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Génériques : 200 M€ de baisse en jeu, le Comité économique des produits de santé rend sa décision demain
Le Comité économique des produits de santé (CEPS) s’apprête à trancher une nouvelle coupe inédite de 200 millions d’euros sur une cinquantaine de molécules génériques. La pilule est dure à avaler.
« C’est un moment très compliqué, avec une baisse de prix massive », a résumé Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), à la sortie du comité de suivi des génériques, ce 18 septembre. « Nous avons expliqué, politiquement et techniquement, pourquoi une telle coupe n’était pas soutenable, en tout cas pas dans ce quantum énorme. Mais demain, ils décideront seuls. »
Pour Guillaume Racle, le dialogue a tourné court : « Nous avons mis tout ce que nous avions dans le ventre, avec des arguments préparés, mais aucune réponse ne nous a été donnée. Quand vous ne comprenez pas d’où vient une décision, c’est extrêmement délétère pour une profession. »
270 millions déjà perdus, 200 millions supplémentaires en vue
Après la baisse du plafond des remises génériques, la facture pourrait s’alourdir dès demain. « Habituellement, une réunion semestrielle de suivi des génériques génère 30 millions d’euros d’économies. Cette fois, ils veulent en imposer 200 millions d’euros d’un coup », alerte Guillaume Racle, élu au bureau national de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « C’est totalement inédit. »
50 molécules dans le viseur
Le Comité économique des produits de santé (CEPS) cible une cinquantaine de références clés : oméprazole, atorvastatine mais aussi des traitements plus sensibles comme le rivaroxaban, générique de Xarelto. « Ils veulent l’abaisser de 37 % dès le 1er octobre. Xarelto coûtait 80 € il y a quelques années, son générique est tombé sous les 20 €. On nous demande encore d’enlever 40 %. Où est la limite ? », dénonce Guillaume Racle.
Une équation perdante pour les officines
Selon l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), pour 200 millions d’euros d’économies affichées par l’État, les pharmaciens perdront en réalité 350 millions d’euros, entre la baisse des marges et la disparition des remises.
« Les grands gagnants sont les industriels. La baisse du plafond de remise a déjà coûté 350 millions d’euros aux officines et profité directement aux génériqueurs. En leur retirant 100 millions d’euros sur les prix, ils s’en sortent malgré tout gagnants », analyse Guillaume Racle.
Philippe Besset enfonce le clou : « Les perdants, ce sont les 20 000 pharmacies de proximité et le maillage territorial »
« Une réunion froide » et une mobilisation inédite
La tonalité du CEPS n’a fait qu’accroître l’inquiétude. « Une réunion froide, sans échange réel », juge Guillaume Racle. « Nos interlocuteurs appliquent des ordres venus d’en haut, sans mesurer les conséquences pour les patients, les emplois, la survie du réseau. »
Face à ce blocage, Philippe Besset met en avant la mobilisation : « On dit souvent que les pharmaciens descendent dans la rue une fois tous les dix ans. Là, ils l’ont fait plusieurs fois en quelques mois. C’est inédit. Et si nous n’obtenons pas gain de cause, nous retournerons dans la rue. Nous ne nous laisserons pas faire. »
Demain, l’heure de vérité
« Une fois les prix baissés, il n’y aura pas de rétro-pédalage. Il faut dire la vérité à nos confrères », note Guillaume Racle.
La décision du Comité économique des produits de santé (CEPS) est attendue dès demain. Pour la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), c’est l’avenir économique du générique, et plus largement celui du réseau officinal, qui est en jeu.
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