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Agression sexuelle : une étudiante en pharmacie témoigne
C’était un soir de l’année 2021. Après les confinements, les bars, restaurants et discothèques sont fermés, les couvre-feux encore en vigueur… Alors, les soirées s’organisent chez les uns et les autres. Plusieurs étudiants de 3e cycle se retrouvent dans un appartement et tous passeront la nuit sur place. « Nous avions convenu que je dormirais sur le canapé-lit avec un ami. J’étais d’accord, puisque c’était un ami. » L’ambiance est bonne, l’alcool coule avec modération, et tard dans la nuit, ou plus exactement tôt le matin, chacun s’apprête à aller se coucher. « Au moment de s’endormir, il passe sa main sous mon tee-shirt et caresse mes seins. Je retire sa main sans lui parler. Trente secondes plus tard, il prend ma main pour la mettre sous son caleçon et j’ai alors touché ses parties génitales. J’étais tétanisée. Cela a duré, je crois, 5 secondes, avant que je puisse retirer ma main. Je n’ai pas compris s’il me faisait des avances, mais avant cette nuit-là, il n’y avait aucune ambiguïté entre nous. J’ai réussi à m’endormir sans que l’on se dise un mot. Mais le lendemain, j’ai éprouvé le besoin d’en parler. »
Libérer la parole
Hors de question toutefois d’évoquer le sujet avec les camarades présents à cette fameuse soirée. L’étudiante libère sa parole auprès d’autres amis proches, qui ne connaissent pas son potentiel agresseur. Les mots qu’ils utilisent pour qualifier ce qu’elle a vécu – « une agression sexuelle » – lui font mal à entendre. « Je déclenche une discussion avec mon agresseur que je qualifiais jusque-là d’ami. Il minimise complètement ses actes. Des gestes malencontreux qu’il aurait eus pendant son sommeil. D’ailleurs, cela lui est déjà arrivé avec une ex-petite amie. Finalement, je me suis excusée, croyant accuser à tort un ami. » Mais quelques mois plus tard, quand elle a répondu au questionnaire de l’Anepf sur les agressions sexistes et sexuelles, Françoise a compris qu’elle avait effectivement été victime d’une agression sexuelle. Des termes qu’elle a encore du mal à accepter.
« J’ai envie de tout brûler »
Depuis, cette étudiante de 23 ans se dit « perdue et en colère. J’ai envie de tout brûler. C’est super violent, mais j’ai de plus en plus de doutes sur sa version. Peut-on vraiment à deux reprises avoir des gestes malintentionnés en dormant ? J’ai refusé d’évoquer le sujet à notre entourage commun. Je n’ai pas envie qu’ils aient à choisir entre sa version des faits et la mienne. Et je sais aussi que s’ils ne me soutiennent pas, je serai encore plus blessée. » Elle avoue également que son potentiel agresseur est un jeune homme engagé dans le milieu associatif et que sa parole contre la sienne pourrait faire beaucoup de dégâts. En tout cas, « plus que je ne peux supporter pour l’instant. Une psychologue a pris le temps de m’écouter, ce qui me permet d’évacuer ma colère et ma tristesse ». Quant à porter plainte ou à déposer une main courante, Françoise n’a pas encore pris sa décision.
* Par souci de confidentialité, le prénom a été modifié.
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