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© Getty Images/iStockphoto
En 2027, la Sécu pourrait ne plus avoir de quoi payer les assurés
Dans un rapport publié le 27 mai, la Cour des comptes agite un signal d’alarme d’une rare intensité. Faute de mesures correctrices majeures, la Sécurité sociale pourrait, dès 2027, se retrouver dans l’incapacité de verser les prestations dues à ses assurés. En cause : un emballement des déficits, une explosion des besoins de trésorerie et un outil d’endettement saturé. L’institution évoque le risque d’une véritable « crise de liquidité ».
Une impasse de financement dès 2027
C’est un scénario longtemps impensable, que la Cour des comptes considère aujourd’hui comme crédible : une Sécurité sociale incapable de régler ses engagements sociaux, faute de pouvoir emprunter. Le rapport 2025 sur l’application des lois de financement de la Sécurité sociale (Ralfss) fait état d’un risque « de plus en plus sérieux de crise de liquidité » susceptible de « se matérialiser dès 2027 ».
Concrètement, la Sécurité sociale s’appuie sur l’Acoss, sa caisse de trésorerie, pour mobiliser à court terme les financements nécessaires aux remboursements, indemnités et prestations. Or les besoins de l’Acoss vont quadrupler : ils passeront de 20 milliards d’euros en 2024 à 89 milliards en 2027, selon les projections des magistrats. Un volume jugé ingérable sur les marchés monétaires actuels.
Cades saturée, Parlement paralysé
Jusqu’à présent, la charge de la dette sociale pouvait être partiellement transférée à la Cades (Caisse d’amortissement de la dette sociale), qui emprunte à moyen et long termes. Mais sa capacité légale a atteint ses limites. Pour l’augmenter, une loi organique serait nécessaire, ce qui paraît politiquement inaccessible dans le contexte actuel.
« Les conditions de température et de pression ne sont pas réunies pour une telle réforme », a souligné Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes. L’intervention du Conseil constitutionnel, très attentif à la soutenabilité de la dette sociale, constitue un verrou supplémentaire.
Sans nouvelle loi, la Sécurité sociale devra trouver seule les 89 milliards d’euros nécessaires à son fonctionnement en 2027, sur un marché qui ne pourra pas absorber cette masse.
Déficits aggravés, pilotage défaillant
La Cour pointe une dérive persistante des dépenses. Le déficit de la Sécurité sociale s’est établi à 15,3 milliards d’euros en 2024, soit 4,8 milliards de plus que prévu. Pour 2025, il est estimé à 22,1 milliards d’euros. Dans 90 % des cas, la dérive provient de la branche maladie, dont les dépenses s’écartent régulièrement de l’objectif voté.
« Nous avons perdu le contrôle de nos finances publiques en 2023 et 2024. La dette fragilise notre modèle social. Il faut arrêter de considérer ces sujets comme secondaires », a déclaré Pierre Moscovici.
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