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Le dispositif Asafo reste insuffisant selon les pharmaciens
Deux nouvelles fonctionnalités viennent d’être ajoutées au téléservice de détection des fausses ordonnances. Mais les attentes des pharmaciens, en particulier en matière d’intégration dans les logiciels de gestion officinale (LGO), demeurent largement insatisfaites.
Face à la progression continue des fraudes aux prescriptions, l’Assurance maladie poursuit l’enrichissement fonctionnel d’Asafo, son téléservice de signalement des ordonnances falsifiées, lancé à l’échelle nationale en août 2024. Deux évolutions majeures viennent d’être déployées. Les pharmaciens peuvent désormais indiquer, lors d’un signalement, si un échange avec le prescripteur a eu lieu, et si celui-ci a confirmé le caractère frauduleux de l’ordonnance. Le motif peut également être précisé : falsification de signature, patient inconnu du professionnel de santé, vol de bloc d’ordonnances, ou autre situation à expliciter.
Le formulaire de déclaration a été modifié pour intégrer ces éléments. Cette actualisation s’accompagne de la résolution d’un problème de casse des lettres, remonté à plusieurs reprises par les syndicats, et de quelques ajustements ergonomiques dans AmeliPro. Un nouveau manuel utilisateur a été mis en ligne pour accompagner ces évolutions.
Un fonctionnement toujours déconnecté du comptoir
Malgré ces ajouts, Asafo reste un outil peu adapté à la réalité de l’activité officinale. Le processus repose toujours sur une démarche volontaire du pharmacien, qui doit se connecter à AmeliPro, remplir manuellement un formulaire, et transmettre une copie numérique de l’ordonnance suspecte. Le système impose de saisir le numéro Assurance maladie ou Finess du prescripteur, la date de l’ordonnance, ainsi que l’identité du professionnel, avant de pouvoir enregistrer le signalement.
Le temps requis pour cette procédure, qui s’ajoute aux tâches de dispensation, nuit à la fluidité de la prise en charge. À ce jour, Asafo n’est pas interconnecté aux LGO, ni capable d’alerter en temps réel sur une ordonnance suspecte.
Une reconnaissance partielle des usages officinaux
Autre amélioration technique introduite en amont de cette version : la possibilité de rechercher les signalements via le numéro de Sécurité sociale (NIR). Ce module, intégré dans l’onglet « Identification du patient », permet aux officines de vérifier si une prescription associée à ce NIR a déjà été signalée. En l’absence de correspondance, un message s’affiche. Bien que pratique, cet outil n’apporte qu’une aide limitée : il ne dispense pas d’un contact avec le prescripteur et ne constitue pas une preuve d’authenticité ou de falsification.
La plateforme donne également accès à un historique des signalements réalisés par l’officine, avec la possibilité d’effectuer des recherches par filtre, et de consulter les statuts : brouillon, en cours d’étude, avéré ou classé sans suite.
Une feuille de route encore floue
La version actuellement disponible reste conçue comme un outil d’aide au contrôle pour les caisses primaires d’assurance maladie, plus que comme un appui opérationnel pour les officinaux. Le dispositif souffre d’un manque d’interfaçage, de lourdeurs de saisie et d’une absence d’automatisation dans les échanges avec les autres outils du pharmacien.
La feuille de route d’Asafo prévoit d’autres lots fonctionnels dans les mois à venir. L’objectif affiché est d’élargir les usages, de faciliter les interactions avec les médecins prescripteurs, et d’outiller davantage les organismes de contrôle. Mais les besoins de l’officine, notamment en matière de connexion native avec les logiciels métiers, d’alertes automatisées ou de simplification du parcours de déclaration, demeurent pour l’instant sans réponse concrète.
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