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Le Sénat vote la réduction de l’Aide médicale d’État
Les prestations de santé programmées non urgentes ne seront désormais prises en charge qu’après accord préalable des caisses primaires d’Assurance maladie.
Un ajustement budgétaire au nom de la rationalisation
Adoptée par 201 voix contre 126, cette mesure s’inscrit dans l’examen du projet de loi de finances pour 2025. Défendue par la majorité sénatoriale, elle dépasse les économies initialement envisagées par le gouvernement, qui avait évoqué une réduction de 108 millions d’euros. La ministre de la Santé a soutenu la coupe, justifiant que « le budget de l’AME doit participer à l’effort national de rationalisation des dépenses ».
Cette réforme s’appuie sur un rapport de 2023, corédigé par Patrick Stefanini et Claude Evin, qui recommandait de limiter les prestations non urgentes, comme les interventions sur la cataracte ou la pose de prothèses.
Un débat politique polarisé
À gauche, la réforme a suscité une vive opposition. « Vous portez atteinte aux valeurs de fraternité et au travail des soignants », a dénoncé Bernard Jomier, sénateur socialiste. Laurence Rossignol a, pour sa part, accusé la majorité sénatoriale d’envoyer des « signaux » à l’électorat du Rassemblement national. Patrick Kanner, président du groupe socialiste, a exprimé son indignation : « Vous aurez la censure et le déshonneur. »
Le groupe macroniste RDPI a également voté contre la mesure, estimant qu’elle repose sur des préjugés. « L’AME ne joue pas un rôle d’appel migratoire, il faut sortir de cette illusion », a affirmé Frédéric Buval.
Une réforme dans un climat de tension politique
La droite, accusée de céder aux exigences du RN, s’est défendue. « Nous n’agissons pas sous menace », a insisté Roger Karoutchi (LR), rappelant qu’en 2016, le Sénat avait déjà voté une réforme similaire en toute indépendance.
Cette décision intervient alors que Michel Barnier, Premier ministre, fait face à des pressions sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Le RN a conditionné son soutien à une motion de censure à une baisse « drastique » du budget de l’AME. Bien que Barnier ait promis une réforme plus large en 2025, la mesure sénatoriale constitue un signal fort dans le débat sur les priorités budgétaires et humanitaires de l’État.
Ce vote reflète une fracture politique majeure : entre rigueur budgétaire et impératifs éthiques, l’AME reste un sujet hautement symbolique et politiquement inflammable.
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