« J’ai créé une association de pharmaciens de montagne »

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Publié le 18 juin 2022
Par Fabienne Colin
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Les stations de ski ayant fermé au plus fort de la pandémie de Covid-19, leurs pharmacies ont vu leur chiffre plonger. Ainsi est née, en 2021, l’Association des pharmaciens de montagne, présidée par Benjamin Castex, installé à Morzine (Haute-Savoie).

Quand le confinement survient mi-mars 2020, il met aussi un terme à la saison de ski. Un gros mois avant la date habituelle. Du jour au lendemain, les touristes désertent les stations et les officines attendent le client. « Certaines ont perdu jusqu’à 90 % de leur chiffre d’affaires mensuel », se souvient Benjamin Castex, titulaire de la Grande Pharmacie de Morzine, en Haute-Savoie. « Aucune aide n’était prévue, nous ne rentrions dans aucune case », poursuit celui qui estime qu’en moyenne les officines de station génèrent « 60 à 65 % de leur chiffre d’affaires l’hiver ». Avec quelques confrères, il commence à frapper aux portes de structures officielles pour expliquer que, sans remontées mécaniques, la situation économique devient critique. Malgré des interventions auprès d’élus, rien n’y fait. Ce « collectif » comprend alors qu’il lui faut une structure pour espérer se faire entendre. L’Association des pharmaciens de montagne (APM), dont Benjamin Castex est le premier président, sera créée le 11 février 2021.

Un départ tout schuss

La seule condition pour rejoindre l’AMP est simple : être titulaire dans une station de ski française. Dès le départ, « nous avons attiré plus de 60 adhérents, alors qu’il existe une centaine d’officines concernées », estime Benjamin Castex. A partir de là, la mobilisation a porté ses fruits. « La région Auvergne-Rhône-Alpes nous a aidés, notamment en prêtant jusqu’à 100 000 € et en remettant un chèque d’aide jusqu’à 10 000 €. Le conseil de l’Ordre des pharmaciens et la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens nous ont aussi épaulés », se félicite le titulaire. Enfin, les officines ont fini par pouvoir rentrer dans le dispositif national en fonction des pertes de chiffres d’affaires. L’APM mène actuellement de nouveaux combats. Ses membres espèrent obtenir des laboratoires pharmaceutiques l’adaptation des contrats de partenariat qui les lient. Les officines doivent toujours s’engager les yeux fermés lorsqu’elles passent des commandes, sans savoir si la saison sera bonne ou pas. Benjamin Castex voudrait également rendre la reprise de produits invendus plus souple et facile et limiter le nombre de références obligatoires. « Seule une partie de l’offre des catalogues de gammes correspond à la clientèle spécifique des touristes de montagne », explique-t-il. Déjà, certains laboratoires « comme DonJoy, Lohmann, Sober et Boiron » ont joué le jeu, confie le président.

Les titulaires de l’APM aimeraient aussi pouvoir bénéficier d’un coup de pouce pour recruter et héberger leurs équipes de saison. « Certaines collectivités proposent de faire venir des médecins en les logeant, en leur offrant des forfaits de ski… », remarque Benjamin Castex, qui apprécierait que les assurances prennent en compte la saisonnalité de l’activité. Mais de tout cela, l’APM ne s’en fait pas une montagne !

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BIO Benjamin Castex

2009 Diplômé de la faculté de Bordeaux (Gironde), filière officine

2015 Titulaire de la Grande Pharmacie de Morzine (Haute-Savoie)

2021 Cofondateur et président de l’Association des pharmaciens de montagne (APM)