Maillage officinal : bientôt une antenne de pharmacie à Puycasquier

Transformer l’ancienne officine du village en antenne de pharmacie, c’est l’option choisie par le maire de Puycasquier, Louis Turchi, pour assurer la continuité des soins auprès des habitants. « Lorsque le pharmacien du village a fermé son officine en janvier 2025, nous avons essayé en vain de trouver un repreneur, même en proposant la pharmacie à zéro euro. Face à cette situation, la solution de l’antenne nous a paru la plus appropriée », explique-t-il.

Les stocks fournis par une pharmacie voisine

L’annexe de Puycasquier dépendra d’une pharmacie-mère située à Auch, à 23 kilomètres du bourg. Cette officine salariera l’ancien pharmacien du village pour qu’il assure la gestion quotidienne de l’antenne, qui ouvrira du lundi au vendredi de 9 heures à midi. « Dans un premier temps, l’antenne fournira surtout les médicaments. Mais les officinaux impliqués dans ce projet prévoient d’y mener aussi des missions de santé publique comme la vaccination et le dépistage », explique Louis Turchi.

Le cahier des charges n’est pas respecté

Problème : cette annexe, qui a eu il y a quatre mois l’aval de l’Agence régionale de santé d’Occitanie et que le député de la première circonscription du Gers, Jean-René Cazeneuve, soutient activement, est suspendue à la publication d’un arrêté ministériel. Un texte qui tarde à paraître et ralentit le projet. « La pharmacie-mère doit entre autres constituer ses stocks, ouvrir un nouveau compte chez les grossistes. Le pharmacien qui s’occupera de l’antenne doit aussi avoir le temps de déposer son préavis auprès de l’officine où il travaille actuellement », énumère le maire de Puycasquier. Pour Lucie Bourdy-Dubois, présidente de la commission Métier pharmacien à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), ce projet d’antenne ne respecte pas le cahier des charges : « La pharmacie-mère doit être la plus proche de l’antenne, ce qui n’est pas le cas ici. Cela risque de fragiliser économiquement les officines autour de Puycasquier. De plus, les horaires d’ouverture de l’annexe sont amples. Peut-on encore parler d’antenne ? Cela ne revient-il pas plutôt à avoir deux points de vente ? C’est la porte ouverte à des dérives. »

Un dispositif méconnu et peu promu

Les antennes de pharmacie ont été introduites par l’article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018. Objectif : expérimenter de nouvelles organisations en santé pour améliorer l’accès aux soins. Les contours de ce dispositif destiné « aux communes à très faible population » ont été précisés par la loi d’accélération et de simplification de l’action publique (Asap), votée en 2020. Mais cinq ans après, seul le village de Cozzano en Corse abrite une annexe de pharmacie. « Il est regrettable que l’État ne s’empare pas véritablement de ce sujet qui permet d’offrir un accès au médicament dans des zones rurales désertifiées », regrette Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « En un peu moins d’un an, l’antenne de Cozzano a reçu environ 2 000 patients, soit une trentaine par demi-journée d’ouverture. Il faudrait voir si c’est rentable dans la durée pour la pharmacie-mère », estime Lucie Bourdy-Dubois.

Le statut juridique reste à clarifier

En 2023, un projet d’antenne a émergé à Tende (Alpes-Maritimes) mais « face à plusieurs obstacles juridiques et à des difficultés de recrutement, il n’a pas été possible d’ouvrir l’antenne prévue », déplore Jean-Jacques Lozach, sénateur de la Creuse, qui réclame de clarifier le statut juridique des antennes et leur lien avec l’officine de rattachement. Votée en 2023, la loi dite Valletoux « prévoit d’étendre le champ des dérogations permettant de mettre en œuvre ces antennes et précise leur statut juridique », a assuré Fadila Khattabi, alors ministre déléguée chargée des personnes handicapées. Des projets d’antenne sont actuellement en préparation à Luri (Corse), Coupiac (Occitanie), Prissac (Centre-Val de Loire) et Crémeaux (Auvergne-Rhône-Alpes).

Des Assises pour agir sur l’avenir du maillage pharmaceutique

L’homogénéité de la répartition démogéographique des officines est l’un des piliers du modèle pharmaceutique français. Présentation d’un livre blanc riche de propositions pour optimiser la présence des officines sur le territoire au service des patients, étude de projection économique pour évaluer les conséquences d’une dérégulation… Les Assises du maillage pharmaceutique, organisées par Le Moniteur des pharmacies se dérouleront le 24 juin 2025 à l’Institut Pasteur (Paris).

Pour participer à cette initiative concernant l’ensemble des acteurs (officinaux, syndicats, groupements, grossistes-répartiteurs, industriels du médicament, collectivités locales, payeurs publics et privés, prestataires bancaires, etc.), l’inscription est gratuite.