Perte du monopole des produits de contraste : les radiologues s’expliquent

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Perte du monopole des produits de contraste : les radiologues s’expliquent

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Publié le 13 décembre 2022
Par Francois Pouzaud
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Alors que les syndicats pharmaceutiques s’alarment d’un amendement glissé en catimini dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023 qui pourrait modifier le circuit de distribution des produits de contraste, Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR), explique : « Il ne s’agit pas d’un amendement déposé par surprise, nous en discutons depuis un an avec l’Assurance maladie et cette mesure était connue du président de la FSPF avec qui j’ai échangé sur le sujet, du fait de la proximité de nos lieux d’exercice (ce radiologue exerce à Carcassonne et Philippe Besset à Limoux, NdlR), corrige-t-il. Tous les pays du monde ont adopté ce dispositif à l’exception du Japon et de la France. Il n’est pas question pour les radiologues de devenir des propharmaciens, nous achèterons des produits de contraste mais ne les revendrons pas aux patients. »

Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), s’inscrit en faux contre ces affirmations. « Les seuls sujets dont nous avons discuté ensemble remontent à avant la crise du Covid-19 à propos de la délivrance par le pharmacien des grands conditionnements de produits de contraste à la place des petits modèles et de la possibilité pour le pharmacien de génériquer les produits de contraste. »

Perte économique minimisée

Par ailleurs, le président de la FNMR conteste la perte de chiffres d’affaires de 290 millions d’euros – estimée par la FSPF – pour le réseau officinal : « Ce montant englobe les produits utilisés par les médecins d’autres spécialités (médecins spécialisés en angiographie coronarienne, etc.), or le chiffre d’affaires visé dans cet amendement concerne uniquement celui des produits prescrits par les radiologues, soit 188 millions d’euros, soit une baisse de 17 millions d’euros de marge pour les pharmaciens. » Contre une perte de 25 millions d’euros avancée, cette fois, par l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO).

« Eviter les erreurs de délivrance »

Ce que demande ni plus ni moins la FNMR, c’est de pouvoir acheter des présentations de produits de radiologie multi-patients, ce qui est « illégal » en France aujourd’hui. « Nous achetons déjà des médicaments (Bétadine, adrénaline…) en direct auprès des laboratoires pour l’exercice de notre art. Grâce à cet amendement, nous pourrons demain acheter des produits de contraste présentés en conditionnement de 500 ml ou 1 litre à utiliser pour plusieurs patients, plutôt que des seringues individuelles qui sont source de gâchis car on injecte rarement l’intégralité de la dose, explique-t-il. Avec des poches « multi-patients », on diminuerait les doses injectées et réduirait aussi les rejets dans la nature. Par ailleurs, on éviterait les erreurs de délivrance en pharmacie. »

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) doit encore donner son accord sur l’achat de présentations « multi-patients » par les radiologues, le président de la FNMR assurant que les exigences de traçabilité seront satisfaites. Ce nouveau circuit d’approvisionnement serait applicable au 30 juin 2023.

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Recours en cours

Pour l’heure, l’USPO vient de déposer un recours constitutionnel afin de vérifier si la modification des forfaits techniques des radiologies en y intégrant le coût des produits de contraste est conforme à la constitution. La FSPF vient également de déposer un mémoire devant la haute institution dans la mesure où l’amendement déposé par le gouvernement n’a pas été discuté au Sénat.