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- Orientations de la FSPF 2025-2028 : une ligne politique durcie pour préserver « l’indépendance officinale »
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Orientations de la FSPF 2025-2028 : une ligne politique durcie pour préserver « l’indépendance officinale »
La reconduction de Philippe Besset à la tête de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) marque une ligne désormais plus tranchée. Le président entend prendre pour boussole un triptyque devenu slogan fédéral : protéger l’exercice officinal, développer les missions, innover dans l’organisation.
Autour de ces trois piliers, la FSPF veut structurer l’ensemble de ses actions pour répondre aux urgences du moment : une réglementation de plus en plus lourde, des tensions économiques grandissantes et des menaces récurrentes sur le monopole pharmaceutique.
Ras-le-bol des contraintes : vers une simplification d’ampleur
« Ce qui remonte du terrain, c’est un ras-le-bol massif », alerte Philippe Besset. À l’appui, un syndicat départemental affilié à la FSPF a recensé plus de 100 obligations administratives jugées superflues. Cet empilement de normes, procédures et contrôles est devenu, selon la fédération, un frein majeur à l’exercice officinal.
Dans le viseur : la complexité croissante des règles de facturation, les erreurs de codage devenues sources d’indus, mais aussi le retard des prescripteurs dans l’adoption des outils numériques. « L’ordonnance dématérialisée, censée fluidifier les échanges, est encore trop peu utilisée. Les logiciels médicaux ne sont pas tous prêts, et les prescripteurs n’ont pas encore franchi le cap. »
La FSPF réclame une refonte complète de l’environnement réglementaire et technique, avec un soutien massif à l’équipement des officines et une interopérabilité renforcée des systèmes.
Indus : pour une logique de responsabilité partagée
Le dossier des indus reste l’un des sujets les plus explosifs. Philippe Besset dénonce « des pratiques automatisées, déconnectées de la réalité du terrain », qui peuvent se traduire par des redressements de plusieurs centaines de milliers d’euros sur des erreurs parfois imputables à d’autres acteurs de la chaîne de soins.
La FSPF demande l’instauration d’un dispositif fondé sur l’analyse conjointe des responsabilités entre prescripteur, dispensateur et patient. Elle exige également l’arrêt des notifications automatiques et la mise en place d’une validation humaine en amont de toute procédure. « Nous voulons un traitement équitable, fondé sur la présomption d’innocence. »
GLP-1 : une bombe à retardement
L’encadrement de la dispensation des analogues du GLP-1, via l’obligation d’indiquer le code PRR sur l’ordonnance, pourrait donner lieu à une vague massive d’indus, alerte la FSPF. En l’état, seules 14 % des prescriptions comportent le code requis, ce qui expose 86 % des délivrances à un risque de non-conformité.
« Nous refusons que des milliers de patients diabétiques soient privés de traitement pour une question de codage administratif », insiste Philippe Besset. La fédération réclame un report immédiat du dispositif, la suppression du format papier, et un accompagnement pédagogique pour les prescripteurs.
Fin de non-recevoir sur la financiarisation
Moment symbolique de cette assemblée générale : le refus par la FSPF de signer le rapport sur la financiarisation de l’officine, élaboré avec l’USPO. Ce document, qui pointait les dérives de la financiarisation et visait à encadrer très durement l’entrée de capitaux extérieurs, est perçu comme une porte ouverte à la perte d’indépendance.
« L’assemblée générale a tranché : nous ne voulons pas accompagner la financiarisation, nous voulons y faire barrage », affirme Philippe Besset. La fédération réaffirme sa conviction que l’investissement en pharmacie doit rester adossé au financement bancaire traditionnel, garant d’un maillage officinal indépendant.
Sur le plan du monopole, le discours est tout aussi clair : « La sécurité sanitaire passe par un monopole encadré de la dispensation. Nous nous opposerons à toute dérive, qu’il s’agisse de la vente en ligne sauvage ou d’expérimentations par des plateformes. »
Officines rurales : accompagnement structuré et territorialisé
Le plan « Action Pharmacie Rurale » est relancé, avec une volonté claire de ne plus laisser les pharmacies isolées face à leurs difficultés économiques. « Ces officines ne peuvent pas construire seules leur redressement. Elles doivent être soutenues par les ARS, les élus et les syndicats », insiste Philippe Besset.
Un groupe de travail dédié est mis en place, accompagné d’un outil cartographique pour localiser les officines en situation de vulnérabilité. Objectif : anticiper les fermetures, soutenir les redéploiements, et préserver l’accès aux soins dans les territoires.
Élargir les missions, reconnaître l’acte pharmaceutique
Prévention, dépistage, vaccination : la FSPF plaide pour un élargissement cohérent et structuré des missions, accompagné d’une rémunération conventionnelle claire. L’exemple réunionnais du vaccin contre le chikungunya, jugé trop complexe et désincitatif, est cité comme contre-modèle.
« Le pharmacien doit pouvoir vacciner dans son officine, tracer dans le DMP, et être payé pour cela », résume Philippe Besset. Le syndicat réclame que l’ensemble des actes pharmaceutiques, y compris le temps de conseil, soient intégrés dans la nomenclature.
Transition numérique et IA : des outils, pas des contraintes
La généralisation de l’ordonnance électronique, y compris à l’hôpital, figure parmi les priorités du mandat. La FSPF demande également l’intégration de Visiodroits® dans tous les établissements et un soutien à l’équipement numérique des officines.
Statut, formation : une attractivité à reconstruire
Le déploiement du diplôme d’études spécialisées (DES) de pharmacie d’officine dès 2025 constitue, pour la FSPF, une priorité absolue. Ce cursus, équivalent à l’internat médical, doit permettre de renforcer la compétence clinique des futurs titulaires et d’ancrer l’exercice officinal dans une logique de spécialisation.
Mais cette réforme nécessite des adaptations structurelles. « Nous avons besoin d’un statut de maître de stage universitaire, d’un cadre légal, d’un financement dédié et d’une montée en charge progressive. C’est indispensable pour que nos jeunes diplômés aient envie de s’installer, notamment en zones rurales », insiste Philippe Besset.
La FSPF plaide également pour une revalorisation de la filière préparateur : création d’une licence professionnelle pour les techniciens-préparateurs, consolidation des parcours, et finalisation du CQP en phytothérapie et aromathérapie d’ici 2026, pour accompagner l’essor du conseil officinal.
Ordre de bataille
« Nous avons des échéances précises, des leviers identifiés. Il faut maintenant faire bloc », conclut Philippe Besset. À court terme, la fédération est mobilisée sur plusieurs fronts : réforme GLP-1, déploiement de l’ordonnance numérique, soutien aux officines rurales, reconnaissance des nouvelles missions.
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