Les grandes orientations 2025 se précisent pour les pharmaciens

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Les grandes orientations 2025 se précisent pour les pharmaciens

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Publié le 28 mars 2025
Par Christelle Pangrazzi
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À l’issue du Comité de liaison officinal du 13 mars, Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), a livré dans un éditorial une lecture des échanges avec les autorités sanitaires. Prescription des analogues du GLP-1, remises sur les biosimilaires, gestion des pénuries, sortie du cadre Covid : l'officine se dirige vers une redéfinition des équilibres entre contraintes réglementaires et capacités opérationnelles à l’officine.

Le Comité de liaison officinal (CLO) du 13 mars a réuni les syndicats représentatifs de la profession et les directions centrales de l’administration sanitaire : la Direction générale de la santé (DGS), la Direction de la sécurité sociale (DSS), la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ainsi que la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam). Cette réunion  a permis de clarifier les chantiers ouverts pour 2025. Dans son éditorial, le président de l’USPO s’attache à en dégager les lignes de force : si les objectifs affichés par les pouvoirs publics visent une rationalisation du système de soins, plusieurs mesures risquent, dans leur mise en œuvre, de fragiliser les équilibres économiques et organisationnels de l’officine.

Prescription des analogues du GLP-1 : des intentions sanitaires aux effets de bord administratifs

La mise en place depuis le 1er février d’une procédure de prescription renforcée pour les analogues du GLP-1, destinée à mieux encadrer l’usage de ces traitements dans le diabète de type 2, suscite une inquiétude mesurée mais persistante. En dépit d’un objectif de régulation assumé, la profession s’interroge sur la lourdeur administrative du dispositif.

Pierre-Olivier Variot souligne que l’empilement réglementaire, loin de clarifier les rôles, expose les pharmaciens à « une charge supplémentaire et à un risque d’indus accru », sans réel gain en efficience sur le terrain. L’exemple est emblématique de ce que l’USPO identifie comme une dérive : des outils pensés pour sécuriser le parcours de soins, mais dont l’exécution repose sur une chaîne officinale à flux tendu.

Sortie du Covid-19 : rupture ou transition inachevée ?

L’abrogation, depuis le 1er mars, de l’arrêté du 1er juin 2021 marque la fin du cadre exceptionnel lié à la crise sanitaire. Dans ce nouveau régime, les tests PCR ne sont pris en charge que sur prescription médicale, tandis que les tests antigéniques (TAG) sortent du panier de soins remboursables.

L’USPO plaide pour une approche transitoire, qui permettrait d’inscrire les TAG dans le droit commun, avec une tarification différenciée selon le résultat du test, afin de maintenir une capacité de veille épidémiologique en ville. L’avis attendu de la Haute Autorité de santé (HAS) dans les prochains mois est désormais un point d’inflexion stratégique. Le président du syndicat le formule ainsi : « Espérons que cette réponse réglementaire ne tombe pas après l’épidémie, comme c’est trop souvent le cas. »

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Remises sur les biosimilaires : une ligne d’équilibre à défendre

La concertation en cours sur le plafond des remises accordées dans le cadre de la substitution des biosimilaires et hybrides ouvre un front économique décisif. Pour l’USPO, la position est claire : pas de remise inférieure à celle des génériques, soit 40 %.

Au-delà de la simple défense d’une marge, il s’agit de préserver une logique de cohérence tarifaire et d’éviter, selon les termes du président de l’USPO, « une mécanique de vases communicants entre classes thérapeutiques, qui aboutirait à un affaiblissement structurel de l’économie officinale ».

Rupture de quétiapine : une absence de synchronisation révélatrice

La pénurie récente de quétiapine a illustré de façon concrète les effets délétères d’un manque de coordination entre l’ANSM, qui a publié un tableau d’équivalence pour guider les préparations magistrales, et la Cnam, dont l’arrêté de remboursement n’est intervenu que dix jours plus tard.

Cette séquence, selon l’USPO, incarne une faille systémique : des décisions sanitaires pertinentes sur le fond, mais sans articulation temporelle avec les outils de facturation. Pierre-Olivier Variot appelle à « une harmonisation effective entre régulation et exécution », quitte à envisager une évolution des logiciels de gestion officinale.

Substituts nicotiniques : un dispositif enfin opérationnalisé

Prévue par la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2022, la prescription officinale de substituts nicotiniques devrait enfin faire l’objet d’une mise en œuvre, sous forme d’expérimentation. Annoncée pour le quatrième trimestre 2025, elle sera conduite dans trois régions pilotes – Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Provence-Alpes-Côte d’Azur – sur une durée de deux ans.

L’USPO salue une avancée attendue, qui permettrait de repositionner le pharmacien comme acteur de santé publique de proximité, dans une logique de prévention active. Pour Pierre-Olivier Variot, « ce sont précisément ces leviers simples, efficaces et déjà encadrés qui doivent être accélérés, plutôt que de superposer des contraintes ».

Une consolidation sous tension

Au terme de cet inventaire, l’éditorial trace en creux une tendance lourde : 2025 sera une année de consolidation institutionnelle du rôle de l’officine, mais dans un contexte de pression réglementaire croissante. L’USPO entend maintenir sa vigilance sur les points de rupture possibles, tout en poursuivant le dialogue avec l’administration.

« Nous n’avons pas vocation à bloquer les réformes, mais à garantir leur viabilité sur le terrain. Ce qui est acceptable au niveau central ne l’est pas toujours dans le quotidien d’une équipe officinale », conclut Pierre-Olivier Variot.

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