Pénuries de médicaments : des patients excédés et désemparés 

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Pénuries de médicaments : des patients excédés et désemparés 

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Publié le 10 octobre 2025
Par Sana Guessous
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Un patient sur trois est confronté aux pénuries et ruptures d’approvisionnement en médicaments. Se retrouver à court de traitement est une source de stress majeure pour les patients et leurs aidants, comme en attestent les nombreux témoignages recueillis par les associations de patients. Pour cette population, anticiper est le maître mot. 

Thomas, diabétique de type 1 sous pompe à insuline, doit appeler régulièrement une dizaine de pharmacies dans plusieurs villes environnantes pour se procurer ses cartouches d’insuline, en forte tension d’approvisionnement depuis août 2025. Le butin est souvent maigre : à peine trois boîtes pour couvrir quinze jours de traitement. « Mon pharmacien, qui m’aide beaucoup, continue de harceler sa plateforme logistique. Il contacte le prestataire de pompes pour obtenir le peu de cartouches vides à sa disposition. Il accepte aussi de m’approvisionner en flacons pour que je puisse moi-même remplir les réservoirs. Ce bricolage est intenable et extrêmement angoissant », se désole le patient. 

Des pharmaciens souvent démunis  

« Le diabétique est le paradigme des crises d’approvisionnement que nous vivons. Sans son traitement, il va mourir », assure Marie-Laure Lumediluna, présidente de l’Association des diabétiques d’Aix-Pays de Provence et de l’Ouest Var. Chaque jour, des patients sont confrontés à des ruptures qui compromettent la continuité de leurs traitements, les mettant ainsi en danger : « Nous avons reçu le témoignage d’une mère dont la pharmacie ne lui trouvait pas Vimpat, le médicament de son enfant épileptique. Elle n’en avait plus et, complètement désemparée, songeait aux risques encourus par son fils en cas de rupture de traitement », témoigne celle qui est également vice-présidente de France Assos Santé Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca). 

Des ruptures de traitement dangereuses 

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En psychiatrie aussi, les effets des ruptures d’approvisionnement en psychotropes peuvent être gravissimes : « La quétiapine, par exemple, est un médicament irremplaçable. Un patient s’est retrouvé aux urgences psychiatriques parce que l’alternative prescrite par son psychiatre n’a pas fonctionné. Résultat, un mois plus tard, le patient était en chambre d’isolement où il était régulièrement contentionné », déplore Marie-Laure Lumediluna. 

Un coût psychique important 

« C’est très angoissant de subir à la fois la maladie et la rupture d’approvisionnement. La vie du patient mais aussi de son entourage aidant se complique considérablement. Des atteintes à la qualité du soin et de la vie qui ne peuvent plus durer », affirme Sylvia Lenoir-Nanci, coordinatrice régionale France Assos Santé Paca. Ses conseils pour les patients : être acteurs de leur santé en s’impliquant dans les consultations médicales et en nouant un dialogue étroit et serein avec le pharmacien, sans oublier d’anticiper les ruptures en consultant le site de l’ANSM, qui offre un suivi fiable et en temps réel des situations de pénuries.