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- 500 millions d’euros d’économies sur le médicament : les pharmaciens bientôt impactés ?
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500 millions d’euros d’économies sur le médicament : les pharmaciens bientôt impactés ?
Mercredi 25 juin, la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles de France, Catherine Vautrin, a confirmé devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale la trajectoire de rigueur imposée au système de santé : 1,7 milliard d’euros d’économies seront inscrits dans le budget 2025. Parmi les postes les plus affectés : le médicament, appelé à contribuer à hauteur de 500 millions d’euros.
Aucune précision n’a pour l’heure été donnée sur la répartition de cet effort entre régulation conventionnelle, baisses de prix, ajustement des remises ou mise en concurrence accrue. Mais pour les pharmaciens, l’alerte est déjà déclenchée.
Marge réduite, rentabilité menacée
« Le médicament devient chaque année la variable d’ajustement par défaut », commente un élu syndical. « Ces 500 millions d’euros d’économies, si elles sont obtenues par des baisses de prix ou des restrictions de volume, auront un effet mécanique sur les marges des officines. »
En 2024, la baisse moyenne pondérée des prix a déjà représenté près de 600 millions d’euros d’économies pour l’Assurance maladie, selon le Conseil économique des produits de santé (CEPS). Une nouvelle salve en 2025 pourrait amplifier les tensions économiques pour les pharmacies, déjà affectées par l’effondrement du nombre de boîtes délivrées (- 12 % en trois ans) et par une stagnation des honoraires.
Une pression croissante sur les génériques et les remises
Autre cible probable : les médicaments génériques, souvent mobilisés pour produire des économies rapides. Or, les remises commerciales pratiquées dans ce segment représentent une part essentielle du modèle économique officinal.
« Si les économies sur le médicament se traduisent par une baisse des remises ou un renforcement des mécanismes de régulation, c’est la rentabilité de l’officine qui sera directement touchée », avertissait Guillaume Racle, élu au bureau national de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) lors des Assises du maillage pharmaceutique organisées par le Moniteur des pharmacies le 24 juin. « Et derrière, c’est le maillage qui vacille. »
Un déficit abyssal de l’Assurance maladie en toile de fond
La justification avancée par Catherine Vautrin repose sur l’ampleur du déficit projeté. En 2025, celui de l’Assurance maladie est estimé à 16 milliards d’euros, et pourrait atteindre 41 milliards à l’horizon 2030 sans inflexion majeure. Le médicament, qui représente environ 15 % des dépenses d’assurance maladie, est donc dans le collimateur, au même titre que l’hôpital (700 millions d’euros de réserve mobilisée) et le transport sanitaire (réforme maintenue malgré les mobilisations).
Mais cette logique d’économies à court terme pourrait entrer en contradiction avec d’autres objectifs du gouvernement, comme la relocalisation industrielle, la sécurisation de l’approvisionnement ou encore le développement des biosimilaires, qui nécessitent au contraire une stabilité des prix et des incitations pérennes.
À l’approche du PLFSS 2026, vigilance syndicale
Pour les syndicats d’officinaux, la bataille ne fait que commencer. L’USPO comme la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) devraient exiger des clarifications rapides sur la ventilation des économies attendues, notamment lors des échanges préparatoires au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, attendu à l’automne.
En coulisses, les inquiétudes montent : si le gouvernement maintient un niveau d’économies élevé sans mécanismes de compensation adaptés, les tensions économiques risquent de s’aggraver dans les territoires, particulièrement pour les pharmacies de taille moyenne, déjà exposées à une érosion de leur chiffre d’affaires structurel.
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