Remises génériques : les pertes sont estimées à 30 000 euros par officine

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Remises génériques : les pertes sont estimées à 30 000 euros par officine

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Publié le 17 août 2025
Par Christelle Pangrazzi
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La profession alerte sur un choc économique majeur lié à la baisse des remises sur les génériques. Mais les estimations divergent : 4 000 € pour le gouvernement, 30 000 € pour les syndicats. Derrière la bataille des chiffres, c’est la survie du modèle officinal qui est en jeu.

Le 16 août, de nombreuses pharmacies sont restées fermées pour protester contre la réforme des remises génériques. Invitée de France info, Delphine Chadoutaud, présidente de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens d’Île-de-France a mis un chiffre sur l’angoisse des titulaires : 30 000 euros de pertes annuelles par officine. « C’est avec le générique que j’arrive à payer mon équipe, mes charges, et à me rémunérer. Sur le reste, je gagne très peu », a-t-elle expliqué.

Le gouvernement, lui, minimise l’impact. Selon les chiffres communiqués à l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO), la perte moyenne ne dépasserait pas 4 000 euros par pharmacie. Un chiffre jugé irréaliste par Pierre-Olivier Variot, son président : « En intégrant les remises réellement pratiquées, on arrive à 299 millions d’euros de pertes, soit 15 000 à 16 000 euros par officine. Et si le plafond descend à 20 %, on sera autour de 600 millions, soit près de 30 000 euros par officine. »

Même constat pour Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui parle d’un ordre de grandeur compris « entre 20 000 et 40 000 euros par officine, selon les paliers ».

Pourquoi toucher au générique ?

La profession s’interroge : pourquoi cumuler une baisse des prix et une baisse des remises, au risque d’asphyxier le réseau officinal ? « C’est économiquement intenable », insiste Pirre-Olivier Variot. « On nous dit que c’est pour protéger les laboratoires français, mais c’est exactement l’inverse qui va se produire. »

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À l’inquiétude économique s’ajoute la crainte de dérives : en réduisant les marges officielles, le dispositif favoriserait des pratiques opaques et un « marché parallèle » des remises, hors de toute  fiscalité.

Une riposte qui se déplace au Parlement

Face à un gouvernement accusé de fermer la porte au dialogue, les syndicats annoncent leur stratégie : obtenir un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour que le niveau des remises ne soit plus fixé par simple arrêté ministériel, mais par la loi.
Philippe Besset résume : « Je ne discute plus avec le ministère. Je discute avec les députés. La prochaine étape, c’est le PLFSS : faire tomber cet arrêté. »

Un risque systémique pour le réseau

Au-delà de la bataille chiffrée, une certitude : le générique est devenu la principale source de marge pour les officines. Si cette bouffée d’oxygène disparaît, c’est non seulement l’emploi qui est menacé, mais aussi le maillage territorial des 20 500 pharmacies françaises.

« Le générique est notre bouée d’oxygène. Si on la coupe, c’est l’emploi, le maillage et la santé publique qui sont menacés », conclut Delphine Chadoutaud.

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