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Est-ce la fin des préparateurs en pharmacie en Suisse ?
Les préparateurs en pharmacie, une profession spécifique à quelques cantons romands, sont aujourd’hui confrontés à une lente érosion de leur métier. À Genève, ils ne sont plus qu’une soixantaine, principalement âgés d’une cinquantaine d’années, dans un secteur où aucune formation n’est dispensée depuis 2001.
Leur inquiétude : une application plus stricte d’un règlement cantonal qui limite leur droit à remplacer un pharmacien en son absence. Cette restriction, bien qu’existante depuis plusieurs années, était jusqu’ici appliquée de manière variable. Désormais, l’État veut resserrer les contrôles, ce qui inquiète ces professionnels.
« Nous priver de cette prérogative met en danger le fonctionnement des petites officines. Cela risque de faire baisser nos salaires, voire de nous pousser vers le chômage, car les pharmaciens devront trouver d’autres solutions pour se faire seconder », s’alarme Sandrine, préparatrice en pharmacie depuis plus de 30 ans dans la Tribune de Genève.
Un cadre légal restrictif et critiqué
Le métier de préparateur en pharmacie est né dans les années 1960 pour répondre à une pénurie de pharmaciens. Leur rôle, plus étendu que celui des assistants en pharmacie, inclut la possibilité de remplacer les pharmaciens en cas d’absence. À Genève, cette pratique, longtemps tolérée, a progressivement été réduite sous l’effet de législations cantonales et fédérales.
Aujourd’hui, le Département de la santé et des mobilités (DSM) insiste sur la nécessité de respecter un cadre strict. « Certaines pharmacies ont abusé des remplacements répétés, allant au-delà des limites légales », note le DSM.
Un plan d’aide jugé insuffisant
Pour répondre à ces tensions, l’État a signé en octobre 2024 un accord avec l’Association genevoise des préparateurs en pharmacie. Cet accord prévoit :
– Un délai jusqu’en 2028 pour appliquer pleinement les nouvelles restrictions.
– Un dispositif d’aide à l’employabilité, en collaboration avec le Département de l’économie et de l’emploi.
Les mesures incluent des formations financées par l’État pour accompagner les préparateurs dans leur reconversion, ainsi qu’un suivi par un expert en mobilité professionnelle. « L’objectif est d’éviter des pertes d’emploi tout en garantissant un cadre sécuritaire dans l’exercice des métiers pharmaceutiques », assure Pierre Maudet, chef du DSM.
Cependant, les précisions sur le contenu des formations se font encore attendre, et la portée du dispositif laisse les intéressés dubitatifs. « Ce n’est pas suffisant pour nous rassurer sur notre avenir », confie Sandrine.
Une opposition politique persistante
Si l’État espère avoir trouvé un compromis, la controverse ne faiblit pas. Pour Stéphane Florey, cet accord est loin de répondre aux enjeux. « Il faut repousser l’application des restrictions à 2035 pour permettre à ces professionnels de terminer leur carrière dignement. »
La Commission de la santé a été saisie pour examiner la réponse du Conseil d’État. Pendant ce temps, les préparateurs en pharmacie, malgré les promesses d’accompagnement, voient leur avenir professionnel s’assombrir.
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