Asthme, les pharmaciens enfin impliqués

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Publié le 4 décembre 2010
Par Francois Pouzaud
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Lancé en 2008 avec les médecins, le programme d’accompagnement des patients asthmatiques chroniques de l’Assurance maladie s’ouvre enfin à la profession.

L’Assurance-maladie permet enfin aux pharmaciens de participer au programme d’accompagnement des patients asthmatiques. Un beau cadeau de Noël pour les syndicats d’officinaux, qui réclamaient à cor et à cri en commission paritaire mixte l’implication des officinaux, après avoir loupé le coche avec Sophia et les patients diabétiques.

Le pharmacien va donc avoir l’occasion de mettre en valeur ses compétences et de marquer des points dans la perspective des nouvelles missions de la loi HPST. Il va en effet être le pivot de ce nouveau volet. « L’Assurance-maladie a souhaité développer une action dédiée auprès des pharmaciens, prenant appui sur leur rôle clé dans l’accompagnement des patients asthmatiques », a déclaré le Dr Aïda Jolivet, responsable du département des pathologies lourdes, lors de la présentation du programme le 30 novembre.

Les pharmaciens ont pour objectif d’améliorer l’observance des traitements de fond de l’asthme et de favoriser l’utilisation appropriée des dispositifs d’inhalation. « En les associant à ce programme de prévention secondaire, nous espérons diminuer le nombre de crises d’asthme et la survenue de complications », a souligné Frédéric van Roekeghem, directeur général de la CNAM-TS, qui recherche clairement, par cette action construite dans la durée, une modification des comportements des patients asthmatiques insuffisamment contrôlés.

« Ce programme a reçu l’aval des syndicats qui ont participé à sa préparation », a ajouté Aïda Jolivet. A la veille de l’ouverture des discussions de la nouvelle convention pharmaceutique, l’Assurance maladie œuvre habilement pour éviter d’aborder la question d’un honoraire pour cette prestation rendue. Sur ce plan, Frédéric van Roekeghem n’a laissé planer aucun espoir : « Une rémunération du pharmacien en 2011 est prématurée, il nous faut du temps pour avoir une évaluation sérieuse des résultats d’un tel programme. »

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Un questionnaire pour le patient

Les délégués de l’Assurance-maladie vont ainsi se rendre dans toutes les officines pour inciter les pharmaciens à faire le point avec leurs patients asthmatiques sur leur confort respiratoire. Au besoin, les officinaux leur feront remplir un questionnaire qui leur sera remis et destiné éventuellement à être présenté à leur médecin. Sur la partie détachable qui lui est réservée, le pharmacien pourra indiquer si le patient utilise correctement son dispositif d’inhalation et si la prise du traitement de fond est régulière ou non, avant de l’adresser au médecin traitant. A partir de ce moment-là, il peut vérifier avec le patient, au besoin en consultant l’historique des délivrances ou son DP, l’observance de son traitement, et contrôler par des démonstrations la bonne utilisation de son dispositif d’inhalation. A cet effet, il disposera d’un support pédagogique remis par le délégué présentant les différents modes de fonctionnement de ces dispositifs, et d’une fiche mémo validée par la Haute Autorité de santé rappelant des recommandations sanitaires. De leur côté, les patients seront informés par courrier, et les médecins par le biais du délégué.

Mauvaise observance et mauvaise utilisation

Parmi les patients régulièrement traités, plus de 1 sur 4 souffre d’un asthme insuffisamment contrôlé et plus de 1 sur 3 ne suit pas le traitement de fond recommandé par corticoïdes inhalés.

Près d’1 patient sur 4 n’utilise pas de manière correcte son dispositif d’inhalation. Parmi ces patients, 53 % ne sont pas contrôlés et ont des crises d’asthme, contre 37 % pour ceux qui utilisent de façon adéquate leur dispositif d’inhalation (« Journal of Asthma », 2008).