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Biologie médicale : les baisses tarifaires de trop ?
Face au rapport publié par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) préconisant des baisses tarifaires, les syndicats de biologistes médicaux (SDBIO, SNMB, SLBC, Les Biomed) dénoncent une logique de casse du secteur. Ils accusent le gouvernement de provoquer des ruptures de soins, des retards diagnostiques et de fragiliser durablement la souveraineté sanitaire de la France.
Avec moins de 2 % des dépenses de santé soit 1,50 € pour chaque 100 € remboursés par l’Assurance Maladie la biologie médicale pèse peu dans les comptes publics. Pourtant, le rapport de l’Igas préconise de nouvelles baisses tarifaires.
Pour les syndicats, ce choix met en péril l’ensemble de la chaîne de soins :
– maillage territorial menacé, notamment en zones sous-dotées où les laboratoires luttent déjà pour survivre.
– délais de rendu allongés, en raison de la fermeture de sites, des tensions sur les effectifs et des transports allongés.
Sous-investissement chronique, risquant de marginaliser la France en matière d’innovation diagnostique.
Souveraineté sanitaire compromise, alors que la pandémie a rappelé l’importance d’un réseau réactif.
« L’État joue avec le feu », préviennent les syndicats, qui dénoncent une politique d’économies de court terme aux effets potentiellement désastreux.
Un rapport partial et déconnecté
Les professionnels jugent le rapport biaisé. Fondé sur des chiffres obsolètes car ignorant les baisses tarifaires de 2024, le texte fait peser sur les biologistes la responsabilité de la prévention, de la maîtrise des volumes d’actes ou de l’innovation, alors que ces missions dépendent des politiques publiques. « Nous avons proposé des solutions. Elles ont été ignorées. Aujourd’hui, c’est nous qu’on frappe », dénoncent les syndicats.
Une profession déjà lourdement mise à contribution
Depuis plusieurs années, la biologie médicale a consenti à des efforts exceptionnels :
– revenus en baisse de 30 %, en dessous de la moyenne des autres spécialités médicales dès 2023.
– dépenses maîtrisées depuis plus de dix ans, malgré les baisses tarifaires successives.
– 500 000 patients accueillis chaque jour, avec 100 % des laboratoires accrédités ISO 15189.
Pendant la crise sanitaire, les biologistes ont organisé en urgence le dépistage massif du Covid, avant d’être injustement accusés de « profiter de la crise ».
Prévention : un potentiel inexploité
Les syndicats rappellent que la profession a démontré son efficacité sur le terrain de la prévention, notamment grâce au dispositif « Au labo sans ordo », qui a permis de réaliser 841 000 tests VIH en 2023 soit 15 % des sérologies VIH, avec une progression de 18 % en 2024.
« Nous sommes 10 000 biologistes et 70 000 personnels mobilisables. Pourquoi refuse-t-on de nous associer pleinement aux missions de prévention ? », interrogent-ils.
Des seuils de rentabilité contestés
Avec 13,9 % de rentabilité en 2023, le secteur dépasse le seuil de 10 % fixé par les pouvoirs publics, mais sans prendre en compte la baisse de 2024 ni les investissements massifs nécessaires à la modernisation des équipements.
« On nous impose des seuils arbitraires sans intégrer la réalité économique du secteur », dénoncent les syndicats.
Un appel à la concertation
Les biologistes se disent prêts à discuter des pistes d’économies durables, à condition d’être considérés comme des acteurs de santé à part entière. Ils demandent un changement d’approche, fondé sur le dialogue et la reconnaissance de leur rôle médical.
« Fragiliser la biologie, c’est fragiliser le système de santé. Le gouvernement devra assumer ses responsabilités », concluent-ils.
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