Aide médicale de l’État (AME) : huit anciens ministres de la Santé se prononcent contre sa suppression

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Aide médicale de l’État (AME) : huit anciens ministres de la Santé se prononcent contre sa suppression

Publié le 27 septembre 2024
Par Audrey Chaussalet
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Dans une tribune publiée sur le site du Monde hier, huit anciens ministres de la Santé défendent le maintien de l’aide médicale de l’État (AME), réagissant à la volonté du nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, de remettre en cause le dispositif.

Les huit signataires sont Roselyne Bachelot (2007 à 2010), François Braun (2022 à 2023), Agnès Buzyn (2017 à 2020), Agnès Firmin-Le Bodo (décembre 2023 à janvier 2024), Aurélien Rousseau (juillet à décembre 2023), Marisol Touraine (2012 à 2017), Frédéric Valletoux (février à septembre 2024) et Olivier Véran (2020 à 2022). Ils réagissent aux déclarations de Bruno Retailleau, ministre de l’intérieur et ex-sénateur LR, sur sa volonté de remplacer l’AME par une aide d’urgence pour les étrangers en situation irrégulière. Le premier ministre, Michel Barnier, a déclaré qu’il n’y avait, selon lui, « pas de tabou » à se pencher sur la réforme du dispositif, estimant que la question pouvait être traitée avec « fermeté et avec humanité ».

« Nous, anciens ministres de la santé, issus de différents courants de pensée, nous associons pour rappeler l’importance du maintien de l’AME », écrivent les signataires de la tribune. Cette aide « ne constitue pas un facteur d’incitation à l’immigration dans notre pays, qui serait aux frais des Français » ]. Ils soulignent que « l’AME ne concerne pas des soins de confort, susceptibles d’attirer une immigration dont les causes sont évidemment plus diverses et complexes ». Le dispositif « se limite à un périmètre précis de soins, déjà révisé en 2019 à la suite des recommandations du rapport, qui permet la prise en charge anticipée de pathologies dont la dégradation présente des répercussions décuplées », expliquent-ils.

Remettre en cause l’AME aurait des conséquences sanitaires, humaines, sociales et économiques

« Affaiblir l’AME, c’est exposer notre système de santé à une pression accrue de prises en charge plus tardives et donc plus graves et plus coûteuses », arguent-ils également. « La restriction des conditions d’accès à l’AME obligerait en effet les bénéficiaires à consulter plus tard, avec un état de santé dégradé, et donc nécessitant des soins plus lourds », ce qui constitue « un piège pour nos hôpitaux et nos finances publiques ».

La prise en charge d’un bénéficiaire coûte sept fois plus cher à l’hôpital qu’en médecine de ville. Concrètement, affaiblir l’AME, c’est désinvestir le champ de la prévention, qu’il s’agisse notamment de la vaccination ou des dépistages. De fait, un tel recul crée un risque sur la santé publique de tous nos concitoyens, notamment infectieux. « Toucher à l’aide médicale de l’État va à rebours de la logique même des politiques de santé publique que nous avons mises en place », insistent les huit anciens ministres. « Sans permettre de réduire l’immigration illégale, remettre en cause l’aide médicale de l’Était aurait des conséquences sanitaires, humaines, sociales et économiques inacceptables », concluent-ils.

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