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Remises sur les génériques divisées par deux : nouvelle réunion, nouvelle déception
Malgré les alertes convergentes des syndicats, l’exécutif maintient sa décision d’abaisser le plafond des remises commerciales à 20 % dès le 1er juillet. Les représentants de la profession dénoncent une concertation creuse, un mépris du maillage officinal et une logique dictée par les industriels.
La réunion intersyndicale du 27 juin, en présence des cabinets Santé, Industrie, Économie et Comptes publics, n’a rien apporté de nouveau. « Ils nous ont juste répété la proposition de vendredi dernier 22 juin », résume Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « On leur a dit : « ce n’est pas tenable ». Ils ont tous nos chiffrages, ils savent ce que ça implique. Pourtant, ils nous resservent les mêmes éléments. C’est absurde. »
Même sidération du côté de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Il a fallu tout réexpliquer : l’impact du plafond sur le pondéré, la structure des volumes… Ils découvrent que 80 % des molécules sont aujourd’hui à 40 % de remise », souligne Guillaume Racle, élu au bureau national. « Ils nous disent que la direction de la Sécurité sociale leur donne d’autres chiffres, qu’ils ne comprennent pas nos alertes sur les pénuries. On a l’impression de ne pas parler la même langue. »
« Une mesure à 600 millions déguisée en économie à 100 millions »
Alors que le gouvernement affiche un objectif d’économies de 100 millions d’euros, les syndicats alertent : l’impact réel est bien plus lourd. « On leur dit : vous voulez 100 millions ? Mais votre mesure, c’est une amputation de 600 millions. Ils tombent des nues. C’est affolant », martèle Guillaume Racle.
Le raisonnement des cabinets frôle, selon Philippe Besset, l’absurde : « Ils nous expliquent que les génériqueurs compenseront d’eux-mêmes en remontant les remises sur d’autres molécules. Mais c’est une fiction. Les molécules qui ne sont pas à 40 % aujourd’hui ont déjà des prix beaucoup trop bas. Les labos veulent les sortir du marché. »
En effet, selon les syndicats, le gouvernement mise sur une hypothèse de compensation : les baisses sur certaines molécules seraient « équilibrées » par des hausses de remises sur d’autres. « C’est un raisonnement soufflé par l’industrie », souligne Guillaume Racle.
« Une concertation de façade, des arbitrages déjà faits »
La réunion du 27 juin donne aux syndicats le sentiment d’un simulacre. Aucun échange réel n’a eu lieu sur les conséquences pour les officines. « On leur a dit qu’on ne s’arrêterait pas là : grève des gardes, manifestations, actions à venir. Ils nous parlent de report technique au 2 ou 3 juillet. Mais rien sur le fond. Rien sur le manque à gagner. »
Baisse de prix confirmée, modèle économique abandonné
Le couperet tombe doublement pour les génériques. En plus de la remise abaissée à 20 %, une baisse de prix à hauteur de 100 millions d’euros a été confirmée par les cabinets. « Ils n’ont pas trouvé de modèle économique pour financer l’innovation, alors ils sacrifient le médicament mature, le générique », déplore Guillaume Racle.
« Nous avons sorti tous les arguments possibles, ajoute Philippe Besset. Mais ils n’écoutent pas. Ils ont une logique comptable, pas sanitaire. »
« Préserver l’industrie, faire payer les pharmaciens »
Pour les syndicats, la stratégie de l’exécutif devient limpide. « Ils nous l’ont dit quasiment mot pour mot : il faut préserver l’industrie. Donc faire porter l’effort ailleurs. Mais ce sont les officines qui créent de l’emploi en France, pas les promesses industrielles », martèle Guillaume Racle.
Les responsables syndicaux n’hésitent pas à dénoncer la captation de la politique du médicament par les logiques industrielles et les pressions de Bercy. « On protège les marges de multinationales qui délocalisent, pendant qu’on asphyxie ceux qui assurent la continuité des soins au quotidien dans les territoires. C’est intenable », poursuit Guillaume Racle.
Vyndaqel, Stelara, Roactemra : le deux poids deux mesures
Le sort de Vyndaqel, dont le coût dépasse le milliard d’euros, cristallise les griefs syndicaux. « L’État n’a rien fait pour contester son statut orphelin auprès de l’EMA, alors qu’il dépasse largement les critères. »
Même dénonciation concernant les prix de Stelara (289 M€) ou Roactemra (73,45 M€), maintenus à des niveaux élevés malgré la perte de brevet. L’USPO dénonce un système « économiquement insensé et politiquement biaisé ».
« Ils espèrent qu’on va lâcher. Nous, on tiendra. »
« Nous avons proposé des économies responsables et efficaces, mais l’État préfère l’argent rapide au détriment de la cohérence sanitaire. Qu’ils ne comptent pas sur nous pour cautionner cette logique », conclut Guillaume Racle.
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