IVG dans la constitution : « Les pharmaciens sont progressistes », note Bruno Belin, sénateur et pharmacien

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IVG dans la constitution : « Les pharmaciens sont progressistes », note Bruno Belin, sénateur et pharmacien

Publié le 29 février 2024
Par Christelle Pangrazzi
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Les Sénateurs ont voté en faveur de l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Bruno Belin, sénateur LR et pharmacien, salue cette adoption et explique pourquoi il a refusé l’amendement réclamant une clause de conscience.

Chaque année, 234 000 femmes ont recours à l’IVG. Pourquoi vous semblait-il important que ce droit soit inscrit dans la Constitution ?

Inscrire l’IVG dans la Constitution n’a rien de cosmétique. Cela permet ainsi d’ériger ce recours comme un droit fondamental et d’en assurer la pérennité et la stabilité. Le vote d’hier soir au Sénat s’apparente d’ailleurs à une forte majorité : sur les 317 suffrages exprimés, nous avons enregistré seulement 50 voix contre.

Vous avez fait le choix de ne pas voter l’amendement sur la clause de conscience demandée par le sénateur LR Alain Millon…

En effet, voter cet amendement aurait remis en cause la conformité du texte. Il n’aurait donc pas pu être voté. Par ailleurs, à partir du moment où l’on dit que cette liberté est un droit fondamental, elle doit être garantie partout dans des délais rapides. A mon sens, la liberté de conscience est sans fin, on pourrait trouver dans des tas de métiers pour des tas de convictions – idéologiques, philosophiques, politiques — des personnes qui refuseraient de se conformer au droit en invoquant une clause de conscience. Ce n’est juridiquement pas tenable. La loi est la loi.

Les pharmaciens ont-ils un rôle à jouer dans le recours à l’IVG ?

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Bien sûr. Les pharmaciens ont toujours été progressistes. Nous avons un rôle de conseil pour aiguiller les femmes désireuses de pratiquer une IVG vers les ressources adaptées. Par ailleurs, nous délivrons des pilules abortives, nous devons donc répondre le plus précisément possible aux questionnements et aux besoins d’information de la patiente. Recourir à un IVG n’est jamais une partie de plaisir. Ces derniers temps, j’ai pu constater dans ma pratique officinale un changement de paradigme. Beaucoup de femmes m’expliquaient recourir à cette pratique pour des raisons économiques. Leur foyer n’avait pas ou plus les moyens permettant d’assumer l’arrivée d’un enfant. C’est une donnée nouvelle qui semble malheureusement faire écho à des problèmes sociétaux majeurs.

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