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LA REPRISE N’EST PAS POUR DEMAIN
La croissance continue de s’effriter sur ces deux dernières années, faisant plonger les officines les plus fragiles dans les difficultés. Les mesures annoncées dans le PLFSS 2013 sont loin de satisfaire à l’impérieuse nécessité de donner aux acteurs de la chaîne pharmaceutique des moyens à la hauteur de leurs attentes et de leurs besoins.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013 (PLFSS) va mettre à contribution les produits de santé (princeps, génériques, dispositifs médicaux) à hauteur de 876 M€, soit à peu près 50 % des économies espérées à répartir entre les différents contributeurs de la chaîne du médicament. Selon les estimations des syndicats de pharmaciens, la perte de marge des officines s’élèverait en 2013 à au moins 300 M€.
Concrètement, les différentes mesures du PLFSS pour 2013 veulent limiter le déficit du régime général à 11,4 Md€. Ce plan budgétaire fixe un objectif d’évolution de l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM) de 2,7 %, représentant une économie de 2,2 Md€ par rapport à l’évolution tendancielle des dépenses. C’est néanmoins, pour 2013, plus de 4,6 Md€ de plus qu’en 2012 qui sont dévolus à la santé. Pour les cinq ans à venir, le gouvernement prévoit de réduire la progression de l’ONDAM avec une croissance de 2,6 % en 2014 et de 2,5 % de 2015 à 2017*. Cela reviendra à trouver 2,7 Md€ d’économies par an. Le prix des médicaments et la marge des pharmaciens seront inévitablement mis à contribution.
LA DÉCROISSANCE FAIT DES VICTIMES
Déjà, le marché français du médicament en ville va finir l’année 2012 à – 2 %, sous la barre des 20 Md€, selon les prévisions peu optimistes d’IMS Health. En volume, la baisse annoncée est moindre (– 1 %). La croissance est également en berne à l’hôpital (prévision de 0 % à fin 2012), alors qu’elle était de + 3 % en 2011. IMS relève un repli historique des prix des médicaments remboursables et des consommations par habitant depuis 2005 qui devrait perdurer jusqu’en 2015. Dans ces conditions, la croissance risque fort d’être une nouvelle fois aux abonnés absents. La crise amplifiant les déficits sociaux et affaiblissant le pouvoir d’achat des Français, la spirale négative que connaît le monde de l’officine depuis déjà cinq ans n’est pas prête de s’arrêter. D’ailleurs, les ouvertures de procédures collectives ont été plus nombreuses sur les six premiers mois de 2012 par rapport à la même période de l’année précédente : 12 ouvertures de plans de sauvegarde (26 en 2011, 20 en 2010 en année pleine), 35 nouveaux redressements et 31 liquidations (respectivement 66 et 46 sur toute l’année 2011). Le nombre de décisions des tribunaux de commerce concernant l’officine se situe à fin juin à environ 50 décisions par mois.
Les difficultés économiques feront de nouvelles victimes en 2013 et les baisses de prix et de volumes continueront à frapper le réseau. Certaines officines vont donc avoir du mal, malgré la nouvelle convention pharmaceutique, véritable boîte à outils qui devrait permettre de mieux piloter la rémunération de l’officine. « Cette situation pose indiscutablement la problématique des mesures d’accompagnement pour que la disparition de certaines officines ne se fasse pas au détriment des patients et des pharmaciens », souligne Philippe Becker, expert-comptable, responsable du département pharmacie de Fiducial Expertise.
* Projet de loi de programmation des finances publiques 2012-2017, qui n’a pas encore été adopté à l’heure où nous écrivons ces lignes.
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