Entre l’Assurance maladie et les biologistes, la hache de guerre est déterrée

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Entre l’Assurance maladie et les biologistes, la hache de guerre est déterrée

Publié le 30 octobre 2024
Par Christelle Pangrazzi
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En réponse au communiqué des biologistes dénonçant des baisses de remboursement unilatérales et illégitimes, la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (Cnam) fustige des « contre-vérités manifestes ». Ambiance.

Les tensions entre l’Assurance maladie et les représentants des laboratoires de biologie médicale semblent atteindre un point de non-retour. En réaction à un communiqué de presse des biologistes, qui dénoncent une diminution unilatérale et injustifiée des remboursements, la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (Cnam) n’a, elle non plus, pas l’intention de se laisser faire. Le dialogue s’envenime.

Vers la fermeture des laboratoires de proximité ?

Hier 29 octobre, les syndicats de biologistes ont annoncé leur décision de fermer leurs établissements du 23 au 31 décembre, en guise de protestation contre les baisses tarifaires jugées intenables. Selon eux, à compter du 23 décembre, la structure tarifaire actuelle rendrait leur activité « déficitaire ». Dans un acte de mobilisation, ils ont également mis en ligne une pétition adressée à la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, pour alerter sur les effets délétères de ces réductions : la fermeture de laboratoires de proximité, la surcharge des services hospitaliers, une dégradation générale de la qualité des soins et une perte d’innovation dans le secteur.

Face à ces accusations, la Cnam présente une analyse nuancée, soulignant que la situation aurait été dépeinte de manière incomplète. Elle rappelle trois éléments fondamentaux :

– l’absence de plafonnement des dépenses : à l’instar des autres soins de ville, la biologie médicale en France ne fait l’objet d’aucune enveloppe de dépense prédéfinie.

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– la continuité de la prise en charge : l’Assurance maladie assure le remboursement des examens et analyses réalisés pour les assurés en 2024 et au-delà, selon les conditions habituelles.

– l’invalidité de la justification économique de la fermeture : aucun élément concret, selon la Cnam, ne justifierait la fermeture des laboratoires après le 23 décembre.

Ne pas alarmer les patients…

Dans un communiqué, l’Assurance maladie affirme « n’exiger aucun effort additionnel par rapport aux dispositions prévues dans le protocole pluriannuel 2024-2026 signé l’an passé » et enjoint les professionnels du secteur à respecter les termes de ce protocole, estimant que leur rentabilité demeure élevée. L’organisme appelle également la profession à faire preuve de « déontologie » afin de ne pas « alarmer inutilement les patients ». « Ce sujet, d’une importance particulière pour de nombreux assurés, requiert un dialogue serein », conclut-elle.

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