universitaires et matériels : un coût qui s’alourdit année après année

L’inscription en pharmacie reste relativement stable mais progresse :

– 178 € en Diplôme de formation générale en sciences pharmaceutiques (DFGSP) (+ 1,71 %),

– 254 € en Diplôme de formation approfondie en sciences pharmaceutiques (DFASP) (+ 1,60 %),

– Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC) : 105 € (+ 1,94 %), contre 91 € en 2019.

Les dépenses de papeterie et fournitures augmentent nettement : 238,52 € en 2025 (+ 9,69 %). Le matériel pédagogique reste indispensable : blouse, lunettes de protection, verrerie, cahiers de laboratoire… Si les associations étudiantes permettent d’obtenir ces équipements pour 9,63 € en moyenne (contre 70 € en grande surface), la facture d’ensemble demeure lourde.

À cela s’ajoute l’achat quasi incontournable d’un ordinateur (≈ 549 €) et d’une imprimante (≈ 93 €), nécessaires pour accéder aux plateformes numériques et suivre les cours.

Le concours de l’internat : un investissement à plus de 800 €

Étape décisive pour accéder à l’hôpital ou à la biologie médicale, le concours de l’internat reste un gouffre financier. En 2025, son coût moyen atteint 810,41 €, en hausse de + 9,46 % par rapport à 2024.

Les postes les plus marqués :

– Adhésion aux associations de préparation : 31,85 € (+ 157 %),

– Transports : 185,48 € (+ 34 %),

– Logement sur place : 281,25 € (+ 0,5 %).

Près de 47,7 % des candidats dépensent plus de 300 € pour transport et hébergement le temps du concours. Une somme qui s’ajoute aux frais de scolarité et de la vie courante, et qui accentue l’inégalité entre étudiants.

Santé et logement : charges incompressibles

Les frais de santé et de logement alourdissent encore la rentrée :

– Mutuelle étudiante : 330 € (stable),

– Assurance logement : 87,11 € (+ 5,7 %),

– Dépôt de garantie : 625,88 € (+ 8,68 %), montant souvent rédhibitoire pour les étudiants.

Derrière ces chiffres, l’ANEPF pointe une précarité massive :

– 58,38 % des étudiants se déclarent préoccupés par leurs finances,

– seuls 28,29 % bénéficient d’une bourse,

– pourtant 86,44 % estiment qu’ils y auraient droit si le calcul reposait sur leurs revenus réels et non ceux de leurs parents.

Conséquence : 48,3 % travaillent en parallèle de leurs études, grignotant 11 heures par semaine sur leur travail universitaire. Pour 17,6 %, ce cumul a conduit à un redoublement.

L’ANEPF appelle à des réformes

Pour sortir de cette spirale, les étudiants demandent :

– un accès universel aux bourses basé sur la situation réelle,

– un retour à un calcul des bourses à n-1 par rapport au revenu des parents.

– la démocratisation du Régime spécial d’études (RSE) pour ceux contraints de travailler,

– et une transparence sur l’utilisation de la CVEC.

L’édition 2025 du coût de la rentrée en pharmacie met en lumière un paradoxe : alors que la société attend des étudiants en santé qu’ils garantissent demain l’accès aux soins, leur parcours reste conditionné par une barrière financière de plus en plus lourde. Les 3 190 € exigés en début de 2ᵉ année, et jusqu’à 3 791 € pour un candidat à l’internat, ne relèvent pas de simples frais administratifs mais d’un véritable filtre social. Derrière ces montants, ce sont la diversité des profils, l’égalité des chances et, in fine, le renouvellement du corps pharmaceutique qui se trouvent menacés. L’alerte de l’ANEPF dépasse la seule revendication étudiante : elle questionne la soutenabilité d’un modèle de formation qui, faute de soutien public, risque de se priver d’une partie de ses talents.

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