ALD : pas pour les médicaments remboursés à 15 %

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ALD : pas pour les médicaments remboursés à 15 %

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Publié le 19 septembre 2025 | modifié le 24 septembre 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Selon une information du Parisien, un décret attendu pour le 1er février 2026 prévoit de supprimer l’exonération dont bénéficient actuellement les 14 millions de patients en affection de longue durée (ALD) pour les médicaments à service médical rendu (SMR) faible.

Jusqu’ici, les patients en ALD bénéficiaient d’une prise en charge intégrale pour toutes les spécialités remboursées, même à 15 %. Cette dérogation pourrait disparaître. Le décret en préparation acte, selon Le Parisien, « la suppression de l’exonération de la participation des assurés en affection longue durée aux frais relatifs aux médicaments à service médical rendu faible ».

Concrètement, des spécialités du quotidien comme Spasfon ou Gaviscon ne seront plus prises en charge qu’à 15 % par l’assurance maladie obligatoire, quand bien même seraient-elles prescrites dans la partie ALD de l’ordonnance.

Une économie de 90 millions d’euros par an

Cette mesure s’inscrit dans la trajectoire d’économies fixée pour l’Assurance maladie : 5,5 milliards d’euros doivent être trouvés dans le budget 2 026. La revue des dépenses relatives aux ALD, conduite par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale des finances (IGF) en juin 2024, chiffre le gain attendu à 90 millions d’euros par an.

À titre de comparaison, la baisse du remboursement des cures thermales pour les patients en ALD, également contenue dans le décret, ne générerait que 25 millions d’euros d’économies annuelles.

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Des restes à charge importants pour les patients

La mesure pourrait se traduire par un reste à charge accru pour les patients chroniques. En effet, la plupart des complémentaires santé ne couvrent pas ou très peu les médicaments classés à SMR faible, sauf via un forfait spécifique inclus dans certains contrats.

Les pharmaciens redoutent déjà un report sur l’officine : multiplication des demandes d’explication de la part des patients, tensions sur la délivrance, voire renoncements aux soins pour les plus économiquement fragiles.

Une orientation politique assumée

La Haute Autorité de santé (HAS) a progressivement déclassé ces spécialités dans la catégorie des ASMR faibles, considérant que leur efficacité clinique reste limitée par rapport aux standards thérapeutiques. Le gouvernement franchit désormais une étape supplémentaire en durcissant leur remboursement, y compris pour les patients les plus fragiles.

Pour les pharmaciens, cette décision pose un double défi : expliquer la réforme aux patients et gérer l’impact sur la délivrance quotidienne de produits encore largement consommés.

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