« J’exerce dans une gare »

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Publié le 2 mai 2020
Par Fabienne Colin
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Quand le confinement a démarré, Chantal Pépin, titulaire installée dans la gare de Dijon (Côte-d’Or), a dû faire face à un arrêt brutal du flux des voyageurs et des touristes. Désormais, elle ouvre seulement sa porte donnant sur le parvis.

Quand Chantal Pépin nous répond au téléphone, ce troisième mardi de confinement, elle vient de se faire enfermer dans sa pharmacie, située dans la gare SNCF de Dijon (Côte-d’Or). C’est là qu’elle est installée depuis décembre 2012, après un transfert. « Tout à l’heure, ils ont fermé la gare. Je ne pouvais plus aller livrer, sauf à sortir par la porte automatique qui donne sur le parvis, mais je n’aurais pas pu rentrer à nouveau », explique-t-elle, à peine remise de ses émotions. Elle a enfin pu joindre le chef de gare lui annonçant que la station allait rouvrir pour le train suivant. Depuis le confinement, la porte côté gare SNCF est condamnée, rideau métallique baissé, et l’autre, côté rue, est contrôlée : on y entre uniquement après avoir montré patte blanche. « Ici durant la journée, il n’y a guère plus que des SDF. Par rapport à un lundi de mars l’an dernier, ma fréquentation a diminué de 85 %. Moins de 7 % des trains circulent », détaille-t-elle.

Chantal Pépin a pris des mesures dès le samedi qui a précédé les élections municipales. Des chaises ont été placées devant les comptoirs afin que la patientèle bute sur leurs dossiers et reste à bonne distance. C’est ainsi que la titulaire a reçu, sans masque, au début. « Je crois aux mesures de distanciation, je « javellise » la pharmacie, le comptoir, les chaises… Actuellement, je suis femme de ménage, préparatrice, titulaire et boute-en-train », ironise la pharmacienne au naturel dynamique. Elle a aussi réduit ses horaires et ferme désormais le samedi après-midi. « Je ne fais plus que 38 heures par semaine, contre 50 habituellement », calcule celle qui ne travaille plus qu’avec sa stagiaire de sixième année, qui tient à l’épauler. « Mon adjointe devait rentrer de congé maternité mais, mariée à un gendarme, elle doit garder ses enfants. Les préparatrices sont au chômage », dit-elle.

« L’exercice en gare est un cas particulier », explique la titulaire qui a rapidement mandaté son comptable pour mettre en place une démarche de chômage partiel. Sa banque lui a proposé un report de ses prêts de six mois sans frais. « J’ai aussi cherché à reporter mes grosses échéances. Certains laboratoires ont accepté, d’autres ont refusé. Boiron et Weleda l’ont proposé spontanément ! », ajoute Chantal Pépin.

Un lien virtuel avec toute l’équipe

En ce moment, la clientèle de passage n’est plus qu’un souvenir. La titulaire de la Pharmacie de la gare reçoit essentiellement ses patients habituels, ceux qui ont besoin de renouveler leurs ordonnances. Et sur leur groupe WhatsApp, Chantal Pépin et les membres de son équipe échangent tous les jours. « Cela me fait beaucoup de bien et nous fait à tous plaisir. »

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Celle dont l’officine était au bord de la faillite après trois ans de travaux dus au tramway local n’entend pas se laisser abattre par un virus, alors que son transfert s’est avéré salutaire. En revanche, elle entend bien continuer à cultiver son enthousiasme contagieux.

BIO Chantal Pépin

1987 Diplôme de l’université Paris-Descartes, option officine

2004 Titulaire de la pharmacie Darcy à Dijon (Côte-d’Or)

2012 Transfert dans la gare de Dijon