Quatre délits par pharmacie sur deux ans : l’insécurité grimpe

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Quatre délits par pharmacie sur deux ans : l’insécurité grimpe

Publié le 16 avril 2025 | modifié le 22 avril 2025
Par Sana Guessous
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Dans une enquête inédite menée auprès de 1 400 titulaires en métropole et outre-mer, le syndicat FSPF alerte sur la banalisation des délits en pharmacie. Incivilités, vols, menaces : 88 % des pharmaciens déclarent avoir été victimes d’au moins un acte malveillant en deux ans. En parallèle, les réponses judiciaires et sécuritaires peinent à convaincre les professionnels.

L’étude conduite par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) dresse un état des lieux alarmant de la sécurité dans les pharmacies. Sur les deux dernières années, 88 % des répondants déclarent avoir subi au moins un délit, avec une moyenne de quatre infractions par officine. L’enquête repose sur les réponses de 1 400 pharmaciens, représentatifs du territoire national y compris ultramarin.

Incivilités, vols, menaces : un quotidien délétère

Dans le détail, les incivilités représentent 29 % des faits signalés, devant les vols à l’étalage (22 %) et les menaces (19 %). D’autres formes d’hostilité émergent : propos dénigrants diffusés sur les réseaux sociaux (13 %), dégradations de locaux (8 %), cambriolages (5 %), agressions physiques (3 %) et, plus rarement, vols à main armée (1 %), comme celui subi récemment par l’équipe de la présidente de l’Ordre, Carine Wolf-Thal.

Des actes commis en majorité en journée

72 % des délits recensés ont lieu pendant les horaires d’ouverture. Les gardes (14 %) et les périodes de fermeture (13 %) ne sont cependant pas épargnées. L’impact humain est majeur : dans 80 % des cas, l’équipe a souffert psychologiquement des faits ; dans 20 %, il y a eu des atteintes physiques.

Plaintes peu nombreuses, résultats peu probants

Seuls 30 % des pharmaciens victimes ont déposé plainte. Parmi eux, 71 % jugent la réponse policière ou judiciaire décevante. Lorsqu’ils renoncent à cette démarche, ils invoquent son inutilité (68 %), le manque de temps (42 %) ou la peur de représailles (11 %). Pourtant, dans 64 % des situations signalées aux forces de l’ordre, une résolution partielle ou totale a été obtenue.

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Une réponse institutionnelle encore insuffisante

Les chiffres de la FSPF rejoignent ceux de l’Ordre national des pharmaciens, qui a recensé près de 500 agressions en 2023, soit une hausse de 30 % par rapport à 2022. Pour y faire face, la FSPF plaide pour :

– la mise en place d’une ligne d’appel prioritaire avec les forces de l’ordre,

– une aggravation et une systématisation des sanctions pénales, y compris pour les délits mineurs,

– des rondes policières plus fréquentes autour des officines,

– un remboursement intégral par les assureurs, sans application de franchise.