« Je suis devenue titulaire pendant le confinement »

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Publié le 20 juin 2020
Par Fabienne Colin
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Delphine Lepetit est installée officiellement depuis le 1er mai dans un bourg normand. En plein confinement, tout n’a été que rebondissements pour la toute nouvelle titulaire.

Delphine Lepetit a repris la pharmacie normande de La Barre-en-Ouche (Eure) le 1er mai, en plein confinement. Cette primo-installée trentenaire avait bien anticipé les différentes démarches. Elle est arrivée deux semaines en avance pour pouvoir travailler avec son prédécesseur et l’équipe en place constituée d’une préparatrice et d’une gestionnaire de commande. Pour ce moment si important dans la vie de tout pharmacien, les signatures n’ont pourtant rien eu de solennel. Concernant l’achat des murs, les deux parties ont donné procuration afin que leur notaire signe l’acte. Ni le vendeur ni l’acheteuse n’étaient là. Pour le fonds de commerce, un représentant du cabinet de transaction est venu à la pharmacie. La signature s’est faite en présence de ce dernier et des deux pharmaciens. Le cabinet a ensuite fait suivre les documents à l’avocate.

Afin de faciliter le travail des inventoristes, Delphine Lepetit avait prévu de baisser le rideau de l’officine à 17 h la veille de la signature. Là encore, précautions sanitaires obligent, elle a dû fermer toute la journée. « Ils avaient reçu les chiffres en amont pour créer leur base de données. Quand ils sont venus, on les a équipés de gants et de masques. Cela s’est étalé de 9 h à 13 h. »

« Petite » erreur, grande conséquence

Pour les cartes professionnelles non plus, rien n’a été simple. Pourtant dès le 25 mars, la pharmacienne avait fait sa demande par courriel. Deux semaines après, toujours sans nouvelles, l’Assurance maladie lui assure ne jamais avoir reçu son message. Tout a dû être renvoyé. Finalement, elle était en poste dès le samedi 2 mai, de garde le dimanche, mais a attendu le mardi suivant pour recevoir les sésames et le mercredi pour qu’ils soient opérationnels. « Au départ, je n’ai pas pu facturer, il a fallu mettre tous les dossiers en attente », confie la titulaire qui devait aussi continuer à se présenter à sa patientèle et expliquer le protocole pour venir à la pharmacie (la consigne de ne pas faire la queue dans la surface de vente, un parcours marqué au sol, du plexiglas pour une protection aux quatre comptoirs, etc.).

Pour couronner le tout, l’inscription aux greffes a également été retardée. Un moment, les bureaux étaient fermés, puis les agents ont repris en télétravail. Mais, pas de chance, le nom de l’officinale avait été mal orthographié. On l’avait rebaptisée « Petit »… Or l’inscription est une condition suspensive pour la vente !

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Même parcours compliqué concernant l’assortiment. Les commerciaux des laboratoires ne pouvant circuler, Delphine Lepetit a dû les contacter par téléphone pour faire connaissance. « Heureusement que j’avais négocié auparavant avec un grossiste », se réjouit a posteriori celle qui a préparé les emplois du temps de son équipe en considérant que le déconfinement se ferait le 11 mai. Sur ce point, pas de rebondissement, la date a été respectée. « Finalement, tous les interlocuteurs ont fait au mieux. Tout est bien qui finit bien !, concluait-elle, deux semaines après son installation, profitant des tout premiers jours de déconfinement. Il faut dire que mon groupement Lab’Officine a été d’un bon soutien, notamment pour l’approvisionnement en masques, gels, etc. Je n’aurais jamais eu le temps de gérer tout ça. »

BIO Delphine Lepetit

2010 Diplômée de l’université de Caen (Calvados)

2010-2020 Adjointe à Cabourg (Calvados), à Mayotte et à Bernay (Eure)

2020 Titulaire de la pharmacie de La Barre-en-Ouche (Eure)