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Avenant 2 : refonder la rémunération officinale
Par Christelle Pangrazzi et Sana Guessous
Ce qui devait être une simple révision des honoraires s’est transformé en chantier systémique. La crise des remises génériques a mis en lumière la fragilité d’un modèle de rémunération encore trop dépendant des volumes délivrés. Syndicats et pharmaciens réclament désormais une refonte complète.
L’idée de départ semblait modeste : rouvrir la négociation conventionnelle pour revaloriser certains honoraires, étroitement indexés sur les prix des médicaments. Mais la crise déclenchée par l’arrêté du 4 août, qui a fragilisé les marges de milliers d’officines, a changé la donne. « L’urgence n’est plus seulement de revoir nos honoraires à la hausse, mais bien de réformer l’ensemble du modèle de rémunération officinale », affirme Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO.
De la boîte à l’acte
Le diagnostic est partagé par la FSPF. Pour Philippe Besset, président du syndicat, l’objectif est clair : rompre définitivement le lien mécanique entre rémunération et volumes délivrés. « La dispensation est un acte de santé, elle doit être reconnue et rémunérée comme tel », martèle-t-il. Derrière cette formule se joue une transformation profonde : faire de l’officine un acteur de suivi, de prévention et d’accompagnement, et non un simple point de délivrance.
Les pharmaciens veulent ainsi élargir la rémunération aux interventions cliniques : accompagnement des patients chroniques, bilans de médication, suivi des thérapies complexes, prévention vaccinale. La logique de marge commerciale, déjà fragilisée par les politiques de rabot, ne suffit plus à faire vivre le réseau.
La Cnam au centre du jeu
Avant sa démission, Catherine Vautrin avait confié à la Cnam une mission préparatoire en vue d’un nouvel avenant. Mais le changement de gouvernement gèle pour l’instant tout calendrier. Les syndicats redoutent que le futur ministre n’hésite à rouvrir un dossier aussi explosif sur le plan budgétaire. Car toute revalorisation représente un coût immédiat pour l’Assurance maladie, dans un contexte de déficits records.
Pour Pierre-Olivier Variot, ce blocage est intenable : « Nous ne pouvons pas demander aux pharmaciens d’absorber toujours plus de missions sans revoir leur rémunération. Sinon, c’est l’économie de l’officine qui s’effondre. »
Un enjeu politique majeur
La question dépasse le seul cadre conventionnel. Elle engage la soutenabilité du maillage officinal et, par ricochet, l’accès aux soins. En liant encore trop la rémunération aux volumes, le système fragilise les pharmacies rurales ou de quartiers populaires, où les ventes ne suffisent plus à compenser les charges.
Le prochain ministre aura un choix décisif à faire : maintenir un modèle sous perfusion, ou engager une rupture historique en consacrant l’officine comme acteur de santé à part entière. Pour les syndicats, l’Avenant 2 n’est plus une négociation technique mais une bataille politique.
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