Grève des gardes pharmaceutiques : un mouvement suivi à plus de 80 %

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Grève des gardes pharmaceutiques : un mouvement suivi à plus de 80 %

Publié le 7 juillet 2025
Par Christelle Pangrazzi

Alors que les discussions sur les remises génériques approchent de leur dénouement, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), et Lucie-Hélène Pagnat, directrice générale de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), alertent sur l’ampleur du mouvement de grève des gardes. Faute de remontées consolidées, les syndicats naviguent à vue.

« Je suis en grève, mais je ne suis pas de garde avant fin juillet ». À l’instar de nombreuses officines, Philippe Besset l’admet sans détour : la grève des gardes, bien que massivement suivie, reste difficile à documenter. Les pharmaciens se signalent directement auprès des agences régionales de santé (ARS), sans passer par le syndicat. Parfois même, ils sont en grève, mais ne sont pas de garde dans l’immédiat. Il est donc très difficile de quantifier l’ampleur du mouvement. « Les pharmacies ne nous informent pas forcément », poursuit Philippe Besset, ce qui complique tout décompte centralisé.

S’il avance un taux de participation supérieur à 80 %, il précise immédiatement : « C’est une estimation basée sur les retours de terrain. »

Même constat à l’USPO. « Nous n’avons pas de données consolidées. Les ARS ne nous transmettent rien. On fonctionne par signaux faibles. », reconnaît Lucie-Hélène Pagnat. « D’ici quelques jours, nous aurons des remontées informelles de nos présidents de région. À ce stade, il est difficile de dresser une cartographie exhaustive du mouvement. »

Silence radio du côté des autorités

Sur le calendrier des négociations, le flou règne aussi. « Je n’ai aucune idée d’où en est le dossier. Je continue à travailler pour convaincre les parlementaires, mais je n’ai aucun retour officiel », déclare Philippe Besset. Même incertitude du côté de l’USPO : « Aucune réunion n’a été fixée à ce jour. Je ne sais même pas si on nous convoquera officiellement, ou si l’information nous arrivera par un simple message », indique Lucie-Hélène Pagnat.

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Une décision est toutefois attendue d’ici la fin de la semaine : « Il faut que ce sujet soit tranché avant le 15 juillet. Après, c’est le discours de politique générale du Premier ministre », rappelle le président de la FSPF. La Fédé a d’ailleurs convoqué une assemblée générale (AG) ce jeudi 10 juillet. 

Pas d’arbitrage, pas de chiffre, mais une détermination intacte

Sur la question clé du taux de marge réglementée concernant les génériques, le brouillard ne se dissipe pas : « Je n’ai aucune idée si on sera à 35 %, 36 %, ou autre chose », se résigne Philippe Besset. Et si le chiffre annoncé n’est pas jugé acceptable ? « On poursuivra les actions jusqu’à l’automne, voire l’hiver s’il le faut. Ensuite, ce sera au Parlement de trancher. Une fois la publication au Journal officiel faite, ce sera la loi. »

Un soutien politique, mais encore insuffisant

Malgré cette incertitude, les deux syndicats constatent des signaux encourageants du côté parlementaire. « Les présidents des commissions des affaires sociales de l’Assemblée nationale et du Sénat ont exprimé leur soutien. Ils sont favorables à nos positions, et je l’ai partagé sur les réseaux sociaux », rapporte Philippe Besset.

Mais pour l’heure, aucun arbitrage n’a été tranché. Le secteur officinal retient son souffle : les prochaines 48 heures seront décisives.

La directrice générale de l’USPO ne cache pas son incertitude : « Franchement, je n’ai aucun signal concret. J’espère que nous avons été entendus, mais je ne parierais sur rien. »

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