Grève des tests antigéniques Covid-19 : pourquoi les groupements votent contre

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Grève des tests antigéniques Covid-19 : pourquoi les groupements votent contre

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Publié le 13 avril 2022
Par Fabienne Colin
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« Je suis contre la grève », clame d’emblée Pascal Fontaine, directeur commercial des pharmacies Lafayette. « Nous devons continuer à faire des tests dans notre réseau. Même si la rémunération a baissé, elle n’est pas neutre. Nous allons continuer à rendre ce service à nos patients. La crise du Covid-19 n’est pas finie, il est hors de question de stopper ce service. N’oublions pas qu’il a aidé à positionner la pharmacie de demain vers l’accompagnement et le dépistage ». D’autres sont opposés à la méthode mais veulent croire à un retour au tarif précédent : « Je ne suis pas d’accord sur cette façon de faire », tranche David Abenhaïm, président de Pharmabest. « Il faut rouvrir les négociations et expliquer notre problématique : si on ne peut plus déléguer autant de ressources humaines pour les tests, la qualité du service sera moindre ». Et d’ajouter pour justifier son désaccord avec la grève : « Le succès du dépistage tient dans le fait qu’il est possible partout et facilement. Les gens n’ont pas à devoir se déplacer ».

Le sentiment d’injustice domine

« Sur le fond, même si on assiste à un rebond des contaminations depuis quelques semaines, il n’y a plus l’explosion qu’on a pu connaître. Sur la forme, on a mis les pharmacies devant le fait accompli, sans communication », regrette François Tesson à la tête de PHR (OCP), qui estime toutefois que « la grève n’est pas forcément le meilleur moyen de faire », surtout après avoir bénéficié d’un certain nombre de soutiens et de la confiance de la population. « Cette baisse des prix est discriminatoire », résume, de son côté, Luc Priouzeau, président de Giropharm, qui par ailleurs ne veut pas entendre parler d’une grève. Pour Pascal Fontaine, l’indignation s’accompagne d’une crainte : « Les pharmacies sont les seules à subir une baisse de rémunération sur les tests antigéniques. Or, tous les professionnels de santé devraient être logés à la même enseigne. Je comprends la décision (du gouvernement) d’un point de vue économique, mais ce n’est pas très élégant. De plus, tout acte doit être rémunéré de façon cohérente en termes d’achat et de marge. Il ne faudrait pas que demain, on arrive à une non-rémunération ». Dans ce contexte, certains comprennent pourquoi des pharmacies ont opté pour la grève. « Je trouve légitime que le pharmacien se défende, car c’est injuste qu’il soit le seul à subir une diminution de son tarif, comme s’il était un praticien de seconde zone. Mais quid du patient ? Il sera la victime, donc je ne vais pas encourager cette grève. D’ailleurs, le patient ira se faire tester à la pharmacie d’en face de celle qui fait grève », explique Alexis Berreby, président de Leader Santé Groupe.

Un équilibre santé/économie

Face à la baisse de rémunération des tests antigéniques et à l’évolution de la pandémie du Covid-19, les groupements ne donnent pas ouvertement de consigne à leurs adhérents. Quoi qu’il en soit, certains ont déjà fait évoluer leur stratégie pour s’adapter à la situation sanitaire. « Je pense que les pharmaciens vont réaliser moins de tests mais avec davantage de discernement », explique Luc Priouzeau, qui anticipe déjà un besoin de personnel pour prendre le temps d’interroger les patients afin de décider du bien fondé de chaque test. Reste que les officines vont devoir trouver un équilibre entre santé publique et santé économique. Tous deux étant non négociables.

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