Remises génériques : que peut-on vraiment attendre de la réunion avec Yannick Neuder mercredi 23 juillet ?

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Remises génériques : que peut-on vraiment attendre de la réunion avec Yannick Neuder mercredi 23 juillet ?

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Publié le 21 juillet 2025 | modifié le 22 juillet 2025
Par Christelle Pangrazzi

Alors que les pharmaciens poursuivent depuis début juillet un mouvement de grève des gardes, la réunion prévue mercredi 23 juillet au ministère de la Santé cristallise les attentes. En jeu : la possible révision du plafonnement des remises sur les génériques et les biosimilaires, dont la baisse fragilise encore un peu plus l’économie des officines.

Depuis le 1er juillet, le plafond légal des remises commerciales accordées sur les génériques est passé de 40 à 30 %. Déjà confrontés à la hausse des coûts, à la pression sur les marges réglementées et à des trésoreries sous tension, les pharmaciens considèrent cette décision gouvernementale comme un facteur aggravant de leur fragilité économique. La réunion prévue mercredi au ministère de la Santé et de l’Accès aux soins, en présence du ministre Yannick Neuder, est perçue comme une dernière tentative pour obtenir un réajustement.

L’Ondam, clé de voûte des économies de santé

Cette baisse des remises s’inscrit dans la logique de réduction des dépenses de santé voulue par le gouvernement. Elle s’insère dans le cadre de l’objectif national de dépenses d’Assurance maladie (Ondam), outil de maîtrise des dépenses voté chaque année par le Parlement dans la loi de financement de la sécurité sociale. L’Ondam fixe un plafond annuel aux dépenses prises en charge par l’Assurance maladie, qu’il s’agisse des soins de ville, des médicaments ou des établissements de santé.

Des officines sous pression économique

Pour les officinaux, cette décision méconnaît la place des remises commerciales dans le modèle économique des pharmacies. Ces remises représentent un levier de trésorerie indispensable pour compenser la faiblesse des marges réglementées, dans un secteur où plus de 90 % des revenus proviennent des remboursements de l’Assurance maladie. À l’échelle d’une officine moyenne, la perte annuelle induite par la baisse des remises est estimée entre 30 000 et 50 000 euros. Des montants susceptibles d’entraîner des suppressions de postes ou des réductions d’horaires d’ouverture.

Une mobilisation discrète, mais déterminée

Le mouvement de grève des gardes, lancé début juillet, reste peu perceptible du grand public, car les pharmacies réquisitionnées par les préfectures continuent d’assurer le service. Pour contourner cette invisibilité, les syndicats ont décidé de suspendre le tiers payant durant les périodes de réquisition, afin d’alerter les patients sur la situation financière des officines.

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Dans un contexte où 260 pharmacies ont déjà fermé en 2024, la profession redoute une accélération des cessations d’activité si la réforme des remises est maintenue en l’état.

Plusieurs scénarios possibles sur la table

La réunion prévue mercredi pourrait ouvrir la voie à plusieurs options. Une réévaluation du plafond des remises. Une modulation en fonction de la taille des officines ou des segments de marché. Une compensation via d’autres dispositifs économiques ou conventionnels. Rien n’est exclu à ce stade, pas même le maintien des nouvelles règles assorti de mesures d’accompagnement pour les structures les plus vulnérables.

Un modèle économique à repenser

Au-delà des remises, cette séquence interroge la viabilité économique du réseau officinal. La baisse des remises commerciales vient s’ajouter à un ensemble de mesures qui, cumulées, fragilisent durablement les officines. Le risque, désormais identifié par la profession, est celui d’un affaiblissement du maillage territorial, en particulier dans les zones rurales et périurbaines.

La rencontre de mercredi dépasse donc le cadre technique. Elle pourrait déterminer l’équilibre entre la politique de régulation des dépenses publiques et la pérennité économique du réseau officinal.

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