Études de pharmacie : l’Académie redemande une voie d’accès directe

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Études de pharmacie : l’Académie redemande une voie d’accès directe

Publié le 11 juillet 2025 | modifié le 18 juillet 2025
Par Christelle Pangrazzi

Face au désintérêt croissant pour la filière et aux places vacantes en 2e année, l’Académie nationale de Pharmacie plaide pour une expérimentation urgente d’un accès spécifique dès la L1.

Cinq ans après sa mise en œuvre, la réforme de l’accès aux études de santé via le PASS (Parcours d’Accès Spécifique Santé) et les LAS (Licences Accès Santé) n’a pas atteint ses objectifs. Ni la diversification des profils, ni l’amélioration de la réussite universitaire ne sont au rendez-vous. C’est le constat dressé par la Cour des comptes en décembre 2024 dans un rapport de 149 pages, qui appelle à une refonte urgente du système.

Pour les études de pharmacie, les effets sont particulièrement préoccupants. Manque de lisibilité dans Parcoursup, orientation médicale dominante dès la première année, et faible visibilité des débouchés pharmaceutiques : le bilan est sévère. Résultat : de nombreuses places vacantes en 2e année de pharmacie, dans un contexte où le manque de pharmaciens devient structurel. Le système PASS/LAS aggrave par ailleurs les inégalités d’accès : des étudiants échouant à intégrer médecine occupent des places en pharmacie par défaut, sans réel projet professionnel.

Une filière dédiée en L1 pour enrayer la désaffection

La situation étant préoccupante, l’Académie nationale de Pharmacie et la Conférence des doyens des facultés de pharmacie demandent la création d’une voie directe d’entrée en pharmacie dès la première année universitaire, distincte du tronc commun PASS/LAS. Cette proposition est également soutenue par la Conférence des doyens de médecine, signe d’un consensus académique élargi.

Concrètement, il s’agirait de permettre aux UFR (Unités de formation et de recherche) de pharmacie volontaires de proposer une filière d’accès dédiée sur Parcoursup, sous forme d’expérimentation, à partir de la rentrée universitaire 2026-2027. Objectif : attirer des étudiants motivés par les métiers pharmaceutiques, améliorer l’adhésion à la formation, et enrayer le déficit d’attractivité.

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Le rapport de la Cour des comptes recommande explicitement cette évolution, qui permettrait selon ses auteurs de « simplifier le système d’admission tout en renforçant la cohérence des parcours ».

L’Académie veut peser dans la future réforme REES

Dans le cadre de la future Réforme d’Entrée dans les Études de Santé (REES), annoncée pour la rentrée 2026-2027, les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé ont confié une mission d’évaluation à l’IGÉSR (Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche) et à l’IGAS (Inspection générale des Affaires sociales). Ces inspections sont chargées d’étudier les évolutions possibles pour les filières MMOP (Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie).

Dans ce cadre, l’Académie nationale de Pharmacie demande à être entendue officiellement afin de faire valoir les spécificités de la formation pharmaceutique. Elle alerte : « Il est impératif d’agir vite pour que la filière pharmacie ne soit plus la variable d’ajustement d’un système centré sur la médecine ».

En redonnant à la pharmacie une porte d’entrée identifiée et assumée, cette réforme permettrait d’ancrer la formation des futurs pharmaciens dans un projet professionnel solide et d’assurer le renouvellement des effectifs dans un secteur stratégique pour le système de santé.

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