Guyane : l’ARS prend des mesures après les agressions de deux infirmières libérales

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Guyane : l’ARS prend des mesures après les agressions de deux infirmières libérales

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Publié le 31 mars 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Après deux actes de violence graves à Maripasoula et Matoury, l’Agence régionale de santé de Guyane a annoncé une série de mesures pour mieux sécuriser les professionnels de santé. Une réponse attendue par une profession en alerte.

L’émotion reste vive au sein de la communauté soignante en Guyane. Après une première rencontre à la préfecture samedi, les infirmiers libéraux ont été reçus lundi 24 mars 2025 par le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS). L’Ordre des médecins, des représentants de l’Association des maires de Guyane et de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) étaient également présents.

Cette réunion intervient après deux agressions très violentes : le viol d’une infirmière libérale à Maripasoula et le braquage d’une autre à Matoury. Deux événements rapprochés qui ont mis en lumière la vulnérabilité croissante des soignants dans certains secteurs du territoire.

Des engagements concrets de l’ARS

À l’issue de la rencontre, plusieurs engagements ont été actés par l’ARS pour renforcer la sécurité des soignants :

– une campagne de communication et de sensibilisation, déclinée en affichage, radio et réseaux sociaux, pour dénoncer les violences faites aux professionnels de santé et appeler au respect de leur mission.

– un soutien financier à des formations spécifiques : gestion de situations conflictuelles, gestes de protection, techniques de self-défense.

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– le renforcement du dispositif de boutons d’alerte, permettant aux professionnels de déclencher une alerte immédiate en cas de danger. À Cayenne, 49 soignants libéraux (35 infirmiers, 6 sages-femmes et 8 médecins) en sont déjà équipés. Ce parc sera doublé dans les prochaines semaines pour atteindre 98 boutons opérationnels.

– la création d’un Observatoire local des violences, chargé de centraliser les signalements, d’accompagner les victimes et de coordonner les réponses des institutions.

Une mobilisation régionale

Durant la réunion, une cinquantaine d’infirmiers se sont rassemblés devant les locaux de l’ARS pour exprimer leur solidarité avec les victimes. Le mouvement s’inscrit dans une mobilisation plus large : en Guadeloupe et en Martinique, des infirmiers libéraux ont suspendu les soins en signe de protestation.

Depuis l’annonce de l’agression à Maripasoula, l’élan de solidarité a dépassé les frontières locales. « Cet élan de soutien, local, régional, national, participe à la reconstruction physique et psychologique de la victime », souligne Awatef Argoubi, de l’Union régionale des infirmiers libéraux.

Une insécurité structurelle dans l’exercice libéral

Pharmaciens, infirmiers, médecins… Tous les professionnels de santé qui exercent seuls, en particulier dans les territoires ultramarins, sont confrontés à une réalité de terrain difficile : déplacements fréquents, interventions dans des zones peu sécurisées, absence de cadre collectif protecteur.

L’insécurité ne se limite plus aux seuls actes de violence physique. Intimidations, vols, agressions verbales : ces faits, répétés, détériorent les conditions d’exercice et alimentent un sentiment d’abandon. Le besoin de réponses concrètes est partagé.

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